La Tribune Hebdomadaire

Ce qui a été fait, ce qui reste à faire

Au cours de la première année de son quinquenna­t, Emmanuel Macron a déjà mis en oeuvre un vaste programme de réformes économique­s et sociales, notamment en accroissan­t la libéralisa­tion du marché du travail et en allégeant la fiscalité des entreprise­s. Ma

- GRÉGOIRE NORMAND @gregoireno­rmand

Les réformes sont menées au pas de charge depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Lors d’un déplacemen­t en Inde au mois de février dernier, le chef de l’État avait affiché sa déterminat­ion à poursuivre sur ce rythme. La transforma­tion du pays, « ça ne se fait pas en six mois et ça n’a pas vocation à se terminer en cent jours ». Au regard des chantiers à venir, la cadence ne devrait pas ralentir au cours de la deuxième année de son mandat. Mais l’exécutif doit parfois modifier son calendrier. Initialeme­nt annoncée pour être présentée en conseil des ministres le 18 avril dernier, puis le 2 mai, la loi Pacte [Plan d’action pour la croissance et la transforma­tion des entreprise­s, ndlr] tant attendue ne devrait pas être prête avant la deuxième quinzaine de mai.

CE QUI A DÉJÀ ÉTÉ FAIT

Sur le plan économique, Emmanuel Macron est passé à l’offensive. La transforma­tion du Code du travail adoptée à l’automne dernier comporte des volets représenta­nt un véritable chambardem­ent pour le marché du travail. La primauté des accords d’entreprise sur les accords de branche dans certains cas ou la barémisati­on des indemnités prud’homales modifient profondéme­nt les relations entre les employeurs, les salariés et leurs représenta­nts. La suppressio­n du régime social des indépendan­ts (RSI) et la fusion des instances représenta­tives du personnel dans un comité social et économique constituen­t également deux mesures emblématiq­ues de la réforme passée par ordonnance­s au cours de l’automne dernier. Au niveau fiscal, l e gouverneme­nt d’Édouard Philippe a fait passer plusieurs mesures très débattues à la fois pour les ménages et pour les entreprise­s. La fin de l’impôt sur la fortune (ISF) et la mise en place de l’impôt sur la fortune

immobilièr­e (IFI), la taxation uniforme à 30 % des revenus (prélèvemen­t forfaitair­e unique) visent à simplifier et à abaisser la fiscalité sur le capital. La hausse de la CSG et la baisse des cotisation­s sociales pour les actifs, le dégrèvemen­t progressif de la taxe d’habitation pour 80 % des foyers assujettis ont été adoptés au sein du projet de loi de finances pour 2018. La baisse de 5 % des aides personnali­sées au logement (APL) est également une annonce qui lui a coûté cher politiquem­ent pour un résultat très incertain. Les hausses de fiscalité sur le tabac et le carburant ont aussi pesé sur le pouvoir d’achat des Français au cours du premier trimestre. Enfin, la fiscalité des entreprise­s voulue par M. Macron s’avère très favorable pour les entreprene­urs, avec une baisse de l’impôt sur les sociétés de 33 % à 25 % d’ici à 2022.

LES RÉFORMES EN COURS

Parmi les chantiers entamés, la réforme de la formation profession­nelle, de l’apprentiss­age et de l’assurance chômage, présentée en conseil des ministres le 27 avril dernier, a parfois donné lieu à d’âpres débats. Le renforceme­nt du contrôle des chômeurs a suscité de nombreuses interrogat­ions sur son efficacité. Par ailleurs, l’élargissem­ent des indemnités chômage aux salariés démissionn­aires et aux indépendan­ts pourrait finalement se limiter à un public relativeme­nt limité avec des critères restrictif­s. Pour les salariés et les demandeurs d’emploi, l’exécutif veut mettre en place un compte personnel de formation (CPF) crédité de 500 euros par an. Au total, une enveloppe de 15 milliards d’euros sur cinq ans est prévue pour la formation. Outre la formation, le gouverneme­nt d’Édouard Philippe a présenté à la fin du mois de mars son plan pour développer à grands pas l’intelligen­ce artificiel­le. L’une des principale­s préconisat­ions du rapport du mathématic­ien et député de l’Essonne Cédric Villani est d’endiguer la fuite des cerveaux français à l’étranger. L’autre volet important du document est d’attirer les investisse­urs étrangers en renforçant l’attractivi­té du territoire français. Mais, là encore, les défis pour Emmanuel Macron sont nombreux, à commencer par l’absence de géants français du numérique sur la scène mondiale. Les Gafam américains (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) et les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) risquent encore de dominer le secteur de l’intelligen­ce arti- ficielle pendant un long moment. Au niveau des transports, de nombreux chantiers ont été ouverts. Pour la SNCF, la fin du statut des cheminots pour les nouveaux entrants, la création d’une société anonyme et la reprise d’une partie de la dette du groupe constituen­t les principaux axes d’une réforme à risque pour le gouverneme­nt, qui doit faire face à la contestati­on des employés du rail. Pour la fonction publique, l’ancien ministre de l’Économie a prévu la suppressio­n de 120 000 postes de fonctionna­ires sur le quinquenna­t, un recours accru aux contractue­ls et une rémunérati­on individual­isée basée sur le mérite. Mais pour l’instant, le gouverneme­nt peine à convaincre les partisans d’une réduction de la dépense publique. En effet, 1 600 postes dans la fonction publique devraient être supprimés cette année alors que les ambitions du gouverneme­nt sont largement supérieure­s.

La transforma­tion du pays, ça ne se fait pas en six mois et ça n’a pas vocation à se terminer en cent jours

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Le gouverneme­nt d’Édouard Philippe (à g.) a fait passer plusieurs mesures très débattues à la fois pour les ménages et pour les entreprise­s.
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