JEAN-LUC MOUDENC
LES VILLES, MATRICES DE L’AVENIR
Maire LR de Toulouse et président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc a pris la tête de l’association France urbaine, qui regroupe 97 élus de grandes villes et de métropoles. Promoteur du pacte État-métropoles qui reconnaît l’importance des 15 métropoles françaises dans la croissance du pays, il organise les premières journées nationales de son association à Arras, les 23 et 24 mars. Objectif : publier un manifeste à l’attention des candidats à l’élection présidentielle et faire entendre la voix des villes qui se sentent ignorées dans la campagne actuelle. PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE BOUCQ @Kelloucq Pour la première fois depuis la naissance de France urbaine à la fin de 2015, à la suite de la fusion de l’Association des maires de grandes villes de France et de l’Association des communautés urbaines de France, vous réunissez vos membres à Arras. Quel est le but de ces journées nationales ? Pendant deux jours, nous allons prendre le temps de nous retrouver entre élus, fonctionnaires et techniciens des collectivités, mais aussi avec les entreprises partenaires, pour nous pencher sur les enjeux relatifs aux grands ensembles urbains. Nous serons 350 à Arras. Nous avons tenu à ce que ces réflexions ne soient pas qu’à usage interne. Depuis des mois, nous travaillons sur un manifeste dont nous débattrons à Arras. Il sera envoyé aux candidats à l’élection présidentielle. Je conduirai des délégations de France urbaine auprès des principaux candidats pour leur demander de prendre position par écrit sur les questions qui nous concernent. À titre personnel, je trouve malheureux que la campagne soit dominée par des chroniques judiciaires et des polémiques. C’est extrêmement dangereux pour la démocratie. Parlons moins des candidats et un peu plus de la France et des Français. Au-delà de cette drôle de campagne, nous sommes habitués à ce que les collectivités locales ne soient jamais au premier rang des discussions dans les présidentielles. Mais nous ne baissons pas les bras, car nous représentons 40 % de la population française et 50 % de la valeur ajoutée produite dans notre pays. Nous avons besoin de débattre et de savoir ce que les uns et les autres comptent faire. Je ne vois pas grand monde remettre en cause l’émergence des métropoles. Pour l’instant, celui qui parle le plus des collectivités locales est Emmanuel Macron. Dans les grandes lignes, qu’allez-vous énoncer dans votre manifeste ? Nous voulons que le rôle des grandes villes dans l’avenir du pays soit reconnu par les candidats. La question des ressources des collectivités locales est essentielle. Nous avons vécu une saignée des dotations de l’État et nous n’avons pas envie de « repasser à la casserole » à mi-mandat, de devoir renoncer à des projets ou de réduire les services publics. Nous voulons assumer nos choix et avoir notre propre stratégie budgétaire. Le manifeste englobe tous les sujets au coeur de nos préoccupations : le logement, l’énergie, le développement durable, le développement économique et, ce qui est nouveau, la sécurité. Les citoyens n’attendent pas tout de l’État et ils nous interpellent sur cette question. Nous avons créé une commission sur la sécurité qui est coanimée par François Rebsamen, le maire de Dijon, et Gaël Perdriau, le maire de Saint-Étienne. En juin 2017, la loi sur le cumul des mandats va faire disparaître du Sénat et de l’Assemblée nationale tous les maires de grandes villes et les présidents de métropole. Il faut un lieu de dialogue entre les territoires et le gouvernement. Nous proposons un haut conseil pour que les chefs de l’exécutif local soient impliqués en amont dans l’élaboration des lois qui nous concernent. J’ai voté cette loi et j’ai été le premier à démissionner avec trois ans d’avance. Le gouvernement sortant n’a pas pris position. Nous devons interpeller le futur président. Chacun de nos membres fait passer le message dans sa famille politique. Le manifeste sera la formalisation de ce message cohérent.