La Tribune Hebdomadaire

Assurance-vie et rente viagère au secours de la dépendance

- Sylvain Deshayes

Pour anticiper le risque de dépendance, l’assurance-vie est un produit d’épargne adapté. Certains contrats prévoient même une rente doublée ou triplée pour faire face aux dépenses à venir. Autre solution : opter pour une rente viagère couplée avec une option dépendance, sur tout le capital ou une partie seulement.

Le financemen­t de la dépendance par la Sécurité sociale, avec l’hypothétiq­ue création d’un « cinquième risque », s’apparente de plus en plus à un serpent de mer. La question reste donc posée à tout un chacun : comment anticiper et quelles solutions choisir ? L’assurance-vie présente de nombreux atouts.

Aujourd’hui, pour anticiper les dépenses liées à la dépendance, les particulie­rs peuvent souscrire un contrat d’assurance classique qui nécessite de cotiser à fonds perdus. L’assuré contribue ainsi pendant de nombreuses années alors même que, dans une génération, seule une personne sur quatre sera dépendante.

L’autre solution consiste à utiliser l’assurance-vie pour se constituer une épargne de précaution en prévision d’une éventuelle perte d’autonomie. Ceci permet de mettre de l’argent de côté régulièrem­ent tout en bénéfician­t d’une fiscalité toujours avantageus­e. « L’assurance-vie est un outil adapté à plusieurs objectifs, dont celui de financer sa propre dépendance » , explique Olivier Farouz, directeur général d’Arcade Patrimoine. « En cas de besoin, le titulaire du contrat peut procéder à des retraits ponctuels ou programmés, selon les cas. » S’il décède sans avoir eu besoin de son épargne, ou si une fraction de celle-ci reste disponible après avoir effectué des retraits, le ou les bénéficiai­res désignés pourront en profiter.

Cette solution présente un avantage : elle permet de ne pas aliéner le capital du souscripte­ur au profit de l’assureur. « C’est le meilleur choix pour l’épargnant qui se soucie de ses ayants droit » , tranche Olivier Farouz.

Toutefois, ceci suppose que le capital et les intérêts du contrat seront suffisants pour compléter les revenus du souscripte­ur si ce dernier doit faire face à des dépenses liées à son état de dépendance

82 Ce sera, selon l’Insee, l’âge de l’entrée en dépendance pour les hommes en 2040 (contre 78 ans en 2000), et 88 ans pour les femmes (contre 83).

dont la durée est en moyenne de quatre années.

une option à manier avec précaution

La solution alternativ­e consiste à choisir une rente viagère couplée avec une option dépendance. « Pour cela, le titulaire du contrat doit choisir l’option dépendance au moment de la conversion en rente viagère de tout ou partie de son capital » , précise Joris Le Guerneuvé, responsabl­e du départemen­t produits de la GMF Vie. Les contrats comportent également une limite d’âge maximal (74 ans à la GMF, par exemple) pour exercer ce choix. La rente subit une décote imputable à une « cotisation dépendance » calculée en fonction de l’âge du souscripte­ur. Si ce dernier devient dépendant, cette rente est, selon les assureurs, soit doublée (chez GMF, par exemple), soit triplée (chez Société générale, par exemple).

Selon les données communiqué­es par la GMF : une personne de 65 ans qui dispose d’un capital de 250 000 euros sur son contrat, et qui choisit une sortie en rente classique, percevra une rente trimestrie­lle brute de 2 194 euros (hors fiscalité et prélèvemen­ts sociaux). Mais, si elle choisit une sortie en rente couplée avec l’option dépendance, elle percevra 1 930 euros (déduction faite de la cotisation dépendance). Et, le jour où cette personne devient dépendante, la rente est alors doublée à 3 860 euros. Tant que l’option dépendance (et donc une sortie en rente) n’est pas activée, le capital n’est pas aliéné et peut donc entrer dans la succession. En revanche, dès l’option choisie, c’est irréversib­le.

Toutefois, un assuré peut décider de convertir seulement une partie de son contrat en rente dépendance. De cette façon, l’autre partie de son capital reviendra à ses ayants droit au moment de son décès. Il combine ainsi deux objectifs : la perception d’une rente et la transmissi­on d’un capital.

Mais cette option dépendance comporte é g a l e ment d e s contrainte­s qu’il faut connaître avant de s’engager. D’une part, la rente ad hoc n’est versée qu’en cas de dépendance lourde, certifiée par des médecins agréés, en fonction d’une grille qui leur est propre. D’autre part, les assureurs appliquent un délai de carence entre le moment du choix de l’option (à la sortie du contrat) et celui de son déclenchem­ent, de l’ordre de un à trois ans, selon les cas et les pathologie­s (sauf chez Allianz).

Des services D’ACCOMPA GNEMENT

Les assureurs qui proposent une option dépendance l’appliquent à tous leurs contrats. Allianz, lui, se démarque, et propose un seul contrat dédié (Libre Autonomie2) avec un fonctionne­ment différent : ce n’est qu’au moment où la personne est dépendante, qu’elle peut opter pour une rente ad hoc. Enfin, certains assureurs comme la GMF ou Allianz, par exemple, incluent une gamme de services pour leurs clients. « À l’option dépendance, nous proposons la recherche d’un établissem­ent adapté ou encore des aides spécifique­s aux aidants familiaux » , précise Thibaut Peigney, responsabl­e marketing épargne de Sogécap (Société générale).

Souscrire un contrat d’assurance-vie en optant, le moment venu si besoin, pour l’option dépendance, peut ainsi être adapté à des épargnants qui ont pour principal objectif de s’assurer un complément de revenu à vie, au moment de la retraite par exemple, et de percevoir une rente supérieure en cas de dépendance.

Il s’agit donc d’un choix stratégiqu­e qui doit s’anticiper en tenant compte, notamment, de ses capacités financière­s au moment de la retraite.

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[plainpictu­re/fancy Images] Certains assureurs, comme la GMF ou Allianz, par exemple, incluent une gamme de services pour leurs clients ayant souscrit à l’option dépendance.

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