La «!french touch!» de l’OCDE
Mon ennemi, c’est la finance », avait déclaré François Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012. Aussi la nomination de l’économiste Laurence Boone, en 2014, comme conseillère aux Affaires économiques internationales du candidat devenu président, pour remplacer Emmanuel Macron au palais de l’Élysée, a-t-elle été fraîchement accueillie par de nombreux parlementaires du groupe des frondeurs à l’Assemblée nationale, critiquant ces recrues venues du monde de la banque. Laurence Boone avait, en outre, qualifié le bilan économique de la majorité de « désastreux » quelques semaines avant sa nomination, alors qu’elle était directrice des études européennes à la Bank of America Merrill Lynch.
Son CV a pourtant de quoi impressionner. Titulaire d’un doctorat d’économétrie appliquée de la célèbre London Business School, d’un DEA d’analyse quantitative et de modélisation, d’un master d’économétrie à l’université de Reading et d’un master d’économie à Paris-Nanterre, cette économiste bardée de diplômes a enseigné dans les plus grandes écoles de la République. Commençant sa carrière comme analyste chez Merrill Lynch en 1995, elle s’est lancée dans la recherche au Cepii puis à l’OCDE, avant de rejoindre Barclays comme cheffe économiste. Ces multiples expériences vont lui permettre d’acquérir un solide bagage sur la scène internationale,
J’ai pu côtoyer de nombreuses nationalités pendant mes études et mes expériences professionnelles au Royaume-Uni. Ce
GRÉGOIRE NORMAND
qui m’a permis de mieux appréhender les relations avec les conseillers des autres États membres de l’UE, lors de la crise à Athènes par exemple », confie-t-elle. « Lorsqu’un État va faire des réformes, il va y avoir des retombées positives pour l’économie mais qui peuvent avoir aussi, pour certains, un impact négatif. Comment fait-on pour limiter cet impact"? », s’interroge celle qui ne veut pas véhiculer « une vision trop angélique ».
Revenue par la grande porte à l’OCDE en juin 2018 comme cheffe économiste, après un passage chez AXA, Laurence Boone, qui vient de souffler ses 50 bougies, se montre réaliste face aux critiques récurrentes à l’encontre du multilatéralisme#: « Nous n’avons pas assez fait attention aux conséquences de la mondialisation et de la transformation numérique sur les personnes les plus vulnérables, les moins à même d’en saisir les opportunités. »
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