Les « low cost » à la rescousse des porte-drapeaux
La révolution déclenchée par Ryanair avec ses billets à bas prix a transformé l’Europe à tout jamais. Prendre l’avion n’est plus un privilège accordé à quelques nantis, les frontières ont bel et bien disparu et le transport aérien s’est démocratisé, accomplissant une remarquable et irrévocable métamorphose. Entre 1985, date de la création de Ryanair, et aujourd’hui, les contours du paysage aérien ont été redessinés et l’horizon ouvert aux compagnies sous pavillon européen est désormais très différent. Certains acteurs sont tombés en déconfiture (Spanair, Malev), d’autres ont fusionné (British Airways, Aer Lingus et Iberia, Air France/ KLM) ou ont cédé une partie de leur capital à des transporteurs du Golfe pour se maintenir à flot (Alitalia, Air Berlin).
DAVANTAGE DE POSSIBILITÉS DE COLLABORATIONS
Il a fallu plus de trente ans pour que les compagnies aériennes pratiquant des tarifs élevés réalisent que leurs clients se sont empressés d’aller voir ailleurs. Les deux premiers géants en Europe sont des compagnies low cost, Ryanair et Easyjet, qui s’affirment sur le marché court-courrier, alors même que les compagnies porte-drapeaux réduisent leurs capacités pour se concentrer sur les lignes long-courriers, où leurs concurrentes à bas coûts n’opèrent pas. Elles se sont recentrées sur les principaux aéroports-pivots et le trafic long-courrier. Paradoxalement, ce changement de cap initié par la concurrence low cost ouvre davantage de possibilités de collaborations aux deux compagnies aériennes. Le partage de codes est loin d’être une nouveauté dans le secteur aérien, contrai- rement au concept de compagnies low cost venant à la rescousse de compagnies portedrapeaux qui, j’en suis convaincu, deviendra une réalité à partir de cette année. Il s’agit là d’une évolution logique. Prenez l’aéroport de Dublin par exemple, où Ryanair opère sur 85liaisons, au départ et à destination de 25pays. Pourquoi un consommateur résidant en Pologne, désireux de se rendre en Amérique, n’emprunterait-il pas un vol Ryanair pour Dublin, puis une correspondance sur un vol transatlantique? La mécanique et la demande sont là, et Ryanair est en pourparlers avec plusieurs compagnies long-courriers, afin de revoir à la baisse les tarifs des vols en correspondance sur ces services. À la révolution Ryanair succèdera une évolution, dont les gagnants seront, une nouvelle fois, les consommateurs européens et les touristes.