La Tribune Hebdomadaire

AIR FRANCE AMORCE SON VIRAGE SUR L’AILE

Après plus de deux milliards d’euros de pertes cumu LES FAITS C’est cette année que l’ensemble des mesures de restructur­ation décidées en 2012 seront mises en place. LES ENJEUX Avec une croissance qui s’annonce inférieure aux prévisions et un prix du bari

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

C’est l’année à ne pas rater pour Air France-KLM et sa plus grosse filiale Air France. Celle qui doit remettre le groupe aérien aujourd’hui en difficulté sur la voie d’un net redresseme­nt pour lui permettre de dégager, comme l’a promis la direction, une « rentabilit­é très positive » en 2015, comparable à celle de ses rivaux européens Lufthansa et IAG (British Airways et Iberia). Celle qui vérifiera donc l’e!cacité des mesures prises en 2012 dans le cadre du plan de restructur­ation Transform 2015, lequel vise à réduire la dette d’Air FranceKLM de deux milliards d’euros d’ici à 2015, à 4,5 milliards, en générant deux milliards de cashflows (après investisse­ments) durant cette période.

LES ARMES DE LA RECONQUÊTE SONT PRÊTES

Pour y parvenir, Air France et KLM ont donc lancé chacune en 2012 un plan de restructur­ation, plus drastique au sein de la compagnie française, dont les pertes cumulées depuis cinq ans s’élèvent à environ 2 milliards d’euros quand, dans le même temps, KLM n’a été qu’une seule fois dans le rouge. « Tout est en place. Maintenant, il faut un retourneme­nt sensible en 2013 pour atteindre l’objectif d’une marge opérationn­elle de 6 à 8!% en 2015 » , explique Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities.

Chez Air France, après avoir passé l’année 2012 à définir un nouveau plan industriel, à négocier des gains de productivi­té de 20#% du personnel, à lancer un plan de départs volontaire­s concernant 2#767 salariés parmi les personnels au sol, etc., toutes les armes de la reconquête, ou presque, sont en place. Et doivent être en état de marche à partir d’avril prochain.

À commencer par la riposte face aux compagnies à bas coûts sur le réseau court et moyen-courrier, le plus gros foyer de pertes de la compagnie (500 millions en 2011). Si Air France a lancé en janvier une nouvelle tarificati­on « plus low cost » avec des prix à 49 euros, le vrai départ du redresseme­nt débutera au printemps avec les premiers vols, fin mars, de Hop#! (qui regroupe les filiales Regional, Britair, Airlinair) et la montée en puissance de Transavia, dont la capacité va bondir de 30#% cet été avec l’arrivée, entre février et avril, de trois nouveaux B737. Une croissance qui continuera en 2014 et 2015.

Air France a en e$et décidé l’an dernier de réorganise­r son réseau court et moyen-courrier en trois pôles : une activité sous pavillon Air France pour alimenter le hub de Roissy, mais aussi pour desservir les grosses villes françaises et européenne­s au départ d’Orly et des trois bases de province de Marseille, Nice et Toulouse#; une activité loisirs avec le fort développem­ent de Transavia, une compagnie mi-charter mi-low cost dont la taille doit doubler d’ici à 2015 pour la porter à 20 avions#; et une activité de transport régional sur les petites lignes au départ d’Orly avec Hop#!.

Côté baisse des coûts, après les mesures immédiates décidées en janvier 2012, les gains « d’e!cacité économique » arrachés l’été dernier aux personnels au sol et aux pilotes n’ont pas encore toutes été mises en

Le vrai départ du low cost interviend­ra au printemps, avec les premiers vols moyencourr­iers de Hop!!.

place. Pour le personnel au sol, « l’ensemble du dispositif devrait l’être au printemps. Un accord sur le temps de travail vient d’être signé, nous abordons désormais les horaires » , explique un syndicalis­te. Tout le monde sait cependant que le gros des e$orts des personnels au sol proviendra de la réussite, ou pas, du plan de départs volontaire­s. Quant aux pilotes, toutes les mesures n’ont pas non plus été mises en oeuvre. Elles dépendent notamment du degré d’e$orts que feront les autres catégories du personnel. Le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) a en e$et mis sur pied avec la direction un « observatoi­re de la transforma­tion » pour évaluer le bon déroulé du plan Transform et avoir la certitude que « tout le monde produira les mêmes e"orts » , dit-on chez les pilotes. Nul doute que ces derniers étudieront de près l’accord signé mercredi 21 février par les syndicats d’hôtesses et de stewards (PNC, personnels navigants commerciau­x), les seuls à avoir refusé de le signer. « Les économies sont quasiment les mêmes que celles qui avaient été inscrites l’été dernier, sauf que leur nature est di"érente. Il y a plus de mesures concernant la rémunérati­on et moins sur la hausse de productivi­té » , explique un syndicalis­te PNC. Un « ouf » de soulagemen­t pour la direction qui voit s’éloigner un risque majeur de conflit. Avec la fin de l’accord collectif, le 31 mars, elle comptait, en cas d’échec, imposer de manière unilatéral­e ses conditions pour obtenir ces fameux gains de 20#%. Avec des risques très importants de grèves dures et coûteuses. Le PDG d’Air France, Alexandre de Juniac, a donc réussi à arracher des concession­s aux trois catégories de personnel par la négociatio­n. Ce n’était pas gagné il y a un an.

Toutefois, les gains de productivi­té attendus entraînent de facto des sure$ectifs importants, d’où

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[VIRGINIE VALDOIS] Nouvelles tarificati­ons, réorganisa­tion du réseau court et moyen-courrier, négociatio­ns de plans de départs volontaire­s… Les mesures de restructur­ation mises en place par la compagnie su!ront-elles à faire redécoller ses gains de productivi­té"?
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