Entretien Florence Parly : « Nous ne fabriquons pas des robots tueurs»
Loi de programmation militaire, exportation, réglementation Itar, innovation, militarisation de l'espace, intelligence artificielle, coopérations industrielles européennes, Airbus… La ministre des Armées, Florence Parly, se confie dans une interview exclu
FLORENCE PARLY MINISTRE DES ARMÉES LA TRIBUNE - Il est indéniable que la prochaine loi de programmation militaire (LPM) acte une remontée en puissance des crédits pour les armées mais l’une des critiques récurrentes porte sur la marche budgétaire très haute à atteindre en fin de programmation (3 milliards par an sur la période 2023-2025). Que répondez-vous aux critiques qui estiment que le gros des efforts devra être fait en fin de LPM ?
FLORENCE PARLY - Face à des procès d’intention, il faut d’abord répondre par des faits. Quels sont-ils? Depuis quinze ans les moyens de ce ministère ont été sans cesse rognés. D’abord, les moyens en termes de crédits budgétaires. Ensuite les engagements pris sur des programmes, dont certains ont été différés, puis encore différés et, enfin, annulés – ce qui a conduit à des surcoûts considérables in fine pour l’État. Enfin, les effectifs – je rappelle qu’il y a eu 60000 suppressions de postes depuis 2008. Cette tendance s’est inscrite à un moment où le ministère des Armées était engagé de façon croissante dans un certain nombre d’opérations notamment extérieures. Face à cet effet de ciseau, qu’avons-nous fait depuis quelques mois? Le premier acte a consisté à assurer qu’à la fin de l’année 2017, le budget soit pleinement exécuté malgré l’annulation de 850 millions d’euros qui a tant défrayé la chronique l’été dernier. Le deuxième acte, c’est un budget 2018 en progression de 1,8 milliard d’euros. C’est la première fois depuis très longtemps que le budget du ministère des Armées augmente de façon aussi marquée. Par ailleurs, ces actes s’inscrivent dans l’engagement du candidat à la présidence de la République Emmanuel Macron, devenu depuis président, de porter progressivement l’effort de défense à 2 % du PIB en 2025. La LPM respecte donc cet engagement. Je me soumettrai année par année au contrôle du Parlement, qui vérifiera si les engagements de la LPM sont bien tenus.
Ce qui est un atout pour vous face à ceux qui seraient tentés de rogner dans l’indifférence les crédits de la mission Défense…
Tout à fait, c’est la Constitution. C’est le contrôle normal que le Parlement exerce dans le cadre de l’un de ses actes majeurs chaque année. Dans cette loi de programmation, nous avons distingué deux périodes. La première est celle déjà couverte par la loi de programmation des finances publiques sur la période 2018-2022, qui a été votée à l’automne 2017. Elle décrit la trajectoire budgétaire de tous les ministères. La LPM reprend naturellement les arbitrages décidés dans le cadre de la loi de programmation des finances publiques. S’est alors posée la question de savoir ce que nous pourrions faire au-delà de 2022. Nous avons fait le choix pour l’année 2023, qui est encore une année sous notre responsabilité en termes de préparation, d’indiquer que la progression devrait se poursuivre. Mais pour les deux dernières années de la LPM, nous avons une incertitude lorsqu’il s’agit de déterminer en valeur absolue quel sera le point d’arrivée pour satisfaire l’objectif de 2 % du PIB. Aujourd’hui bien malin serait celui qui pourrait dire quel sera le PIB de 2025. C’est donc pour cela que nous avons fixé un rendez-vous en 2021, pour examiner deux sujets majeurs : premièrement, dans quelles conditions les premières années de la LPM auront été exécutées et, deuxièmement, sur la base de données macroéconomiques plus fiables, d’écrire le chemin qui restera à parcourir pour mener à bien la LPM. Aujourd’hui nous estimons que le montant du budget de la mission défense en 2025 hors pensions devrait être de 50 milliards d’euros. Mais en 2021?
Il n’en demeure pas moins que le gros des efforts sera fait en fin de programmation...
En pourcentage la marche n’est pas haute! Lors des premières années de la LPM, les crédits progressent de l’ordre de 5,5 % avec une augmentation de 1,7 milliard d’euros par an. Puis, par rapport à au niveau atteint
en 2022, une hausse de 3 milliards d’euros par an en fin de programmation représente une croissance des crédits de 7 %. Ce n’est pas du tout le mur budgétaire que l’on nous annonce. Nous sommes très responsables dans nos approches et très réalistes. Je donne rendez-vous tous les ans aux parlementaires pour que l’on discute de façon sérieuse.
À vous écouter, la LPM 2019-2025 semble vraiment « blindée ». Est-ce le cas ?
Elle donne une excellente visibilité à l’ensemble des acteurs de la communauté de défense et, comme toute loi de programmation, elle devra s’évaluer à l’aune des engagements qui seront confirmés loi de finance après loi de finance.
Comment jugez-vous l’année 2017 qui apparaît comme décevante s’agissant des exportations ?
Nous n’avons pas encore d’éléments définitifs sur les chiffres des importations réalisées en 2017, où il y a eu un certain nombre de décisions sur des futurs contrats à l’exportation. Je suis par exemple allée signer en Belgique le contrat sur le système Camo (proche de Scorpion), qui ne devrait pas être décompté en 2017, mais il s’agit d’un contrat extrêmement structurant. Parmi les autres engagements importants qui ont été signés, il y a bien sûr le Qatar qui s’est engagé sur trois commandes. La première pour l’acquisition de 12 Rafale supplémentaires qui vient compléter la commande initiale de 24, puis l’achat de véhicules blindés (VBCI) pour l’armée de terre qatarie, qui a fait l’objet d’une lettre d’intention. Et puis plus récemment, le Qatar a signé une commande ferme de 28 hélicoptères NH90. Le chiffre global des exportations françaises en 2017, plus bas que les années précédentes, est cependant normal car il s’agit d’une année d’élection présidentielle.
En revanche, l’année 2018 sera, semble-t-il, une très belle année. Est-ce votre sentiment ?
Nous avons un certain nombre de prospects bien identifiés avec lesquels nous poursuivons des discussions. Je ne vais pas entrer dans les détails aujourd’hui mais j’ai effectué des déplacements à l’étranger au cours de ces derniers mois pour faire avancer certains dossiers. Avec l’Inde, nous poursuivons nos discussions notamment sur deux projets. Celui du Rafale est bien connu. Un autre sujet qui intéresse beaucoup les Indiens, est le programme Kaveri destiné à motoriser leur avion de chasse, le Tejas. Ce projet pourrait avancer en 2018 et nous allons continuer à y travailler très activement avec Safran. Nous travaillons également beaucoup sur deux prospects : les sous-marins avec la Pologne et le renouvellement de la flotte d’avions de combat en Suisse. Berne a récemment publié une demande d’information (RFI) à ce sujet. Enfin, nous avons des discussions qui se poursuivent avec l’Égypte concernant une nouvelle commande de Rafale. Je m’y suis rendue en décembre.
L’innovation est un dossier qui vous est cher. Mais quand on regarde la LPM, les crédits amont n’atteindront 1 milliard d’euros qu’en 2022. N’est-ce pas paradoxal ?
Les moyens affectés à la Mission défense sont massifs : 198 milliards sur la période 2019-2023 et 295 jusqu’en 2025. Sur cette masse de crédits, une part très importante sera mobilisée pour rattraper ce qui a été reporté dans le passé, notamment dans la première partie de la LPM en octroyant énormément de moyens sur les petits équipements, les blindés médians de l’armée de terre, l’accélération du programme d’avions ravitailleurs MRTT, les pétroliers-ravitailleurs, les patrouilleurs de haute mer... pour disposer de forces armées équipées de façon efficace et efficiente. Nous allons aller le plus vite possible dans cette phase pour pouvoir ensuite, dans un deuxième temps, concentrer l’essentiel des investissements sur les équipements du futur et, donc, l’innovation. Mais nous ne négligerons pas pour autant l’innovation dans cette première période. C’est pour cela que les études amont vont passer de 720 millions d’euros aujourd’hui à 1 milliard d’euros à compter de 2022.
Mais l’innovation ne s’arrête pas qu’aux crédits amont…
Effectivement, les crédits amont n’en sont qu’un élément. Il faut y ajouter toutes les études qui concourent aux programmes futurs structurants, comme celles sur le futur porte-avions, sur le programme Scaf (système de combat aérien futur) ou encore sur le char de combat. Ce sont autant d’éléments décisifs. Puis, nous avons lancé des initiatives qui sont moins visibles sur le plan budgétaire mais qui sont aussi importantes du point de vue de l’efficacité du système d’innovation du ministère, comme, par exemple, une plus grande ouverture aux petites entreprises, aux startups ou même à des centres de recherches académiques. Ce sera l’un des rôles de l’Agence de l’innovation [de défense, ndlr] que nous allons lancer au cours de cette année, que de pouvoir créer un mode de travail et de développer des collaborations avec un écosystème déjà performant dans l’innovation. Ce monde-là n’était pas jusqu’ici forcément l’interlocuteur privilégié des armées, contrairement à nos relations avec les grands groupes de l’industrie de défense. Nous voulons pouvoir également prendre des participations dans ces petites entreprises. C’est pour cela que nous avons créé, en partenariat avec Bpifrance, le fonds Definvest.
Quelle est sa source de financement ?
C’est le ministère via son budget recherche amont. Bpifrance intervient sur la détection des cibles d’investissement. Enfin, nous voulons encourager et faciliter l’innovation interne du ministère, c’est ce qu’on appelle « l’intrapreunariat ». Toutes ces initiatives concernant l’innovation seront fédérées sous une bannière unique de l’Agence de l’innovation. Nous aurons une capacité de pilotage de l’ensemble des projets qui concourent à l’innovation beaucoup plus articulée, beaucoup plus organisée qu’elle ne peut l’être aujourd’hui.
Quelle sera l’articulation de l’Agence de l’innovation avec la DGA, l’Onera et les centres de recherche ?
L’Agence de l’innovation sera sous l’ombrelle et le pilotage de la DGA. La DGA est et reste l’entité principale qui concourt notamment à l’innovation du ministère des Armées. Il ne s’agit pas de désorganiser mais, au contraire, de réunir, de rassembler dans une structure unique pilotée par la DGA des initiatives qui sont aujourd’hui
Les moyens de ce ministère ont été sans cesse rognés
L’espace est un nouveau domaine de confrontation
Ce n’est pas l’intelligence artificielle qui va appuyer sur le bouton
assez dispersées au sein du ministère et encore une fois insuffisamment ouvertes à l’écosystème de l’innovation. L’Agence aura un rôle d’animation et de pilotage.
La militarisation de l’espace exige aujourd’hui d’être particulièrement innovant. Que fait la France pour rattraper son retard en matière de surveillance de l’espace ?
La LPM fait le choix d’investir dans des domaines de confrontation particulièrement sensibles et nouveaux. C’est pour cela que nous mettons l’accent sur le renseignement, nous estimons majeure la capacité à comprendre et à anticiper de manière autonome. Nous poursuivons et amplifions l’effort qui avait commencé à être réalisé sur le cyber. La revue stratégique a clairement identifié l’espace comme un nouveau domaine de confrontation potentiel ou avéré. Par conséquent, la LPM renouvelle l’ensemble des capacités satellitaires dont dispose le ministère : trois satellites Musis, dont un sera lancé en fin d’année, deux satellites d’écoute électromagnétiques Ceres lancés en 2020, deux satellites Syracuse 4 lancés pendant la LPM et un troisième qui sera lancé post-2025. Toutes les études sur le successeur de Musis seront également engagées. C’est un effort majeur et un atout stratégique indispensable.
Et en matière d’alerte avancée et de surveillance de l’espace ?
Ces deux sujets vont demander des investissements colossaux. Il ne faut pas le cacher. La France ne pourra pas supporter seule un programme d’alerte avancée et de surveillance de l’espace. C’est pour cela que dans le cadre du Fonds européen de défense, on promeut – et j’espère que nous serons suivis – un projet d’alerte avancée avec des partenaires européens. Sur la surveillance, nous réfléchissons également à proposer un projet au Fonds européen de défense. Par ailleurs, dans le cadre du projet civil horizon 2020, il y a un projet sur la surveillance de l’espace. À plus court terme et de manière tangible, est lancée la rénovation du radar Graves qui permettra, jusqu’à des orbites à 1200 km, de détecter des objets encore plus petits de l’ordre de la dizaine de centimètres. Nous devrions diviser à peu près par deux la surface détectable de ces petits débris spatiaux. Il y a également des menaces croissantes dans l’espace, notamment de la part des satellites butineurs. La première étape est de les détecter et c’est sur elle que nous faisons aujourd’hui porter nos efforts.
Faut-il mettre de l’intelligence artificielle sur les champs de bataille ?
Il y en a déjà!
Mais jusqu’ici en France, il y avait un tabou…
Il faut distinguer l’intelligence artificielle, qui est une technologie, et la manière dont elle est mise en oeuvre. Par exemple, s’agissant des drones, nous avons déjà eu ce débat au moment de l’annonce des drones armés.
L’homme sera-t-il dans la boucle sur l’intelligence artificielle ?
Oui! C’est cela qui fait toute la différence. L’intelligence artificielle, c’est une technologie qui permet sur la base d’une numérisation de traiter de façon massive des données provenant des capteurs. Dans dix ans, la masse des données à traiter sur un système d’armes sera probablement bien plus importante encore. Le processus d’apprentissage par les machines elles-mêmes est déjà en cours et nous devons pouvoir bénéficier d’un traitement en temps court d’une masse énorme de données. Mais une fois cette masse de données traitée, l’homme restera dans la boucle pour décider ou pas d’enclencher le système d’arme. Ce n’est pas l’intelligence artificielle qui va appuyer sur le bouton pour enclencher un tir. Il est vraiment essentiel de le rappeler. Nous ne sommes pas en train de fabriquer des robots tueurs mais nous sommes en train d’essayer de tirer le meilleur parti de données qui seront de plus en plus nombreuses et dont nous savons que l’intelligence humaine ne pourra pas à elle seule en tirer tout le sens.
Faut-il aller encore plus loin ?
Il y a plusieurs étapes à l’intelligence artificielle. Les systèmes aujourd’hui présents sur le terrain ont fait leur apprentissage en amont et appliquent leur apprentissage sur le terrain. Ils se trouvent dans les capteurs, dans les systèmes de renseignement, dans les systèmes de maintenance et de logistique. C’est quelque chose qui est intégré dans la vie quotidienne et dans nos armées. Il existe aujourd’hui un débat qui est légitime : est-ce que l’on peut mettre des systèmes sur le terrain qui vont continuer leur apprentissage dans l’environnement opérationnel? Il y a de nombreux avantages à étudier au moins cette piste-là sur des fonctions qui ne mettent pas en jeu la chaîne de mission et encore moins la chaîne de feu. Par exemple, dans le domaine de la maintenance prédictive, ces s y s t è me s peuvent se nourrir de l’environnement qui entoure nos appareils en mission. Cela semble être un gain évident et qui aujourd’hui ne pose pas des questions d’éthique. Il existe de nombreux domaines dans lesquels l’intelligence artificielle pourrait avoir toute sa place au sein d’un environnement de défense. Les questions relatives à la place de l’intelligence artificielle et de l’homme dans la chaîne de mission méritent un débat. Le président de la République a récemment présenté une feuille de route très ambitieuse pour l’intelligence artificielle et a notamment souligné l’importance de définir ses enjeux éthiques et politiques. Le ministère des Armées va s’inscrire dans cette réflexion que le président de la République appelle de ses voeux.
Comment peut-on concilier le programme Scaf (système de combat aérien futur) avec les Allemands et le programme FCAS (Future Air Combat System) avec les Britanniques ? La France peut-elle financer ces deux programmes ?
Premièrement, je suis confiante dans le fait que nous allons pouvoir continuer à avancer avec les Allemands sur le programme Scaf. Les discussions sont actives. J’ai l’espoir que, fin avril, lors du salon aéronautique de Berlin (ILA) nous pourrons matérialiser une première étape significative. Les discussions entre les équipes allemandes et françaises sont intenses. Les industriels travaillent bien ensemble également. Maintenant il faut assurer la convergence des deux processus. Pour ce qui concerne l’élargissement éventuel de ce projet à d’autres partenaires, il faut évidemment ne pas l’exclure mais il y a un temps pour tout. Aujourd’hui la priorité, c’est que le socle franco-allemand soit bien solide avant de commencer à nous ouvrir à d’autres partenaires. Par ailleurs, il existe un travail entre la France et le Royaume-Uni sur le projet FCAS de drone de combat. Ce projet est en train d’évoluer depuis le sommet franco-britannique du 19 janvier. Nous y travaillons activement et les choses avancent. Nous sommes en train de définir un certain nombre de briques technologiques qui sont très précisément identifiées et qui vont nous permettre de poursuivre ce projet sur un périmètre différent que celui défini auparavant. Je suis tout à fait convaincue que tout ce que nous faisons, avec les Britanniques, comme avec les Allemands sera extrêmement utile à la feuille de route sur l’aviation du futur.
Pourquoi ne pas les réunir tout de suite ensemble ?
Parce qu’il faut d’abord que nous consolidions le socle franco-allemand. En parallèle, nous devons poursuivre les travaux francobritanniques et nous verrons, lorsqu’ils auront atteint une maturité suffisante, s’ils peuvent être versés – ou non – au projet Scaf. Tout cela devra être négocié avec les Britanniques.
Sur le programme Scaf, les industriels français estiment qu’il y aura un transfert de technologies vers l’Allemagne. Assumez-vous ce constat au niveau politique ?
Il y aura du travail pour tout le monde. Il n’y aura pas que des questions d’avions ou de conception d’avions de combat en tant que tel mais il y aura beaucoup d’enjeux sur les systèmes, la connectivité… En fonction des pays, il y a des compétences, des savoir-faire technologiques et industriels plus ou moins forts. Notre objectif est que collectivement nous montions tous en gamme. Mais l’idée est de construire un programme sur des compétences existantes. Tous ces projets de coopérations, que cela soit avec l’Italie, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, dessinent les opportunités de l’Europe de la défense de demain. Nous sommes pionniers d’un tel degré de coopération. Êtes-vous satisfaite du dénouement chez Airbus ? L'année 2019 sera une année importante pour Airbus et sa gouvernance. Factuellement, nous sommes satisfaits de disposer d'un interlocuteur désigné à la tête d'Airbus Helicopters, qui est un enjeu très important pour nous, et que Guillaume Faury continue d'assurer son rôle de référent défense. Patrice Caine ferait-il un bon président d'Airbus ? Patrice Caine est un très bon président de Thales. Il ne m'appartient pas de faire tout autre commentaire. n