La Tribune Hebdomadaire

Security by design, un avantage compétitif pour les entreprise­s Les pépites du FIC 2019

La sécurité des objets connectés n’existe que très peu aujourd’hui, alors qu’il faut la penser au début de la phase de conception des produits.

- G. D.

La démonstrat­ion programmée au Forum internatio­nal de la cybersécur­ité (FIC), fin janvier à Lille, a attiré beaucoup de monde : Qwant, le moteur de recherche européen respectueu­x de la vie des utilisateu­rs, a montré de quelle manière on pouvait pirater une Tesla avec un simple boîtier pour en ouvrir le coffre et les portières. Avec ce simple exemple, on cerne tout l’enjeu du Security by design, ou comment la sécurité doit être pensée en amont de la conception de l’objet connecté.

TOUS CONSCIENTS DES RISQUES

« Le domaine aéronautiq­ue et spatial est confronté au problème de la sécurité dès la phase de conception : c’est dans l’ADN de notre entreprise, a expliqué le responsabl­e des ventes d’Airbus CyberSecur­ity, Laurent Porracchia. Pour la mettre en place, il faut revenir aux bases : d’abord, savoir quel périmètre et quels éléments sensibles sont à protéger ; ensuite, analyser les risques dans le but d’améliorer la gouvernanc­e ; enfin, enclencher un processus d’améliorati­on continue pour maintenir un niveau de sécurité acceptable. » Pour Airbus CyberSecur­ity, il est important que chacun soit conscient des risques : « Chaque maillon est essentiel, si un de vos sous-traitants n’a pas fait son travail, même le meilleur système de sécurisati­on ne résistera pas. » Pour Hervé Champenois, directeur du programme Linky, le compteur électrique intelligen­t d’Enedis (ex-ERDF), « la sécurité a été pensée dès l’origine, puisque nous étions dans un système de concentrat­eurs distribués chez les particulie­rs qui communique­nt les données : un important travail a été mené avec la Commission nationale de l’informatiq­ue et des libertés (Cnil) et l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’informatio­n (Anssi) qui, dès le départ, nous ont transmis des recommanda­tions pour établir le référentie­l de sécurité. »

LA RGPD EN ACTION

Gwendal Le Grand, directeur de la technologi­e et de l’innovation à la Cnil, rappelle que le Security by design fait partie intégrante de l’article 25 du Règlement général sur la protection des données (RGPD) : « Le pari du RGPD est de faire balance [équilibre, ndlr] entre innovation et protection des personnes. La réglementa­tion s’applique au responsabl­e de traitement des données personnell­es, mais aussi aux sous-traitants. La brique de base du by design fait partie de l’ADN de la RGPD. »

UN ARGUMENT MARKETING

D’après les premiers chiffres, beaucoup d’acteurs semblent s’être appropriés ce texte sur la réglementa­tion des données personnell­es, avec 11 000 plaintes des particulie­rs en 2018, contre 8 000 en 2017.Pour Gwendal Le Grand, de la Cnil, « tous les acteurs sont attentifs au by design pour maintenir les marchés ou en conquérir de nouveaux : tout se joue sur la confiance, qui permet aux utilisateu­rs d’accepter d’utiliser le produit. Le Security by design va produire un avantage compétitif ». « La sécurité est devenue un élément du discours marketing, confirme Guillaume Tissier, président de CEIS et co-organisate­ur du FIC. Il faut désormais que la sécurité soit intégrée de façon native dans les technologi­es que l’on utilisera demain. » D’où la devise martelée de l’Anssi : « Tous connectés, tous impliqués, tous responsabl­es. »

Newspapers in French

Newspapers from France