Ils contrôlent le CAC 40 : Arnault, l’État, Bettencourt et les gérants d’actifs
L'opérateur de la Bourse de Paris, Euronext, a dévoilé la deuxième édition de son étude sur le profil des actionnaires du CAC 40 et du SBF 120 : les grandes familles, l'État français et les grands gestionnaires d'actifs, américains comme Vanguard et Black
Trois familles, deux États et cinq gestionnaires d’actifs » : ce sont les dix premiers actionnaires du CAC 40, selon le profil dressé par Euronext, l’opérateur de la Bourse de Paris, mais aussi d’Amsterdam, de Bruxelles, de Dublin et de Lisbonne. La deuxième édition de cette étude, publiée ce mardi 15 janvier 2019 à l’occasion de la conférence annuelle d’Euronext, analyse l’actionnariat des sociétés de l’indice CAC 40 et du SBF 120 entre fin 2012 et fin 2017, en s’appuyant sur les données publiquement disponibles (rapports annuels, bases de données spécialisées de Morningstar et Factset), qui ont permis d’identifier 60 % de l’actionnariat de ces entreprises (du fait notamment de l’absence d’obligation de publication des positions en dessous de 5 % du capital auprès de l’Autorité des marchés financiers). Il en ressort que la part des familles et fondateurs a augmenté en un an, passant de 10 % à 11,2 % fin 2017, représentant quelque 167 milliards d’euros. Ainsi, la famille de Bernard Arnault, qui contrôle 46,8 % du groupe de luxe LVMH mais possède aussi plus de 8 % du capital de Carrefour, a renforcé sa place de premier actionnaire du CAC 40, avec une participation agrégée de 3,9 % à fin 2017, contre 3,2 % fin 2016. LVMH est redevenue la première capitalisation française à l’automne dernier, en détrônant Total : elle l’était devenue pour la première fois en mai 2017. Les Arnault sont suivis par l’État français qui détient en tout 2,7 % du capital des entreprises stars de la Bourse de Paris, à travers 14 entreprises, notamment Airbus, Engie, Safran et Orange (mais aussi Aéroports de Paris [ADP], EDF et Thales hors CAC). Un poids en baisse (à comparer à 3 % en 2016 et 6 % fin 2012), du fait de la vente de participations dans Engie et Renault, et qui devrait encore diminuer à l’avenir du fait des cessions de participations dans Engie (et aussi ADP) prévues dans le cadre du projet de la loi Pacte, dont l’examen a débuté au Sénat le 17 janvier. En troisième position se trouve la famille Bettencourt Meyers, héritière du fondateur de L’Oréal, Eugène Schueller : elle contrôle un peu plus de 33 % du géant des cosmétiques (troisième capitalisation française) et son poids est évalué à 2,3 % du CAC 40. Une autre célèbre grande fortune française grimpe de deux places, la famille Pinault, qui se hisse à la septième place : elle contrôle, via le groupe Artémis, plus de 40 % du capital de Kering (exPPR) et ainsi 1,4 % du CAC 40. Une quatrième richissime famille du monde du luxe devrait faire son entrée dans le top 10 de l’étude de l’an prochain : les Dumas, qui contrôlent 66 % d’Hermès, valeur intégrée dans l’indice en juin dernier et pesant plus de 50 milliards d’euros. La part des familles est encore plus importante dans les entreprises du SBF 120 : elle monte à 13,7 % et même à 20,3 % si l’on exclut celles du CAC 40. Le poids de l’État français est également supérieur chez ces grosses PME ou ETI familiales : 7,5 % si l’on considère les 80 entreprises du SBF 120 non membres du CAC.
L’obstacle de l’imposition punitive de la détention en direct des actions a disparu
L’ÉTAT NORVÉGIEN DÉTENTEUR DE PARTS DE 38 MEMBRES DU CAC
Au quatrième rang, le gestionnaire d’actifs américain Vanguard a dépassé d’une courte tête le leader mondial, le new-yorkais BlackRock, avec 2 % du CAC 40 (stable) contre 1,9 % pour ce dernier (en baisse par rapport à fin 2016 à 2,3 %). Ils sont présents dans l’intégralité des entreprises du CAC, du fait de leur stratégie passive consistant à répliquer les indices, mais à des degrés divers. BlackRock est notamment le premier actionnaire de Total (plus de 6 %) et présent au capital de nombreux poids lourds du CAC tels que Sanofi, BNP Paribas, Axa, Safran, Schneider, etc. Deux gérants français suivent dans le top 10, Natixis GAM (groupe BPCE) et Amundi, premier gérant d’actifs européen et filiale du Crédit Agricole, avec respectivement 1,2 % et 0,9 % du CAC 40. Un autre américain, Capital Group, ferme le palmarès des dix premiers détenteurs du CAC. L’ensemble des gérants d’actifs pèse près d’un quart de l’indice SBF 120, selon l’étude Euronext, soit 24,1 % à fin 2017, contre 20,2 % cinq ans plus tôt. Par ailleurs, l’État norvégien, qui possède le plus gros fonds souverain au monde (1 000 milliards de dollars) et des participations dans une grande partie des membres du CAC 40, arrive à la sixième place avec 1,5 % de l’indice. Il détient des parts dans 38 des membres du CAC 40, sauf dans Safran et Airbus (l’investissement dans des entreprises de l’armement étant proscrit).
UN EFFET POSITIF ATTENDU DE LA FLAT TAX
L’étude d’Euronext relève également que la part des actionnaires particuliers a encore baissé, passant de 5,3 % fin 2016 à 4,6 % fin 2017 (à comparer à 9,4 % en 2012). Cependant, les données ne sont fournies que par la moitié des membres de l’indice. Le poids de l’actionnariat salarié a aussi légèrement diminué, de 2,8 % du SBF120 en 2012 à 2,4 % à fin 2017. Dans ce domaine, Stéphane Boujnah, le PDG d’Euronext, n’exclut pas un effet positif en 2018 de l’entrée en vigueur de la flat tax (le prélèvement forfaitaire unique à 30 % sur le capital), « l’obstacle de l’imposition punitive de la détention en direct des actions ayant disparu » , a-t-il commenté lors d’une présentation à la presse ce mardi. Optimiste, il considère également que la baisse du CAC 40 l’an passé (de 10,95 %) ne crée pas d’effet repoussoir pour les actionnaires individuels, mais « constitue un excellent point d’entrée en termes de valorisation » .