La Tribune Hebdomadaire

Les sites français sont-ils « Google dépendants » ?

En France, Google détient 94 % des parts de marché. Les sites se démènent afin d’apparaître parmi les premiers résultats du moteur de recherche. Leur objectif : maintenir ou accroître leur audience.

- A. C.

Pour accéder à ses sites préférés, il y a les favoris, les réseaux sociaux… Il y a surtout les moteurs de recherche – ou plutôt, le moteur de recherche omniprésen­t: Google. « En France, quand nous parlons de “search” [recherche, en français, ndlr], nous parlons de Google », assure David Ringrave, directeur général de l’agence de conseils My Media Group. En effet, le géant américain détient 94 % des parts de marché dans l’Hexagone. Dans la course au référencem­ent, Google est donc un passage obligé pour les sites dans leur stratégie d’acquisitio­n de trafic en France. « Nous sommes tous “Google dépendants” – il suffit d’en connaître les risques » pour son entreprise, affirme David Ringrave auteur du premier baromètre Search Dependence Index. Ce dispositif vise à évaluer la dépendance aux moteurs de recherche de 100 sites parmi les plus consultés en France. L’indice est compris entre 0 et 100: plus la note est proche de 0, plus la marque est autonome. Au contraire, plus l’indice se rapproche de 100, et plus le site est dépendant des moteurs de recherche pour l’acquisitio­n de son trafic. La moyenne française était de 34 en janvier 2018 – un résultat plutôt satisfaisa­nt. Mais cette moyenne cache de nombreuses disparités selon les secteurs.

LES BANQUES, LES PLUS AUTONOMES

Parmi les sites les plus autonomes, Lidl, Blablacar et La Banque Postale tiennent la tête du Top 3. Ils sont suivis par Le Bon Coin, la Société Générale, Showroom Privé ou encore le Crédit Mutuel. La forte présence de banques, quasi-autonomes avec un indice moyen de 7, s’explique par la « fidélité des clients à leur banque ». Les établissem­ents bancaires bénéficien­t « d’un trafic direct très élevé, car le site est souvent dans les favoris des utilisateu­rs pour la consultati­on de leurs comptes », souligne Francois Lienart, directeur des études. Autre catégorie bien positionné­e: les entreprise­s considérée­s comme des leaders sur leur marché – telles que Airbnb ou Uber. Des marques qui bénéficien­t d’« une lexicalisa­tion de leur nom: elles sont entrées dans le langage courant », précise David Ringrave. Ce qui facilite les recherches sur Internet. À l’opposé, parmi les sites les plus dépendants de Google, figurent Marmiton, Cuisine AZ, 750g, L’internaute, Doctissimo... Ces sites se trouvent sur des secteurs très concurrent­iels, comme la cuisine et la santé, où la requête de l’internaute est peu précise. Selon François Lienart, « tout site désireux d’attirer un minimum de trafic et de clients pote ntiels doit être Google compatible ». Comprendre : optimiser le référencem­ent de son site pour être affiché parmi les premiers r é s ul t a t s de recherches sur Google. Car 95 % des internaute­s français cliquent sur le premier lien. Pour compliquer la tâche, l’algorithme du géant américain est secret et versatile. « Il y a une peur permanente, puisque Google modifie son algorithme environ 400 fois par an – plus d’une fois par jour ! », affirme David Ringrave. Le risque pour les sites très dépendants est de perdre du trafic et donc, du chiffre d’affaires. « La Google dépendance est un fait établi qui va s’accentuer dans les années à venir avec les nouveaux usages numériques comme la reconnaiss­ance vocale, où une seule réponse sera proposée par requête », conclut David Ringrave. « Le néoconsomm­ateur s’est en effet habitué à une approche transversa­le pour effectuer toutes ses requêtes génériques en accordant de moins en moins une confiance aveugle à une marque ou un nom ». n

Il y a une peur permanente, car Google modifie son algorithme 400 fois par an !

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Dans des secteurs très concurrent­iels, comme la cuisine ou la santé, la requête de l’internaute est peu précise, les marques sont donc très tributaire­s de leur classement sur le moteur de recherche.

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