Dossier Paca : Marseille et Nice, laboratoires des innovations urbaines
Bien que doté de deux laboratoires d’expérimentation grandeur nature, Éco-Vallée et Euroméditerranée, le territoire applique plus largement sa vision prospective à ses métropoles. Que seront Nice et Marseille en 2030 ? Notre enquête.
Les codes ont changé. Tous les codes. Ceux du logement, de l’habitat, de la façon de travailler, de se déplacer. Conciergerie intégrée dans les offres nouvelles de logement, émergence du coworking, plébiscite du transport en commun… Urbaniste, promoteur, aménageur, bien peu malin serait celui qui ne comprendrait pas que ce qui était vrai hier ne l’est plus aujourd’hui et, comme aujourd’hui c’est déjà demain, c’est maintenant que les us et coutumes à venir s’anticipent et s’expérimentent. Le procédé n’est certes pas nouveau, la preuve vient par exemple de Marseille avec Euroméditerranée. L’opération d’intérêt national qui voit le jour en 1995 a justement vocation, alors, à redonner vie au quartier de la Joliette. Une opération de reconquête qui, deux décennies plus tard, a porté ses fruits et qui étend même son périmètre, plus encore. L’objectif : définir la ville de demain. À Nice, l’Éco-Vallée partage la même philosophie. C’est d’ailleurs bien le propre des opérations d’intérêt national : elles sont des sas d’expérimentation qui offrent le potentiel grandeur nature pour essayer, tester, une approche ou une conception nouvelle. Cependant, comme à Marseille, la vision prospective s’applique à d’autres endroits de la ville. En plein centre, Nice se prépare à accueillir Iconic, l’imposant diamant dessiné par Daniel Libeskind, qui va signer la mutation du quartier où s’érige la gare Nice-Thiers, avec un bâtiment étonnant par sa forme mais imaginé pour répondre justement aux nouveaux besoins : on y trouvera galerie commerçante, bureaux en coworking, salle de spectacle, ensemble commercial et hôtel haut de gamme. « L’urbanisme de dalle a été une catastrophe », résume assez bien Corinne Vezzoni. L’architecte, qui a dessiné thecamp, le campus du futur situé à Aix-enProvence et, avec Jean-Philippe Cabane, le campus de l’apprentissage qui s’érigera dans l’Éco-Vallée à Nice, a bien un avis sur la question, elle qui a installé ses bureaux à Marseille au sein de l’Unité d’habitation Le Corbusier…
HUMAIN, PLUS HUMAIN
Pour imaginer ce que sera la ville de demain, « le pari ce n’est pas d’aller vers l’artificiel, mais d’aller vers le naturel ». Le fameux retour aux fondamentaux. Que Fabrice Alimi, le président du Club Immobilier Marseille Provence, appelle autrement, soulignant que « l’essentiel, ce sont les usages », s’appuyant pour cela sur « les modifications significatives que l’on perçoit dans des habitats spécifiques, comme le coworking ou les Ehpad. Le coworking modifie l’offre et la façon de penser le bâtiment. La question c’est : “Quel est l’usage aujourd’hui et surtout qu’en sera-t-il fait demain? ” Déjà, en matière de logement, nous réfléchissons pour que les murs maîtres soient calibrés en fonction des usages, là où on imagine qu’un 4 pièces se transforme en 3 pièces plus un studio qui serait loué à un étudiant. Il y a quelque chose qui fait référence à la tribu, cette tribu qui a éclaté après les années 1970-80, une cellule familiale que l’on recompose de façon moderne. On revient à des modes qui existaient il y a longtemps, au temps des guildes. Ce qui va prendre le pas, c’est l’humain et les communautés d’humain. » Cette réflexion sur la composition d’une tribu qui évolue au fil du temps, Corinne Vezzoni s’y trouve confrontée pour l’un de ces projets en cours de développement dans la région. « La structure familiale change, les couples se forment autrement. Et l’intérêt de la ville est dans cette mixité, avec la volonté de faire en sorte que les espaces vivent 24 h/24 ». Une dimension qui va bien à Sandrine Bordin. Présidente du directoire de Logis Méditerranée, elle voit justement son
La question, c’est : quel est l’usage aujourd’hui et qu’en sera-t-il fait demain ?