GRAND PARIS VOULEZ -VOUS ?
Favorables au Grand Paris, les Franciliens jugent prioritaires l’amélioration des transports, l’emploi et le logement. Emmanuel Macron doit d’urgence clarifier une gouvernance jugée floue et peu efficace.
Il y a plus de dix ans déjà, le 17 septembre 2007, le président Nicolas Sarkozy, inaugurant la Cité de l’architecture et du patrimoine au Palais de Chaillot, appelait à « un nouveau projet d’aménagement global du Grand Paris ». Depuis, la Métropole du Grand Paris (MGP) est née le 1er janvier 2016, et le Grand Paris Express, réseau circulaire de métro, sera mis en service dans son intégralité dans environ douze ans, avec quelques lignes achevées plus tôt grâce aux JO de 2024. La notoriété du Grand Paris ne fait plus débat: aujourd’hui, les Franciliens disent à 95 % avoir déjà entendu parler du projet, mais seuls 46 % d’entre eux savent « précisément » de quoi il s’agit. Difficile donc pour eux de s’approprier une construction politique encore jeune et un projet territorial encore flou. Face à une Région Île-deFrance aux compétences connues et très présente dans leur quotidien grâce à son financement des transports en commun, difficile pour le Francilien de s’y retrouver entre les 12 établissements publics territoriaux (EPT) que seuls les élus et le microcosme grand parisien connaissent, la Métropole du Grand Paris, une intercommunalité qui n’existe que depuis deux ans, les sept départements de petite couronne qui pilotent les politiques sociales à destination des publics fragiles et plus de 1200 communes en Île-de-France. D’ailleurs, même les plus initiés s’y perdent ! Principaux concernés, les habitants du périmètre actuel de la Métropole du Grand Paris, à savoir les résidents des 131 communes de Paris et des départements des Hauts-de-Seine, de Seine-SaintDenis et du Val-de-Marne, ont la « connaissance la plus précise » du Grand Paris. Avec les cadres (38 % « très favorables »), c’est même la population qui se dit le plus « favorable » (36 %) au projet. « Il y a encore du travail à faire en termes d’information et de communication. Plus on le connaît, plus on y est favorable. L’information renforce l’adhésion », souligne le président d’Elabe, Bernard Sananès.
PRIORITÉ À L’AMÉLIORATION DES TRANSPORTS
Autre enseignement de l’étude: les sondés estiment que la réalisation du projet aura un impact « positif » pour les entreprises de la région (83 %) comme sur leur quotidien (73 %), un pourcentage qui monte à 76 % pour les habitants de la métropole du Grand Paris. De même, à la question concernant l’impact pour la France dans son ensemble de ce qui est le plus important plan d’investissement d’infrastructures d’Europe, la majorité (52 %) répond par la positive. Sans surprise en revanche, les habitants de grande couronne (77, 78, 91 et 95), qui ne se situent pas à l’intérieur des frontières actuelles, doutent des retombées positives pour eux personnellement. De 66 % de sondés qui font confiance au projet dans le Val-d’Oise, le pourcentage tombe à 50 % en Seine-et-Marne, un département qui représente 51 % de la région en termes de superficie, mais qui est aussi le plus excentré. D’où une polémique croissante sur les « oubliés » du Grand Paris qui fait le jeu de la Région, qui conteste le périmètre de la Métropole. Au chapitre des attentes, l’amélioration des transports demeure la priorité numéro un avec 76 % des réponses cumulées. Même si la maire de Paris, Anne Hidalgo, vante le rôle de la Métropole du Grand Paris comme autorité de second rang en matière de mobilité, le conseil régional, présidé par Valérie Pécresse, demeure l’autorité organisatrice des transports publics pour l’ensemble de l’Île-de-France. Ce sujet dépasse les clivages territoriaux puisqu’il est en tête
à Paris (67 %), en petite couronne (77 %) ou en grande couronne (78 %), grimpant même à 83 % en Seine-et-Marne, département éloigné géographiquement du centre et toujours très mal desservi. S’agissant du Grand Paris Express, ce métro circulaire qui arrivera en 2024 en SeineSaint-Denis pour les Jeux olympiques, en 2027 sur le plateau de Saclay et en 2030 dans le Val-d’Oise et les Yvelines, le pessimisme prend pour la première fois le dessus. 60 % des Franciliens jugent en effet « pas probable », voire « pas du tout probable », le respect du calendrier annoncé en février dernier par le Premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre des Transports, Élisabeth Borne. « Les Franciliens savent qu’il y a toujours des retards chez eux mais il faudrait que le Premier ministre donne de la réassurance, commente Bernard Sananès d’Elabe. Ce sont les habitants de la petite couronne, les plus favorables, qui doutent. Ils voient l’avancement du chantier en bas de chez eux et se demandent peut-être si les délais seront tenus. » Parmi les autres priorités citées par les habitants, suivent à 61 % le dynamisme territorial et la création d’emplois, à 46 % le logement et à 42 % l’amélioration de la qualité de l’air. Or, dans ces domaines, les compétences sont enchevêtrées entre