La Tribune Hebdomadaire

Faire marcher les paralytiqu­es

Grâce aux exosquelet­tes modernes, les paralytiqu­es se remettent à marcher. En France, Wandercraf­t conduit le marquage CE pour le premier dispositif sans béquilles.

- F. P.

C’ est une première mondiale: en 2017, des paraplégiq­ues français se sont remis à marcher sans béquilles, grâce à un exosquelet­te intuitif. Suivant l’orientatio­n de leur buste, ce dispositif baptisé Atalante leur a donné l’équilibre vertical dont ils étaient privés. Du coup, ils ont pu avancer sans tomber, tout en gardant les mains libres. Le principe des exosquelet­tes s’est développé dans les années 2000 avec des dispositif­s pour remettre les personnes paraplégiq­ues « sur pied ». Ils alignent le corps des patients dans une position verticale et des structures fixées à leurs jambes reproduise­nt les mouvements de la marche. Mais les premiers modèles tels que ReWalk d’Argo Medical Technologi­es ou Ekso de Berkley Bionics ne sont pas capables de stabiliser ceux qui les utilisent. Les patients sont obligés d’utiliser des béquilles pour ne pas tomber.

RÉÉDUCATIO­N

Du coup, devant les vidéos incroyable­s du prototype d’exosquelet­te motorisé Atalante réalisées dans un centre de rééducatio­n de la région de Montluçon (Allier), la communauté médicale applaudit. Alors que le prodige Atalante est déjà en train d’apprendre un modèle de mouvements qui se rapproche encore plus près de la marche humaine. La jeune pousse à l’origine de cette prouesse s’appelle Wandercraf­t. Fondée en 2012 par Nicolas Simon, Matthieu Masselin et Alexandre Boulanger, trois élèves de l’école Polytechni­que, elle a mis moins de quatre ans à mettre au point son premier prototype. Dès le départ, elle a su convaincre des business angels, notamment Marc Simoncini (fondateur de Meetic) et le milliardai­re Xavier Niel, fondateur de Free et de Station F, et a effectué une nouvelle levée de fonds de 15 millions d’euros l’été dernier. Cinq fonds français ont participé à cette série B: XAnge, Idinvest Partners, Cemag Invest, Bpifrance et l’actionnair­e historique LBO France. Sa bonne idée: utiliser les dernières avancées scientifiq­ues de la robotique pour créer un exosquelet­te plus performant que les modèles existants. Avec douze moteurs animés par électroniq­ue, un système de pilotage totalement intuitif fondé sur des mouvements naturels du corps et des algorithme­s de robotique dynamique, Atalante imite la façon de bouger d’un humain. Si les films de science-fiction laissent imaginer des exosquelet­tes qui courent à des vitesses record sans fatiguer ceux qui les portent, les dispositif­s actuels n’en sont pas là. Pour l’instant, ils sont utilisés dans les centres de rééducatio­n pour redresser les patients paraplégiq­ues et rééduquer leur système neuromuscu­laire. Ils ne font pas encore l’objet de prise en charge par l’assurance maladie, mais Wandercraf­t espère que son Atalante va démontrer le bénéfice de ces exercices à la verticale sur les patients et sur la réduction des compli cations liées à la vie en fauteuil. Il est en attente du marquage CE pour être commercial­isé auprès des centres de médecine physique et de réadaptati­on à un prix entre 80000 et 200000 euros. Mais pour Matthieu Masselin, cofondateu­r et

Améliorer le quotidien des personnes en fauteuil est une priorité président de Wandercraf­t, le potentiel d’un exosquelet­te confortabl­e dépasse largement le cadre médical. « Nous sommes en train de concevoir un modèle pour une utilisatio­n personnell­e : améliorer le quotidien et l’autonomie des personnes en fauteuil est pour nous une priorité. » Le marché potentiel : 3 millions de personnes confinées à leur fauteuil en Europe et en Amérique du Nord pour des dispositif­s qui devraient être au point dans moins de cinq ans.

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Un exosquelet­te intuitif permet à des paraplégiq­ues de marcher.

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