IL FAUT COMBATTRE LES STÉRÉOTYPES
Je suis active au sein de l’association Grandes écoles au féminin depuis douze ans. Cet engagement est le prolongement naturel de mon parcours professionnel. Je suis ingénieure des Mines-ParisTech, agrégée de mathématiques et ai fait toute ma carrière dans le secteur de l’industrie lourde et des matières premières; je dirigeais jusqu’à récemment une filiale spécialisée dans les minéraux industriels. Un secteur encore très masculin, empreint de stéréotypes extrêmement difficiles à lever. En 1983, au début de ma carrière, je me suis entendu dire par des directeurs d’exploitation que le métier ne pouvait pas être exercé par une femme. C’était déjà difficile à entendre à l’époque, mais lorsque je l’ai entendu à nouveau il y a trois ans, j’ai pris conscience de la hardiesse du combat et qu’il était loin d’être terminé. J’ai compris que l’inconscient collectif est très résistant au changement. Bien sûr, le monde a tout de même évolué; aujourd’hui, il y a une majorité de femmes médecins, mais très peu sont professeures de médecines. C’est le fameux plafond de verre. L’autocensure est également trop présente au sein même des grandes écoles : combien de fois ai-je entendu des jeunes femmes dire que certains métiers n’étaient pas faits pour elles, tout simplement parce que le corps professoral tenait ce discours? C’est une aberration! C’est pourquoi il est absolument nécessaire de développer le mentorat pour laisser la parole s’exprimer sans jugement. Beaucoup de femmes aimeraient se lancer, mais n’osent pas parce que, pendant trop longtemps, on leur a inculqué qu’elles n’en étaient pas capables. Or pour diriger une usine, on n’a pas besoin de muscles, mais d’un cerveau. Le mentoring et les rôles modèles aident à interagir, à ouvrir des possibilités et à briser les stéréotypes. »