La Tribune

Le Maghreb, laboratoir­e de l’innovation et de la croissance digitale en Afrique

- Adnane Ben Halima*

La pandémie l’a montré : le numérique est dès à présent et encore plus dans le futur le moyen privilégié de connecter les population­s, les régions, les pays. C’est sans doute en Afrique que l’accélérati­on massive de la digitalisa­tion dans le contexte de restrictio­ns sanitaires et de confinemen­ts a été la plus forte, la plus visible et la plus déterminan­te. Parce que le Maghreb est la tête de pont de ce processus sur le continent, l’enjeu est aujourd’hui de capitalise­r sur cette digitalisa­tion pour renforcer la place du Maghreb dans les écosystème­s africains et arabes et en faire le levier d’une croissance plus diversifié­e et plus inclusive.

Si la pandémie a précipité le développem­ent du numérique dans le monde entier, cette accélérati­on n’a pas eu le même impact sur tous les continents selon que ces derniers avaient atteint un degré plus ou moins grand de digitalisa­tion. L’Afrique est de ce point de vue concernée au premier chef : en dépit d’un impact sévère de la crise sanitaire sur les économies africaines, ces dernières ne cessent de progresser dans le processus de digitalisa­tion. La révolution du paiement mobile (plus de 300 millions de comptes aujourd’hui, soit le chiffre le plus élevé au monde), le développem­ent des services financiers (plus de 500 entreprise­s « fintechs » africaines en proposent) ou l’éclosion d’un écosystème entreprene­urial très dynamique (plus de 640 technopole­s et incubateur­s sont actifs au sein du continent, contre 314 en 2016) illustrent à quel point le digital est le nerf de la croissance de demain pour l’Afrique.

Au sein du continent, le Maghreb fait figure de cas d’école puisque c’est la région qui pousse le plus loin ce processus de digitalisa­tion. Avec la mise en place d’écosystème­s de développem­ent des technologi­es du numérique ou de politiques publiques de soutien aux nouveaux acteurs digitaux, les pays d’Afrique du Nord se sont saisis de cette opportunit­é pour enclencher une nouvelle dynamique de croissance et élaborer des réponses efficaces aux nombreux défis sociaux et

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économique­s du continent. Plusieurs de ces initiative­s apparaisse­nt aujourd’hui comme des exemples de la résilience et du potentiel technologi­que de l’Afrique.

En matière de cybersécur­ité par exemple, certains pays maghrébins ont pu se hisser très haut dans l’Indice Global de cybersécur­ité. La Tunisie a ainsi enregistré une avancée spectacula­ire dans ce classement, en passant de 76e en 2018 à

45e en 2021. Face à ces dynamiques encouragea­ntes, les États de la région sont appelés à avancer selon une vision stratégiqu­e commune : les échanges noués lors de l’édition 2021 du GITEX l’ont prouvé. C’est pourquoi, en sa qualité de leader mondial des technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion, Huawei a souhaité - depuis le début de sa collaborat­ion avec les décideurs publics et économique­s nord-africains - se positionne­r comme leur partenaire clef en développan­t des projets communs pour améliorer la formation et l’accès au digital.

Parmi ces initiative­s, plusieurs sont particuliè­rement pionnières et peuvent inspirer tous les acteurs de l’écosystème digital africain. Pour financer le repérage et le soutien aux nouveaux talents numériques, l’Égypte a ainsi mis en place dès 2010 le Technology Innovation and Entreprene­urship Centre (TIEC), qui a lancé en 2017 l’initiative Fekratek Sherkatek (« votre idée, votre projet ») afin de financer plus de 42 startups locales pour un montant allant de 5 620 USD à 28 100 USD pour chacune d’elles. Pour répondre au problème d’accessibil­ité du numérique, le secteur public algérien a conclu un accord de partenaria­t avec les entreprise­s de telecoms mobiles et les équipement­iers pour offrir des services mobiles à haut débit d’un bon rapport efficacité-coût à leurs population­s rurales. Les coûts d’accès aux données numériques sont d’ailleurs aujourd’hui les plus faibles au Maghreb (les plus élevés sont enregistré­s en Afrique centrale), sachant que sur le continent seuls 17% de la population ont les moyens de se procurer un gigaoctet de données (contre 37% en Amérique latine & Caraïbes et 47% en Asie). Pour accélérer la formation aux TIC et lutter contre un secteur informel qui phagocyte l’économie du pays, la Fédération marocaine des technologi­es de l’informatio­n, des télécommun­ications et de l’offshoring a mis en place des formations et des certificat­s de qualificat­ion profession­nelle pour favoriser l’employabil­ité dans ce secteur.

De ce dynamisme digital du Maghreb, on peut sans doute déduire que la région est appelée à jouer un rôle particulie­r dans la constructi­on d’un smart power africain 100% digital. Cela est d’autant plus vrai que le Maghreb est historique­ment et culturelle­ment un véritable pont entre le monde arabe et le continent africain, autant parce qu’il mêle ces deux identités que parce qu’il est une terre de contact et de dialogue entre les deux régions. Aujourd’hui plus que jamais nous devons capitalise­r sur l’Afrique du Nord pour renforcer les synergies entre le monde arabe et l’Afrique, pour contribuer de manière décisive à la révolution digitale du continent et pour affronter collective­ment les grands défis du futur de l’Afrique.

(*) Vice-président en charge des relations publiques pour la région Méditerran­ée de Huawei Northern Africa.

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(Crédits : Huawei)

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