IIIE FORUM SMART CITY BORDEAUX
ÉCOSYSTÈME NUMÉRIQUE ET QUALITÉ DE VIE, LA RECETTE BORDELAISE
Bordeaux sort d’une période de profonds changements, ce qui ne veut pas dire que sa transformation est terminée. Moins grise, plus dynamique, davantage marketée également, la capitale girondine est jalonnée de dizaines de grues en tous points de l’horizon. Deux gros équipements ont été livrés il y a quelques mois, la Cité du vin et le Matmut Atlantique, antre des Girondins de Bordeaux, en attendant la grande salle de spectacles qui voit le jour, rive droite, à Floirac. Le tramway poursuit son extension, avec une nouvelle ligne en cours de construction et sans doute bientôt un lien direct vers l’aéroport. Pour ce qui est du train, la ligne à grande vitesse mettra Paris à deux heures et quatre minutes de Bordeaux à compter du 2 juillet prochain. Autour de la gare, l’opération d’intérêt national Bordeaux Euratlantique dotera la ville d’une nouvelle porte d’entrée plus séduisante. Aux Bassins à flot, beaucoup d’immeubles sont déjà sortis de terre mais les engins de chantier vont continuer leur ballet pour quelques années encore. Rive droite aussi, tout s’accélère. Le programme « 50000 logements » bat son plein aux quatre coins de la métropole.
BORDEAUX MÉTRO PULSE, UN LIEU D’EXPÉRIMENTATION
Les défis ne manquent donc pas. Confrontée à d’importantes arrivées de population, Bordeaux doit absolument améliorer certains points. Assurer une mobilité plus aisée en fait partie. Et, alors que la ville a enregistré une progression de 4% de ses prix l’an passé selon les notaires, soit une des plus grosses envolées en France, maîtriser les tarifs de l’immobilier est nécessaire, sous peine de repousser les ménages les moins fortunés au-delà des frontières de la métropole… et aggraver encore les congestions routières. La métropole bordelaise fourbit ses armes. Apôtre de la planification stratégique, elle peut compter sur la coopération de grands groupes mais aussi de belles startups pour faire émerger de nouveaux services. Sur la thématique très transverse de la smart city, beaucoup tirent leur épingle du jeu. Sur le segment de la mobilité, Qucit jongle avec les données urbaines pour fluidifier et faciliter la vie des usagers… Parking facile cherche à optimiser les places privées restant vacantes toute la journée. Gazelle Tech avance vite sur son projet de véhicule électrique ultraléger et facilement assemblable dans des micro-usines au plus proche des clients. D’autres, comme iQSpot, aident les entreprises et les collectivités à mieux maîtriser leur consommation énergétique tout en impliquant et sensibilisant leurs collaborateurs. Les exemples sont nombreux. Pour encourager l’innovation et mettre les startups à l’épreuve des faits et de la réalité économique, la métropole vient de se doter d’un nouvel outil baptisé Bordeaux Métro Pulse, dérivé du Tube à expérimentations urbaines (TUBÁ) créé à Lyon. Physiquement, il ne s’agit que d’un local de 160 mètres carrés hébergé dans les locaux bordelais du siège régional du groupe La Poste, parrain de l’initiative avec Bouygues Immobilier, Sopra Steria et Veolia. Mais la philosophie est plus ambitieuse : « Bordeaux Métro Pulse est un lieu de preuve, d’expérimentation pour les startups. L’objectif est de trouver la meilleure façon d’amener les nouveaux produits sur le marché, de participer à la hausse de l’emploi mais aussi au transfert de technologie pour diffuser de nouveaux usages en direction des habitants de la Métropole », précise Agnès Grangé, déléguée régionale du groupe La Poste. « Pour faire face à l’arrivée de nouveaux habitants, nous allons devoir créer 100000 emplois dans les années à venir. La puissance publique doit accompagner ce phénomène. Tisser des liens entre grands groupes et petites entreprises c’est très important, et ce lieu réceptacle est absolument nécessaire pour incuber des nouvelles entreprises et créer des emplois et de nouveaux services et usages pour les habitants », appuie Virginie Calmels, première vice-présidente de Bordeaux Métropole. Un véritable living lab consacré à la smart city et pensé pour associer les citoyens, les associations… qu’il accueille volontiers dans ses murs. Car on y revient sans cesse : la ville ne sera smart que si elle associe ses habitants et si ces derniers retrouvent sérénité, confiance et plaisir d’y vivre en délaissant le fracas urbain. « Au bout du compte, ce qui reste c’est l’envie de vivre en ville, et d’y côtoyer les habitants », affirme Tania Concko, architecte et urbaniste, invitée d’honneur de cette troisième édition de Smart City Bordeaux. L’heure est venue de la « happy city »!
Nous allons devoir créer 100 000 emplois dans les années à venir