Ventes 2018 : le verre moitié plein, moitié vide
veut reconquérir sa légitimité sur les segments supérieurs. Il n’y a rien de plus parlant pour un industriel comme Jean-Dominique Senard, qui a su travailler la marque Michelin comme un label haut de gamme, notamment dans un contexte de forte concurrence avec les pneumaticiens chinois. Alors que Renault entame cette année le renouvellement de sa gamme avec une nouvelle Clio, la stratégie de marque devra être renforcée dans une perspective de long terme. Mais d’autres enjeux plus lointains vont se télescoper. Avec la connectivité, l’autonomie, l’électromobilité et les mobilités alter- natives, le secteur automobile se prépare à un big bang qui n’épargnera que les meilleurs. Certes, Carlos Ghosn a creusé de solides fondations en matière d’électromobilité et lancé une stratégie ambitieuse dans les nouvelles mobilités. Il n’empêche que ces pistes doivent être suivies avec une extrême vigueur, car les retardataires ne survivront pas. C’est la problématique de ce vieux monde qu’est l’industrie automobile qui se pose aujourd’hui à Jean-Dominique Senard. Face à ces extraordinaires défis qui vont changer le rapport à la voiture, la priorité est de sortir des vieux schémas industriels afin de mieux se projeter dans le sec- teur automobile tel qu’il sera demain, même si nul n’a prouvé qu’il est d’ores et déjà capable d’en définir les contours. Plus que d’un industriel, Renault a besoin d’un stratège et d’un visionnaire. Pour Jean-Dominique Senard, l’enjeu sera soit d’inscrire son mandat dans la durée en façonnant un nouveau leadership, soit d’assurer une gouvernance de transition dans un contexte critique pour Renault. Transformer un funeste événement, en l’occurrence la chute brutale de Carlos Ghosn, en une incroyable opportunité de rebond pour le groupe automobile français relèverait du génie. Mais Carlos Tavares ne l’a-t-il pas fait chez PSA?