Ayrault craint un piège socialiste sur la flexibilité à l’assemblée
Le choix de JeanMarc Germain comme rapporteur du texte de loi concernant l’accord sur la flexibilité du travail a surpris et inquiété l’Élysée et Matignon. Les deux souhaitaient que Bruno Le Roux, président du groupe socialiste et fidèle parmi les fidèles, s’occupe lui-même du texte et évite les débordements éventuels. Mais Bruno Le Roux est « débordé » : il a laissé sa place à Jean-Marc Germain, ancien directeur de cabinet de Martine Aubry et toujours proche d’une maire de Lille qui pourrait arriver un jour à Matignon. De plus, Jean-Marc Germain n’est pas, même s’il l’a salué, un partisan inconditionnel de l’accord et il est même assez sensible à certaines critiques émises par Jean-Claude Mailly. Et il sait que la méthode Hollande en matière sociale ne correspond pas à la conception du dialogue social de la majorité des élus socialistes. Ils y sont même assez réfractaires.
La crainte de Matignon et de l’Élysée : un détournement de certains termes ou articles de l’accord, sous prétexte de précisions, fût-ce sous couvert de bonnes intentions. Très fin connaisseur des questions sociales, Jean-Marc Germain sait que le texte est un tout politique, mais que, pris article par article, il est très facilement « démontable » et critiquable.
La rupture de l’équilibre politique énerverait aussi bien la CFDT que le Medef, et la dénaturation même insidieuse de certains termes de l’accord fragiliserait Jean-Marc Ayrault qui n’a guère besoin de cela. Le tout torpillerait le « new deal social » de François Hollande. À cela s’ajoutent deux gros écueils.
Primo, le texte sur le mariage pour tous énervant certains élus centristes, le gouvernement ne pourrait guère compter sur eux pour faire passer le projet de loi sur la flexibilité, s’il prenait à certains élus socialistes l’envie de s’abstenir… Secundo, la nouvelle représentativité syndicale, rendue publique en mars, pourrait montrer que ledit accord a été signé par certains syndicats (la CFTC au premier chef ) qui… ne sont plus représentatifs !
Certains syndicats signataires de l’accord ne seraient plus représentatifs ! Qui l’eût cru ?