LA VOITURE ÉLECTRIQUE, PLUS VITE QUE PRÉVU
Carlos Ghosn a-t-il eu raison trop tôt? Il y a encore à peine deux ans, le patron de Renault et de Nissan était la risée des constructeurs automobiles. Son programme ambitieux de véhicules électriques était jugé disproportionné et ses projections à côté de la plaque. Très peu de constructeurs, parmi les grands, misaient alors sur la voiture électrique, de Volkswagen à Mercedes en passant par Toyota… Les autres préféraient parier sur l'hybride. Sauf qu'entre-temps, le scandale Volkswagen a été un tremblement de terre sur la planète automobile, conduisant les constructeurs à opérer tous en même temps un virage à 180° sur la voiture électrique. Ils ont d'abord cherché à se racheter une virginité auprès d'une opinion échaudée et devenue suspicieuse à leur endroit. Ensuite, les pouvoirs publics ont pris la mesure des objectifs ambitieux et laborieux de réduction des émissions de CO2 et ont donc lancé de nombreuses mesures de soutien à l'électrique, y compris en Allemagne. Les consommateurs, de leur côté, seraient également enclins à payer plus cher une voiture électrique, pourvu que celle-ci soit respectueuse de l'environnement. De plus, les dernières innovations permettent à ce véhicule une autonomie plus convaincante : de 150 à 300 km pour une Renault Zoé ou une BMW i3. Enfin, plusieurs marques comme Tesla ont réussi à rendre « sexy » les voitures électriques. En quelques mois, les plus grands constructeurs automobiles ont échafaudé des plans stratégiques ambitieux avec des chiffres vertigineux. Volkswagen compte réaliser 25% des ventes de son groupe sur « l'électromobilité » vers 2025, dont un million de voitures par an pour la seule marque Volkswagen. De son côté, Mercedes a annoncé une enveloppe de 10 milliards d'euros pour développer une dizaine de modèles sur ce même horizon. La marque allemande premium avait fait sensation au salon de Paris en présentant EQ, le prototype censé donner le ton de cette ambition électrique. Le groupe britannique Jaguar Land Rover a également annoncé qu'il allait se lancer dans un programme 100% électrique, sous l'impulsion du gouvernement britannique qui souhaite en faire une filière de développement majeur. D'après le Financial Times, ce projet impliquerait un investissement de 450 millions de livres pour la filiale du groupe indien Tata. Face à cette surenchère d'annonces, deux grands groupes ont choisi la retenue tout en divulguant des projets importants. Toyota serait ainsi sur le point de basculer. Le groupe japonais, numéro un mondial de l'automobile, avait jusque-là préféré se concentrer sur l'hydrogène comme technologie de rupture. Il a pourtant récemment annoncé qu'il allait constituer une