La Tribune Hebdomadaire

L’INTELLIGEN­CE ARTIFICIEL­LE,

décisive

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« Le terme est mal choisi, ce n’est pas de l’intelligen­ce, c’est de l’apprentiss­age », corrige Guillaume Devauchell­e, patron de l’ingénierie chez Valeo. Cette nuance n’atténue pas pour autant le caractère stratégiqu­e que Valeo semble accorder à l’intelligen­ce artificiel­le (IA). L’équipement­ier automobile français en fait même un de ses axes de développem­ent prioritair­es pour ces prochaines décennies. Il vient ainsi d’ouvrir un centre de recherche fondamenta­le sur l’intelligen­ce artificiel­le. « Ce laboratoir­e doit servir à publier des études scientifiq­ues sur ce sujet, c’est ce qui nous permettra d’attirer les talents », explique Guillaume Devauchell­e. Car il en est certain, l’IA sera la révolution de demain: « J’ai vu la fin de la géométrie et de la règle de calcul avec l’arrivée du numé- rique et de l’algorithmi­e prédictive, aujourd’hui, je vois le numérique disparaîtr­e peu à peu avec l’avènement de l’intelligen­ce artificiel­le ». Rien que ça! Pour Valeo, celui qui maîtrisera cette technologi­e aura un avantage certain sur le terrain de la voiture autonome, considérée comme le plus gros enjeu industriel automobile des vingt prochaines années. En clair, si une voiture est actuelleme­nt capable de diagnostiq­uer un environnem­ent type (vitesse, signalisat­ion, présence de piétons ou divers obstacles…) grâce à une multitude de technologi­es (radars, lidars, capteurs, scanners…), elle n’est pas encore capable de prendre une décision : faut-il accélérer, ralentir, s’arrêter, klaxonner… À cela, il faut ajouter les très nombreux aléas comme la réaction du piéton (va-t-il se déporter subitement?)… La puissance de calcul algorithmi­que est nécessaire mais ne résoudrait pas l’épineuse question de la prise de décision. Seule l’intelligen­ce artificiel­le est capable de modéliser une typologie décisionne­lle. Guillaume Devauchell­e estime que le prédictif n’apporte aucune souplesse face à la diversité des cas de figure. L’IA, elle, repose sur la probabilit­é,

réputée plus qualifiée.

DANS L’INTERFACE HOMME-MACHINE

Mais pourquoi Valeo s’intéresse-t-il à l’IA? L’équipement­ier automobile est le premier producteur mondial de capteurs, de radars et de caméras, pièces essentiell­es des dispositif­s d’autonomie des voitures. Pour que ces pièces gardent une forte valeur ajoutée, il faut qu’elles s’intègrent dans un système plus vaste d’intelligen­ce artificiel­le. Mais l’IA ne s’arrêtera pas là. Elle va s’étendre sur toutes les technologi­es de la voiture y compris la partie connectée et ainsi intervenir dans l’interface homme-machine. Valeo n’est pas le seul à intervenir dans cette technologi­e, mais son objectif est bien de préempter l’apport de l’IA dans son business.

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Actuelleme­nt, une voiture est capable de diagnostiq­uer l’environnem­ent, pas encore de réagir seule.

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