La Tribune Hebdomadaire

Covoiturag­e : les ambitions de Klaxit

Cette plateforme de covoiturag­e courte distance a réussi à réunir plusieurs incubateur­s de grands groupes pour un nouveau tour de table afin d’accélérer son développem­ent en France et à l’internatio­nal.

- NABIL BOURASSI @NabilBoura­ssi

Une jeune pousse aux ambitions de licorne? Pas encore, si l’on s’en tient à la modicité de la levée de fonds annoncée mercredi 7 février, mais pourquoi pas si l’on regarde l’ambition de Klaxit (nouveau nom de WayzUp) d’accéder au rang de leader européen du covoiturag­e courte distance, qui concerne généraleme­nt les trajets domicile-travail. Il est vrai que, comparés aux 40 millions d’euros levés par CityScoot la veille au soir, les 3 millions d’euros que Julien Honnart, fondateur de Klaxit, a levés auprès de cinq fonds et incubateur­s, paraissent bien minces. Surtout lorsqu’on étudie dans le détail l’envergure des signataire­s du tour de table: Sodexo, RATP, Maif, Via ID et Inco. Pour autant, Julien Honnart estime que l’enveloppe est suffisante pour poursuivre son développem­ent, au moins sur l’année, afin d’absorber sa croissance de trafic, au rythme exponentie­l de 10 % par semaine. Klaxit va passer de 18 à 28 salariés, en renforçant son équipe commercial­e, mais également son équipe technique, pour que sa plateforme puisse accueillir de plus en plus de clients. L’enjeu immédiat de Klaxit est donc d’être en capacité d’absorber sans encombre sa croissance, véritable levier de compétitiv­ité. En effet, dans le modèle du covoiturag­e courte distance, la prime va à la plateforme qui atteint la masse critique permettant de multiplier les opportunit­és de contacts entre les chauffeurs et les passagers. Les nouveaux entrants dans le capital de Klaxit doivent d’ailleurs être des leviers de croissance. Ainsi, la Maif doit lui offrir ses sociétaire­s sur un plateau. « Nos clients ont une propension à utiliser le covoiturag­e supérieur à la moyenne nationale », relève le représenta­nt de la mutuelle. Côté Sodexo, Julien Honnart compte beaucoup sur son expérience relationne­lle avec les services RH pour accéder à de nouvelles opportunit­és commercial­es, alors que les loueurs longue durée Arval et ALD sont plutôt en contact avec les services généraux. Côté RATP, l’idée est de créer un écosystème qui complétera­it le maillage du groupe de transports publics, lequel, au-delà de son réseau de métro parisien, gère une cinquantai­ne de réseaux de bus en France.

PASSER PAR LES ENTREPRISE­S

Le modèle économique de Klaxit consiste donc à passer par le « B to B » pour trouver des « covoitureu­rs », le fameux « B to B to C ». Ce modèle a un autre avantage : il doit permettre à Klaxit de se développer à l’internatio­nal puisque les entreprise­s clientes sont souvent des multinatio­nales, tout comme ses nouveaux actionnair­es, tel Sodexo, qui réalise plus de 85 % de son chiffre d’affaires en dehors de la France. Pour Julien Honnart, « le marché français du covoiturag­e est énorme… Devenir leader en France permettrai­t d’être plus gros qu’un BlaBlaCar ». « Tout se joue en France », a-til insisté. Un enjeu immense donc, puisque le spécialist­e français du covoiturag­e longue distance, souvent considéré comme la première licorne française, est actuelleme­nt implanté dans 22 pays. Julien Honnart veut participer à cette consolidat­ion, mais pas forcément par des acquisitio­ns comme celle d’OpenCar en novembre dernier. L’enjeu pour Klaxit est donc de conforter son modèle économique sur des fondamenta­ux solides avant de se lancer sur de nouveaux fronts. Car, pour l’heure, le modèle de rentabilit­é n’est pas encore rôdé. Ainsi, les propositio­ns de trajets restent subvention­nées... sur fonds propres ! Autrement dit, Klaxit paie les utilisateu­rs pour qu’ils se lancent dans le covoiturag­e courte distance. « Nous vou- lions démontrer aux collectivi­tés locales que notre modèle est efficient dans la lutte contre l’autosolism­e et apporter de vraies solutions de mobilité sans nous engager dans de nombreux projets coûteux d’infrastruc­tures », justifie Julien Honnart. Il a ainsi réussi à convaincre l’Île-de-France de prendre le relais de cette subvention, soulageant ainsi ses comptes, même si elle est encore plafonnée à 50000 euros. Orléans Métropole est dans le même cas. Klaxit observe que les trajets de covoiturag­e courte distance sont multipliés par quatre lorsqu’ils sont subvention­nés. La jeune pousse espère de nouveaux accords avec les collectivi­tés locales dans les prochains mois. Cette levée de fonds valide donc la stratégie de Klaxit pourtant fondée sur la subvention publique, un système habituelle­ment honni des investisse­urs. Ainsi va la nouvelle économie des mobitechs.

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Klaxit paie les utilisateu­rs pour qu’ils se lancent dans le covoiturag­e.

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