Le satellite est-il en danger de mort ?
Le satellite est-il menacé par les ballons stratosphériques, le pseudolite à haute altitude (Haps, High Altitude Pseudo-Satellite), les Space Tugs (cargos de l’espace), les drones… A priori, non. Mais l’industrie satellitaire classique est bousculée par les nouveaux entrants comme OneWeb, Google…, les fameux Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon). Le satellite est-il un engin voué à disparaître? La question se pose avec l’arrivée à maturité d’une nouvelle génération de systèmes non spatiaux, comme les ballons de Google (Loon) et le Haps d’Airbus Defence & Space (Zephyr). D’autres projets sont en voie de développement, comme celui de Thales Alenia Space (TAS), avec son dirigeable StratoBus… Sans oublier les drones de tout poil qui piquent déjà des missions aux satellites. De nouveaux entrants – comme les fameux Gafa, à l’image de Google–, s’intéressent à ces produits low cost, qui coûtent beaucoup moins cher qu’un satellite de télécoms, dont le prix moyen s’élève à 300 millions d’euros. UNE CONSTELLATION DE NOUVEAUX ENTRANTS Pour autant, cette industrie ne craint pas l’arrivée de ces produits. « Le dirigeable stratosphérique, du fait de sa portée régionale, est un parfait complément du satellite » , a expliqué le patron du programme StratoBus, Jean-Philippe Chessel. Pourquoi? Un satellite d’observation scrute toute la Terre avec une période de revisite qui dépend de son orbite et de sa performance, alors qu’une plateforme stratosphérique ou un Haps se contentera d’observer de façon quasi permanente une zone grande comme une région française. L’industrie satellitaire doit-elle également craindre le développement de plateformes d’infrastructure orbitale, comme des Space Tugs, qui pourraient réparer ou changer des composants défectueux sur un satellite ? Possible… Des avant-projets existent. «On sait à peu près comment il faudrait faire, explique-t-on. C’est une vraie rupture de modèle qui pourrait arriver dans les quinze ans à venir.» Mais les opérateurs restent encore très frileux face à de telles innovations. LES STARTUPS MONTENT EN PUISSANCE Au final, ce qui préoccupe le plus l’industrie satellitaire, ce sont les startups, qui déboulent avec des produits très concurrentiels développés à partir de composants commerciaux grand public. Elles s’affranchissent des règles et spécifications imposées par les agences spatiales. «Elles coûtent une fortune et le prix d’un satellite au kilo est supérieur à celui d’une montre Rolex» , s’amuse un très bon connaisseur de l’industrie satellitaire. D’ailleurs, si Sodern a gagné un très beau contrat auprès de la startup OneWeb pour la fourniture de 1¡800¡viseurs d’étoiles pour équiper les 900¡satellites de la constellation OneWeb, c’est parce que cette filiale française d’Airbus Defence and Space a su diviser son prix de 50 à 100 fois. En développant un produit low cost à partir «de composants grand public» , fait observer son PDG, Franck Poirrier. Ce programme représente pour Sodern «un vrai changement de paradigme industriel» .