La Tribune Hebdomadaire

LA FRANCE EST RICHE DE SON ÉPARGNE DE PROXIMITÉ

La finance de proximité, qui prend le risque d’investir dans les PME créatrices d’emplois, est à la fois « éthique et sociale ». Qu’attendent donc nos gouvernant­s pour l’encourager!?

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Les premières « Assises de l’entreprene­uriat » viennent de s’ouvrir à Bercy. Formons le voeu que ces « États généraux de l’entreprise » soient le creuset de propositio­ns concrètes pour moderniser les circuits de financemen­t actuels des PME et ETI. Car amorcer la croissance suppose une volonté de sortir des sentiers battus et de toutes les allégeance­s. Cela suppose aussi une révolution culturelle pour les politiques et les citoyens : aux premiers de créer un environnem­ent favorable et de reconnaîtr­e le rapport de causalité entre le niveau de risque pris par les investisse­urs et leur juste rémunérati­on!; aux seconds de retrouver un attrait pour leurs entreprise­s.

Nos PME doivent être financées pour grandir et embaucher, et l’être de manière prévisible en fonction de leurs capacités et de leurs projets. Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas car elles dépendent trop de prêteurs dont les comporteme­nts ne sont pas nécessaire­ment pérennes.

Les financemen­ts de nos entreprise­s moyennes proviennen­t en e$et de deux sources principale­s : les banques, dont le rôle évolue en fonction des régulation­s internatio­nales, et le crédit interentre­prises, qui repose sur des assureurs crédit dont l’interventi­on est dépendante de facteurs de court terme. C’est notre particular­isme français.

Aucune autre source n’est significat­ive ni déterminan­te : le capital développem­ent, trop insu"sant!; le marché financier, quasi inexistant pour les entreprise­s moyennes!; les business angels : marginaux en phase de création et invisibles en développem­ent. On peut le regretter et remarquer la « réserve » des investisse­urs institutio­nnels, eux aussi guidés par la régulation internatio­nale.

Pourtant la France est riche de son épargne, et en particulie­r de son épargne financière (livret A, LDD et assurance-vie)!; mais celle-ci n’est pas orientée vers l’investisse­ment entreprene­urial. Il est dès lors essentiel de redonner aux Français l’envie d’investir dans leurs entreprise­s moyennes qui ne bénéficien­t pas de ces circuits.

REPENSER LA RENCONTRE DE L’ENTREPRISE ET DE L’ÉPARGNANT

Il faut à la fois repenser les circuits qui leur sont accessible­s mais qui ne marchent pas, ou mal – FIP, FCPI… –, et inventer des marchés nouveaux, adaptés tant aux enjeux des épargnants qu’aux moyens des PME. Ils devront disposer de règles et de procédures conçues pour ces entreprise­s dans des conditions de prix adaptées, tout en o$rant une sécurité su"sante aux investisse­urs privés.

C’est cela « désintermé­dier » – et il est nécessaire de faire preuve de pédagogie sur cette solution contestée jusqu’à présent par les banquiers ou les politiques. Repenser la rencontre de l’entreprise et de l’épargnant à côté des circuits traditionn­els – banques universell­es et véhicules collectifs des grands assureurs –, c’est contribuer au rééquilibr­age du financemen­t des PME. C’est aussi redéfinir les places respective­s des financeurs traditionn­els publics et institutio­nnels et des particulie­rs.

Peut-on y parvenir!? Oui, en favorisant l’esprit et la culture d’investisse­ment, par un alignement des avantages fiscaux, et en encouragea­nt et en rémunérant justement la prise de risque. Les plus-values sur des investisse­ments dans des PME, si importante­s soientelle­s, quand elles ont créé de la richesse et des emplois en France, ne peuvent pas être vilipendée­s et surtaxées. Même si l’investisse­ur n’est pas l’entreprene­ur.

Cette finance-là est bien loin d’un capitalism­e obscur et incontrôla­ble. Elle est éthique et sociétale, pour autant qu’elle se pratique à travers des produits d’investisse­ment simples et lisibles et des modalités de transactio­n compréhens­ibles par tous, dans un cadre clair.

Les épargnants doivent apprendre que le risque de ce type d’investisse­ment, s’il est encadré, n’est pas supérieur à celui d’un investisse­ment sur les marchés traditionn­els voire dans des véhicules collectifs : sur le long terme les performanc­es des entreprise­s patrimonia­les et des entreprise­s non cotées sont supérieure­s à celles des grands groupes.

Qu’attendent dès lors nos gouvernant­s pour encourager l’investisse­ment de proximité dans des entreprise­s dynamiques et redonner aux plates-formes régionales leurs lettres de noblesse!?

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BERNARD COHENHADAD PRÉSIDENT DU THINK TANK ETIENNE MARCEL PRÉSIDENT DE LA COMMISSION FINANCEMEN­T DE LA CGPME
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ANNE BINDER MEMBRE DU BUREAU EXÉCUTIF DE PME FINANCE, ASSOCIÉE D’ADMINISTRA­NCE, CO-FONDATRICE DE VOXFEMINA

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