La Tribune Hebdomadaire

Le siècle des femmes puissantes

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Le constat établi par La Tribune dans le cadre de notre enquête sur la place et le pouvoir des femmes dans le secteur de la finance est accablant!:

alors qu’il s’agit d’un des domaines d’activité les plus féminisé – en France, environ 6 femmes sur 10 en moyenne parmi les salariés de la banque et de l’assurance –, la finance reste un club essentiell­ement réservé aux hommes dès que l’on monte dans la hiérarchie. Selon le FMI, seules 2 % des banques dans le monde sont dirigées par des femmes. En Europe, Ana Botin est présidente de Santander et Alison Rose va prendre la direction de RBS (Royal Bank of Scotland). Mais toutes les autres banques sont dirigées par des hommes. Comme dans beaucoup d’autres secteurs de l’économie, la finance reproduit les stéréotype­s de genre": les femmes sont en majorité représenté­es dans les fonctions support, comme la communicat­ion, les RH, ou dans une version plus moderne, dans la RSE ou la finance durable. Mais elles sont encore minoritair­es aux postes, plus stratégiqu­es, de direction financière ou des risques.

Pourtant, des progrès réels sont réalisés": un quart des membres du conseil d’administra­tion des 114 plus grandes institutio­ns financière­s mondiales sont des femmes, soit deux fois plus qu’il y a quinze ans. Les entreprise­s financière­s françaises s’arrogent les meilleures places au top 10 des conseils les plus féminisés et respectent l’objectif de 40 % de femmes au conseil fixé par la loi Copé-Zimmermann"; mais elles sont encore loin du compte en ce qui concerne la proportion de femmes dans les Comex.

La Tribune a interrogé à ce sujet les dirigeants des principale­s banques et compagnies d’assurance françaises

pour leur demander comment ils comptent améliorer cette situation": tous sans exception reconnaiss­ent que si la mixité ne se décrète pas, cet objectif ne pourra être accéléré que si sont mises en place des politiques volontaris­tes pour augmenter la proportion de femmes dans le vivier des hauts potentiels identifiés pour fournir les dirigeant.e.s de demain. Sans doute ces patrons entendront-ils l’appel de Christine Lagarde": « Sans des quotas imposés par le haut, nous n’arriverons pas à la parité . » C’est désormais dans les comités exécutifs que l’attention va se porter, afin que la féminisati­on des directions des banques et des assurances devienne une réalité.

Toutefois, l’effort ne concerne pas que la finance": le secteur de la tech est aujourd’hui pointé du doigt alors que le machisme de la Silicon Valley, temple des geeks à capuche, n’est plus à démontrer. Une chose est certaine": à l’image de l’ancienne ministre française des Finances Christine Lagarde à la BCE, de l’économiste bulgare Kristalina Georgieva à la tête du FMI, ou d’Esther Duflo, nouvelle Prix Nobel d’économie, de plus en plus de femmes puissantes prennent la lumière et donnent aux autres le signal que nous entrons dans un siècle au cours duquel l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera peut-être plus un sujet de une pour La Tribune. En attendant, ce n’est pas de sitôt que Lehman Brothers cédera la place à Lehman Sisters (pour paraphrase­r une formule célèbre de Christine Lagarde), et que l’on s’évitera donc la prochaine crise financière...

« Les entreprise­s financière­s françaises sont encore loin du compte pour la proportion de femmes dans les Comex »

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