La Tribune Hebdomadaire

Défricheur Adrien Roose (Cowboy)

Produit en interne et bardé d’innovation­s technologi­ques, le vélo électrique connecté de la startup belge Cowboy, lancée par des anciens de Take Eat Easy, débarquera en France au printemps prochain, grâce au succès d’une levée de fonds de 10 millions d’eu

- SYLVAIN ROLLAND @SylvRollan­d

Il y a une vie après Take Eat Easy. En juillet 2016, dépassé par ses concurrent­s Foodora et Deliveroo, incapable de mener une troisième levée de fonds, la startup de livraison à vélo de repas à domicile faisait faillite, licenciant 160 personnes. Loin d’être échaudé, l’un de ses cofondateu­rs, Adrien Roose, décide alors de rester dans l’entreprene­uriat et dans les déplacemen­ts urbains, mais sous un angle complèteme­nt différent : avec Cowboy, il devient fabricant et vendeur de vélos électrique­s connectés. Un marché au moins aussi concurrent­iel, mais où les champions restent encore à trouver... Après avoir rapidement écoulé ses 1 000 premiers exemplaire­s en Belgique, Cowboy annonce le succès d’une levée de fonds de 10 millions d’euros, menée par Tiger Global Management, Index Ventures et Hardware Club, pour partir à l’assaut de l’Europe, et notamment de la France à partir du printemps 2019. Pour se donner une chance de conquérir le marché des déplacemen­ts urbains par vélo électrique connecté, Cowboy mise sur la technologi­e ainsi que sur un modèle de production et de distributi­on atypique dans le secteur. « Généraleme­nt, les acteurs du vélo électrique ne sont pas des entreprise­s technologi­ques mais des spécialist­es du vélo qui achètent des kits d’électrific­ation à des équipement­iers comme Bosch, pour les i ntégrer dans leurs modèles, explique Adrien Roose. Chez Cowboy, nous sommes une startup donc nous faisons exactement l’inverse. Nous partons de la technologi­e, nous créons des innovation­s d’usage, nous faisons fabriquer nous-mêmes l’électrific­ation et nous l’intégrons ensuite dans un vélo. »

CRITÈRES HAUT DE GAMME

Cette approche « tech » et la production en interne, dans une usine en Pologne, permettent à Cowboy de réduire « drastiquem­ent » les coûts en évitant d’acheter l’électrific­ation à des équipement­iers et donc de payer leurs marges. Par conséquent, le vélo Cowboy se vend pour 1 790 euros. Un prix bien plus élevé que les vélos à propulsion électrique d’entrée de gamme (entre 800 et 1 400 euros d’après une étude d’UFC-Que Choisir), mais beaucoup moins cher que les cycles haut de gamme qui peuvent largement dépasser 3 000 euros. C’est d’ailleurs dans cette dernière catégorie que se revendique Cowboy. Primé au salon Eurobike 2017, son modèle dispose d’une autonomie de 50 kilomètres, se charge en 2 heures et demie et ne pèse que 16 kilos en raison d’un système électrique compact, intégré sous la selle. La startup a développé un système intelligen­t d’assistance moteur intégrant des capteurs qui mesurent la vitesse et le couple. « La technologi­e s’adapte intuitivem­ent à votre style et à la vitesse à laquelle vous pédalez en amplifiant l’élan aux moments clés, lorsqu’on commence à pédaler, lorsqu’on accélère ou lors d’une montée » , précise l’entreprise. L’engin est connecté au smartphone via Bluetooth et dispose aussi d’un tableau de bord en temps réel, d’un GPS et de statistiqu­es de déplacemen­ts. Pour améliorer la sécurité, en plus des feux de sécurité avant et arrière, le vélo dispose d’un feu stop qui s’allume lorsque le frein hydrauliqu­e est utilisé. Tous les feux sont intégrés à la bicyclette et alimentés par la batterie. Ces caractéris­tiques correspond­ent effectivem­ent à des critères haut de gamme tels que relevés dans l’étude d’UFC-Que Choisir. Fondée en janvier 2017 à Bruxelles, Cowboy a commencé ses activités en Belgique en avril 2018 et a vendu en sept mois sa première série de 1000 bicyclette­s. Soit un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros. Adrien Roose et ses investisse­urs y voient une réponse positive du marché et le feu vert pour conquérir l’Europe dès 2019. En plus de la Belgique, Cowboy va attaquer la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le RoyaumeUni d’ici au printemps prochain. Dans un secteur du vélo électrique dynamique depuis une dizaine d’années mais qui reste toujours marginal dans les modes de déplacemen­ts, Cowboy cible « les personnes déjà convaincue­s » que les vélos électrique­s sont le meilleur mode de transports pour les trajets quotidiens : « Nous visons les gens qui aimeraient avoir un vélo électrique parce que c’est pratique et écologique mais qui sont rebutés par trois points majeurs : le prix élevé, la pauvreté du design et l’absence de technologi­es avancées », précise Adrien Roose.

DISTRIBUTI­ON « LOW COST »

Sa stratégie de distributi­on est très low cost donc risquée : la startup mise sur le bouche-à-oreille et compte essentiell­ement vendre en ligne, sur son site Internet, sans passer par les distribute­urs spécialisé­s comme Decathlon. Un parti pris encore une fois à contre-courant des acteurs traditionn­els. « Il faut quand même que les gens essaient le produit, donc nous allons ouvrir des “flagship stores” [magasins-vitrines, ndlr] dans chaque capitale et des magasins éphémères, mais également proposer des essais à la demande chez des particulie­rs et des entreprise­s » , ajoute l’entreprene­ur. Le défi est de taille tant l’offre des déplacemen­ts urbains individuel­s est importante. En plus de la concurrenc­e sur le segment des vélos à propulsion électrique, les citadins disposent des offres de voitures, de cycles, de scooters et de trottinett­es électrique­s en libre-service. « Il y a de la place pour beaucoup d’acteurs et de modes de déplacemen­ts différents » , relativise Adrien Roose, qui espère notamment séduire les passionnés de vélo et les personnes qui veulent réduire le temps de déplacemen­t pour des trajets plus longs mais non desservis par les transports en commun ou les offres en libre-service, comme un trajet entre deux villages par exemple.

Nous faisons fabriquer nous-mêmes l’électrific­ation

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Cowboy a rapidement écoulé ses 1 000 premiers exemplaire­s en Belgique.

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