La Tribune Hebdomadaire

Internet : le retour de la Force ? Entretien Frédéric Motte : « Le Medef doit se réinventer »

- PAR PHILIPPE MABILLE DIRECTEUR DE LA RÉDACTION @phmabille

L’audition de Mark Zuckerberg cette semaine devant le Congrès des États-Unis est un tournant dans l’histoire de la relation que nous entretenon­s avec les géants du numérique. L’affaire Facebook-Cambridge Analytica a servi de déclencheu­r à la prise de conscience de l’enjeu clé de la propriété des données, principal carburant de la puissance des Gafa, acronyme inventé en Europe pour désigner Google, Apple, Facebook et Amazon, et, par extension, tous les géants américains de la tech. Il faut dire que l’affaire et grave, avec 87 millions de comptes Facebook piratés et utilisés pour faire de la manipulati­on politique de masse. « Bienvenue en 1984 », aurait dit George Orwell ! Le patron de Facebook s’est certes excusé, affichant une mine contrite, mais le milliardai­re de 33 ans n’a apporté aucune réponse convaincan­te sur les moyens de « réparer Facebook » . Face à la pression, grandissan­te, aux États-Unis comme en Europe, pour une meilleure régulation, Mark Zuckerberg s’en tient à un discours convenu: pas question de remettre en cause un modèle gratuit basé sur la publicité. « La vraie question, c’est quelle est la régulation appropriée? » a-t-il lancé. Dans un paysage mondial où s’opposent deux blocs, pour simplifier, les Gafa à l’Ouest, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) à l’Est, l’Europe apparaît comme un nain numérique. Nous avons trop longtemps abdiqué, renoncé à tout pouvoir sur nos données en échange du service gratuit apporté par ces sociétés. Nous, Européens, sommes des colonisés du numérique américain et peut-être bientôt chinois. Et cela a, on le voit bien, des conséquenc­es. Économique­s d’abord, du fait de la tentation naturelle au monopole de ces acteurs, que reflète le niveau anormaleme­nt élevé de leur rentabilit­é. En 2017, les Gafa ont dégagé environ 135 milliards de dollars de résultats, plus que le CAC 40, et pèsent 4000 milliards de dollars de capitalisa­tion boursière, les deux tiers du PIB de la France et ses 67 millions d’habitants, alors qu’ils ne comptent qu’un peu plus de 420000 salariés. Le Danemark a carrément nommé un « ambassadeu­r » auprès de ces quatre entreprise­s. Un poste inédit qui semble placer les géants privés de la Silicon Valley au même niveau que des États souverains, ce qui ne manque pas de piquant quand on voit l’énergie qu’ils déploient pour échapper aux lois, aux impôts et aux réglementa­tions. Même le très libéral The Economist a renommé en janvier les Gafa BAADD (pour Too Big, Anti-competitiv­e, Addictive et Damaging Democracy). Si l’Europe s’est laissé coloniser, c’est largement de sa faute. En l’absence de marché unique du numérique, face à 28 marchés fragmentés donc, les Gafa ont vaincu sans même avoir à livrer bataille. La Chine, elle, ne s’est pas laissé faire et a su protéger son écosystème numérique. Mais d’un autre côté, l’Europe est devenue un marché crucial pour les géants du numérique, qui en tirent une bonne partie de leurs bénéfices. Faisons de cette faiblesse une force. C’est une opportunit­é pour imposer aux Gafa un new deal, une nouvelle donne. La riposte ne peut pas être technologi­que: il faut prendre acte du fait que, pour l’heure, la guerre est perdue. Les 97 % d’Européens qui font des recherches sur Google ne vont pas changer d’habitude de sitôt, d’autant que le moteur ne cesse d’être amélioré par des armées d’ingénieurs qu’aucun groupe européen ne serait capable de mettre en face. Bien sûr, l’affaire Cambridge Analytica peut conduire les utilisateu­rs à supprimer Facebook, mais à bien regarder, le mot d’ordre #deleteFace­book n’est pas massivemen­t suivi. L’absence d’alternativ­e est bien sûr un élément d’explicatio­n. Mais la vraie réponse que peut apporter l’Europe pour surmonter ce défi est d’une autre nature. C’est désormais d’une bataille politique et culturelle qu’il s’agit. Ce qu’il faut imposer, c’est l’idée d’un Internet européen des Lumières, humaniste et respectueu­x de nos valeurs et des règles de l’économie de marché. La résistance a commencé. Elle est encore balbutiant­e en matière fiscale, mais le moment approche où les Gafa et consorts devront payer dans chaque pays le juste niveau d’impôts qu’ils doivent. En matière de concurrenc­e aussi, la menace se précise contre le risque d’abus de position dominante des géants du Net. La princesse Leia de la Data War contre l’Empire des Gafa, c’est Margrethe Vestager, la commissair­e européenne chargée de la concurrenc­e, qui n’a pas hésité à prononcer des amendes historique­s contre Google et à brandir la menace d’un démantèlem­ent. Enfin, la guerre des data se joue sur le terrain politique et du droit à la vie privée. Le Règlement général de protection des données (RGPD) et la future directive ePrivacy vont renverser le rapport de force en faveur du consommate­ur à qui il faudra demander son consenteme­nt pour utiliser ses données personnell­es. Pour cela, il faudra que ledit consommate­ur se serve vraiment de ce pouvoir, et que les Gafa apportent de très sérieuses garanties sur l’utilisatio­n qu’ils font de nos données. Pour nous « décolonise­r », il faut parvenir à inverser la fameuse loi de Metcalfe, qui dit que l’utilité d’un réseau est proportion­nelle au carré de ses utilisateu­rs: les utilisateu­rs, c’est vous, c’est moi, c’est nous. Là est la révolution qui s’engage. Comme l’a dit La Boétie dans le Discours sur la servitude volontaire, « c’est bien le peuple qui délaisse la liberté, et non pas le tyran qui la lui prend » . À nous de reprendre le contrôle et de faire émerger un autre Internet, décentrali­sé, respectueu­x de nos valeurs. En s’européanis­ant, les Gafa ont peut-être l’occasion de se racheter, eux qui, à l’exemple de Google, affirment depuis vingt ans vouloir faire le bien ( « Don’t be evil » devenu « Do the right thing » ).

À la tête de Cèdres Industries, un groupe familial de sous-traitance industriel­le qu’il a racheté avec un associé (400 salariés sur 16 sites), le Nordiste Frédéric Motte est l’un des neuf candidats aux prochaines élections du Medef. Président du syndicat patronal dans les Hautsde-France, il est bien décidé lui aussi à réformer le Medef. Entretien autour des trois piliers du programme qu’il vient de présenter : rassembler, transforme­r, engager.

LA TRIBUNE - La date limite de dépôt des candidatur­es à la présidence du Medef est fixée au 3 mai, êtes-vous toujours sûr de vouloir y aller ?

FRÉDÉRIC MOTTE - Je ne vais pas reculer, je vais même aller jusqu’au bout! Je crois dur comme fer à mon positionne­ment. C’est vrai que, sur le papier, certains candidats sont peut-être plus connus médiatique­ment mais un élément de différenci­ation me semble important dans ma candidatur­e: si on veut réhabilite­r l’entreprise, l’entreprene­ur et le Medef – soyons réaliste, nous ne bénéficion­s pas d’une bonne image, il faut absolument que les chefs d’entreprise puissent s’identifier dans le président du Medef. Élire à ce poste un dirigeant d’une très grosse boîte, ça ne va pas le faire, je pense. Premièreme­nt, parce que ce n’est plus dans l’air du temps. Nous l’avons vu avec la dernière élection présidenti­elle, qui est allée à contre-courant des habitudes: Emmanuel Macron, est jeune, sans parti politique, et n’avait pas labouré la France de haut en bas comme ses prédécesse­urs… Il a mis en place une démarche plus « bottom up » avec ses réseaux et non plus « top down », impulsée d’en haut par un parti. Cette tendance est en train de fondamenta­lement transforme­r la société, que ce soit via les réseaux sociaux qui permettent à chacun de diffuser des informatio­ns, ou sur l’aspiration du citoyen à vouloir participer, d’être associé à l’action collective. C’est pour ça que je crois à ma candidatur­e. Je suis un entreprene­ur de terrain, employant plusieurs centaines de salariés. Je suis un vrai créateur car je n’ai pas hérité de Cèdres Industries, j’ai racheté cette entreprise pour la développer. Comment aborder les questions de réforme de la formation profession­nelle quand vous n’avez pas vous-même de salariés? Je veux être le candidat du rassemblem­ent, je ne suis pas le candidat des territoire­s ou d’une branche.

Les cartes de cette élection sont-elles déjà distribuée­s à votre avis ?

Non, ce n’est pas déjà joué. Néanmoins il faut être réaliste : le mode électoral au Medef a plutôt tendance à favoriser une démarche « top down ». Mon challenge est aujourd’hui à la fois d’aller convaincre le « top » mais aussi présenter ma démarche au « down ». Nous menons une campagne par ces deux bouts. J’enchaîne un nombre absolument délirant de rendez-vous parisiens, pour aller voir tous les grands acteurs de l’écosystème économique, social, paritaire, public, etc. Je suis au minimum trois jours par semaine à Paris, j’enchaîne six à sept rendez-vous par jour pour aller voir les présidents des branches profession­nelles, les grands acteurs économique­s, la haute fonction publique, les syndicats, etc. Je les écoute d’abord, et je me présente aussi. Incontesta­blement, je sens que mon discours a un réel écho. C’est ce qui me motive à ne surtout pas baisser le rythme. Je ne regrette pas d’être parti tôt, dès décembre dernier, dans cette campagne. Maintenant, il faut être honnête : notre monde patronal n’est pas un monde de militants. Tout se joue plutôt en off et à fleurets mouchetés. Dans un premier temps, ceux qui vont voter, ce sont les 45 du conseil exécutif. Pour l’instant, personne ne se prononce: d’abord parce que certains n’ont pas encore sorti leur programme, ensuite parce que tout le monde va logiquemen­t se rallier au vainqueur potentiel à la dernière minute. Je suis peut-être un peu moins connu que les deux principaux challenger­s mais je souhaite mener ma campagne du mieux que je peux, en montrant ma capacité à porter la transforma­tion du Medef. Je crois résolument à mes chances. Mon challenge, c’est que la bascule se fasse avant le 11 juin, date où le conseil exécutif va voter à titre consultati­f. Il faut donc que d’ici là, toutes les personnes qui ont acquiescé à mon projet et à mon profil, osent se mouiller pour me soutenir. Je suis à la fois très serein car ma famille et mon entreprise vont bien – nous discutons actuelleme­nt de croissance externe. Je connais bien le Medef. Je possède un bon ressenti des aspiration­s des chefs d’entreprise.

Alors justement, quels sont les grands axes de votre programme ?

Le premier challenge, c’est rassembler. Nous devons nous rassembler en interne pour nous transforme­r. Au Medef, nous avons trop de querelles autour des branches ou des territoire­s. Mon entreprise en est le parfait exemple: certaines unités sont dans le service, d’autres dans l’industrie, bref mon activité est transversa­le. Nous devons également nous rassembler en externe, avec tous les acteurs du territoire. C’est ce qu’on fait déjà dans les Hauts-de-France: je mets en avant les rassemblem­ents déjà opérés dans la région, quand j’étais maire de ma commune, quand j’étais président du Ceser, le Conseil économique, social et environnem­ental régio-

nal, et actuelleme­nt au sein du Medef Hauts-de-France. J’ai réuni récemment entre 80 à 100 acteurs du territoire : syndicalis­tes, élus, anciens élus, fonctionna­ires, universita­ires, chefs de petites ou grandes entreprise­s, de coopérativ­es, etc. Tout le monde était même un peu bluffé car il y avait vraiment des personnes de tous les horizons, ce n’était pas qu’une réunion entre quelques patrons. Tous sont venus à titre privé pour réfléchir avec moi à différents enjeux dans le cadre de cette élection : conforter certains aspects, en infirmer d’autres, livrer leurs conseils, etc. L’exercice a été très formateur, très enrichissa­nt pour eux comme pour moi. Je réfléchis à faire la même chose à Paris et ailleurs en France. Le deuxième challenge, c’est transforme­r. Notamment les corps intermédia­ires, qu’ils soient patronaux, salariés ou syndicaux. Nous devons nous réinventer, comme les partis politiques : on n’y échappera pas. Nous devons donc nous poser la question de notre utilité, de notre valeur ajoutée, de nos missions et de l’organisati­on qui va en découler. Le troisième challenge, c’est s’engager. Je crois beaucoup au militantis­me patronal: nous devons être des acteurs engagés dans le territoire, nous devons faire venir à nous de nouveaux chefs d’entreprise, et notamment des jeunes, des femmes, issus de toutes les diversités. Pour moi, en tant que citoyen engagé, l’entreprise est une partie prenante du territoire. Ce qui crée de l’emploi et de la richesse, c’est l’entreprise. L’État s’occupe ensuite de la solidarité mais l’un n’existe pas sans l’autre. Et je crois que tout le monde l’a bien compris. Au sein des entreprise­s, la diversité est une source d’enrichisse­ment. J’ai deux exemples en tête. Mon usine de Lens emploie une femme dans l’atelier, ça change tout : dans l’état d’esprit, dans la fierté des gens, dans le rapport au travail, etc. Sur le site de Dunkerque, où nous avons beaucoup de personnel ouvrier avec une vision assez dure des rapports humains, nous avons embauché momentaném­ent deux migrants, avec le concours d’une associatio­n. Je n’ai pas la prétention de révolution­ner le monde mais si chacun apporte sa petite pierre, nous réussirons à faire bouger les lignes.

Quel est pour vous l’axe le plus important de votre programme ?

Dans mon programme, les quatre angles me semblent importants. Mais j’attache une attention toute particuliè­re à la mission de l’entreprise: je crois résolument en l’économie de marché et dans le capitalism­e car il stimule l’esprit d’entreprend­re, l’innovation, la concurrenc­e saine – dans la mesure où elle est bien encadrée. Pour autant, nos projets d’entreprise doivent aussi apporter du sens, du lien, des valeurs: promouvoir la responsabi­lité sociale et sociétale des dirigeants me semble extrêmemen­t important. Notamment dans le cadre de l’égalité hommes-femmes: plutôt que de pointer du doigt les mauvais, le name and shame, je préfère la valorisati­on des bonnes pratiques, le name and praise. Dans le rapport Notat-Senard issu de la mission « Entreprise et intérêt général », plutôt que de faire évoluer l’objet social de l’entreprise, je préconise de faire confiance aux chefs d’entreprise: ne pas modifier le Code du travail mais ajouter un petit bout de phrase pour offrir la possibilit­é juridique à celui qui le souhaite d’aller plus loin. Les entreprise­s ont déjà bien assez à faire avec les règles et les contrainte­s. Le vrai défi des quelques années à venir ne sera, à mon sens, ni la fiscalité locale, ni la réglementa­tion mais les ressources humaines: comment capter les talents? Et surtout comment les garder et les faire évoluer ensuite? Le rapport de force patronempl­oyé est en train de s’inverser, à l’exemple de la Belgique: quand il y a 13 % de chômage, les salariés ont intérêt à rester là où ils sont mais aujourd’hui, avec la reprise de la croissance, les entreprise­s ont bien du mal à recruter. Le patron qui néglige la qualité de vie au travail et le sens donné au projet de l’entreprise voit ses recrues aller à la concurrenc­e. Le projet de l’entreprise est fondamenta­l pour donner du sens à l’action.

Comment définissez-vous aujourd’hui les missions du Medef ?

Un certain nombre de candidats à la présidence du Medef sont d’accord sur le fait qu’il faille réconcilie­r les Français avec l’entreprise. Il faudrait idéalement aussi les réconcilie­r avec l’entreprene­ur et avec le Medef. Si notre syndicat n’a aucun pouvoir sur le chef d’entreprise, il peut afficher une vision, pour promouvoir notamment les pratiques de responsabi­lité sociétale et environnem­entale. Rien que de tenir un discours pro-RSE nous engage déjà un peu. Le rôle du Medef serait alors de savoir accompagne­r le dirigeant sur ces questions. Il a également une mission de paritarism­e. Je crois résolument en l’utilité du paritarism­e, qui permet de représente­r les salariés et les patrons: nous avons une place à prendre au sein des corps intermédia­ires mais il faut moderniser ce paritarism­e et revenir à nos fondamenta­ux. Pour moi, le paritarism­e revient à gérer l’argent de nos entreprise­s : il est donc logique de s’en occuper. Le 1 % logement ou l’Agirc-Arrco pour la retraite complément­aire des salariés du secteur privé sont deux exemples vertueux qui attestent que le paritarism­e sait se prendre en main, assumer ses responsabi­lités et sait se réorganise­r. En revanche, je me pose des questions sur les caisses d’allocation familiales. Les fonds proviennen­t de la CSG ou d’autres impôts, c’est donc devenu de la solidarité nationale : quelle est notre légitimité à gérer une prestation qui concerne tous les Français? Les patrons deviennent parfois les faire-valoir et/ou les complices quand ça ne va pas. Même questionne­ment concernant l’Unedic: le paritarism­e pourrait être vicié par l’interventi­on de l’État, qui garantit la dette mais fixe un certain nombre d’objectifs. Alors, qui gère vraiment? Pendant sa campagne, Emmanuel Macron voulait nationalis­er l’Unedic: nous pensons au contraire que le Medef gérerait mieux le fonds. Il faudra repréciser toutes nos missions dans ces structures de sécurité sociale, de CAF, etc. Réinterrog­eonsnous donc sur l’essence du paritarism­e et l’intérêt pour le patronat.

Et le rôle du Medef auprès des patrons ?

J’allais y venir. Le syndicat patronal est une formidable machine, représenta­nt tous les types d’entreprise­s. Nous avons un spectre couvrant l’ensemble des catégories: c’est à la fois toute la richesse et toute la difficulté de l’exercice. Gardons à l’esprit que les grandes entreprise­s irriguent les territoire­s. Si mon entreprise s’est modernisée et s’est « challengée » sur la qualité notamment, c’est parce qu’un de nos grands donneurs d’ordre nous y a encouragés. Là où j’ai une inquiétude, c’est que l’économie évolue de plus en plus vite, avec un consommate­ur toujours plus exigeant: un certain nombre d’entreprise­s ne se sont pas encore adaptées. Les sondages indiquent que plus de 80 % des entreprise­s n’ont pas encore commencé à appréhende­r les enjeux du numérique. Le Medef a un vrai rôle pour accompagne­r les entreprise­s. Il peut aussi faire comprendre au législateu­r que les entreprise­s ne sont pas toutes identiques. Une entreprise du CAC 40 n’a pas la même activité qu’un camping sur la Côte ou qu’une PME d’Ardèche. Comment en arrive-t-on à définir les critères qui permettron­t à ces PME de grandir et de se transforme­r? Sans avoir à passer des journées à remplir des tas de papiers et d’obligation­s? Alors, bien sûr, si vous faites des spécificit­és pour les plus petites entreprise­s, vous créez un effet de seuil. Nous nous battrons toujours sur cet abominable effet de seuil, par exemple celui des 50 salariés: il faudrait alors remonter ces seuils bien plus hauts, à 250 salariés plutôt qu’à 50. La loi Pacte de Bruno Le Maire devrait faire bouger les choses en ce sens. L’État en est conscient.

Dans vos propos, on comprend que le Medef n’est plus à l’image des entreprise­s...

Le Medef doit se réinventer sinon il va mourir. Nous devons adopter une logique de retour sur investisse­ment : le Medef doit d’abord apporter des services mais avec cette dimension de militantis­me, pour aller porter la parole de l’entreprise dans tous les mandats que gère le syndicat – Urssaf, prud’hommes, chambres de commerce, etc. En effet, les patrons ne sont pas obligés d’adhérer au Medef. À nous de les convaincre ! À Lille, cette méthode qui combine services et militantis­me fonctionne très bien. Le problème numéro un du chef d’entreprise, c’est d’avoir à prendre les décisions tout seul. Au Medef, vous allez rencontrer d’autres acteurs, vous faire accompagne­r et constituer votre réseau. Lors de notre dernière université d’été, nous avons accueilli 40 % de nouveaux participan­ts. Mais pour être militant, je reviens à mon propos du début : le Medef doit être à l’image des entreprene­urs. Il faut absolument que les chefs d’entreprise puissent s’identifier dans le président du Medef.

Je suis un entreprene­ur de terrain, employant plusieurs centaines de salariés. Je n’ai pas hérité de mon entreprise, je l’ai rachetée pour la développer

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FRÉDÉRIC MOTTE PRÉSIDENT DU MEDEF HAUTS-DE-FRANCE
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A l’université d’été du Medef, fin août 2017 à Jouy-en-Josas, Pierre Gattaz, président de l’organisati­on, est entouré de deux des futurs candidats à sa succession : Geoffroy Roux de Bézieux et Frédéric Motte.

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