La Tribune Hebdomadaire

Le satellite est-il en danger de mort ?

- PAR MICHEL CABIROL @mcabirol

Le satellite est-il menacé par les ballons stratosphé­riques, le pseudolite à haute altitude (Haps, High Altitude Pseudo-Satellite), les Space Tugs (cargos de l’espace), les drones… A priori, non. Mais l’industrie satellitai­re classique est bousculée par les nouveaux entrants comme OneWeb, Google…, les fameux Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon). Le satellite est-il un engin voué à disparaîtr­e†? La question se pose avec l’arrivée à maturité d’une nouvelle génération de systèmes non spatiaux, comme les ballons de Google (Loon) et le Haps d’Airbus Defence & Space (Zephyr). D’autres projets sont en voie de développem­ent, comme celui de Thales Alenia Space (TAS), avec son dirigeable StratoBus… Sans oublier les drones de tout poil qui piquent déjà des missions aux satellites. De nouveaux entrants –† comme les fameux Gafa, à l’image de Google†–, s’intéressen­t à ces produits low cost, qui coûtent beaucoup moins cher qu’un satellite de télécoms, dont le prix moyen s’élève à 300 millions d’euros. UNE CONSTELLAT­ION DE NOUVEAUX ENTRANTS Pour autant, cette industrie ne craint pas l’arrivée de ces produits. « Le dirigeable stratosphé­rique, du fait de sa portée régionale, est un parfait complément du satellite » , a expliqué le patron du programme StratoBus, Jean-Philippe Chessel. Pourquoi†? Un satellite d’observatio­n scrute toute la Terre avec une période de revisite qui dépend de son orbite et de sa performanc­e, alors qu’une plateforme stratosphé­rique ou un Haps se contentera d’observer de façon quasi permanente une zone grande comme une région française. L’industrie satellitai­re doit-elle également craindre le développem­ent de plateforme­s d’infrastruc­ture orbitale, comme des Space Tugs, qui pourraient réparer ou changer des composants défectueux sur un satellite† ? Possible… Des avant-projets existent. «On sait à peu près comment il faudrait faire, explique-t-on. C’est une vraie rupture de modèle qui pourrait arriver dans les quinze ans à venir.» Mais les opérateurs restent encore très frileux face à de telles innovation­s. LES STARTUPS MONTENT EN PUISSANCE Au final, ce qui préoccupe le plus l’industrie satellitai­re, ce sont les startups, qui déboulent avec des produits très concurrent­iels développés à partir de composants commerciau­x grand public. Elles s’affranchis­sent des règles et spécificat­ions imposées par les agences spatiales. «Elles coûtent une fortune et le prix d’un satellite au kilo est supérieur à celui d’une montre Rolex» , s’amuse un très bon connaisseu­r de l’industrie satellitai­re. D’ailleurs, si Sodern a gagné un très beau contrat auprès de la startup OneWeb pour la fourniture de 1¡800¡viseurs d’étoiles pour équiper les 900¡satellites de la constellat­ion OneWeb, c’est parce que cette filiale française d’Airbus Defence and Space a su diviser son prix de 50 à 100 fois. En développan­t un produit low cost à partir «de composants grand public» , fait observer son PDG, Franck Poirrier. Ce programme représente pour Sodern «un vrai changement de paradigme industriel» .

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