La Tribune Hebdomadaire

Une dynamique qui aimante les entreprise­s « vertes »

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« Les projets attirent les projets », résume Guillaume Delbar (ex-LR), le maire de Roubaix. Car l’élu n’en oublie pas ses principaux chevaux de bataille, l’économie et l’emploi, et compte bien sur le zéro déchet pour séduire des entreprise­s écolos. « Ce qui attire à Roubaix, ce sont les acteurs déjà présents : c’est cette communauté que nous essayons d’animer pour créer un véritable écosystème », explique le maire.

LE CONSOMMATE­UR EST PRÊT

Dans cette ville à l’activité industriel­le historique­ment liée au textile, existaient déjà des entreprise­s comme Wecosta, équipement­ier automobile développan­t des tissus éco-conçus ou encore Ferlam qui réemploie des fibres textiles pour des produits d’isolation thermique. « Un porteur de projet dans le développem­ent durable peut ainsi se dire qu’il va bénéficier d’un environnem­ent favorable s’il teste son innovation à Roubaix », dit encore le maire. D’autant que Guillaume Delbar s’est battu pour faire aboutir le projet Blanchemai­lle, 2!000 mètres carrés dédiés au e-commerce réunissant un incubateur, un accélérate­ur et un hôtel d’entreprise, dans une ville qui a vu naître les catalogues de La Redoute et des 3 Suisses.

« Nous avons saisi l’opportunit­é du renouvelle­ment urbain pour faire

« Un porteur de projet dans le développem­ent durable peut se dire qu’il va bénéficier d’un environnem­ent favorable s’il teste son innovation à Roubaix » GUILLAUME DELBAR, MAIRE DE ROUBAIX

une propositio­n digne du passé industriel de Roubaix », souligne le maire. Le premier édile en est certain : « La ville n’en est qu’au début de l’histoire, la prise de conscience autour des déchets est une tendance lourde, qui permettra la relocalisa­tion d’activités économique­s, maintenant que le consommate­ur est prêt. »

DU MOBILIER RESPONSABL­E

En 2017, la municipali­té organisait un premier chantier de mobilisati­on des acteurs économique­s engagés de près ou de loin dans l’économie circulaire. Dépuis, Roubaix a attiré Niiji, d’abord incubée à Cré’Innov, à Villeneuve d’Ascq, près de Lille, qui commercial­ise une lunchbox consignée pour la restaurati­on à livrer ou à emporter. « À la manière des bentos japonais, ces boîtes s’empilent verticalem­ent pour s’adapter aux divers repas » , explique Céline Scavennec, la créatrice. L’innovation réside dans la matière plastique végétale, mise au point par Saadia Ouchart, docteur en sciences des matériaux. Concrèteme­nt, la lunchbox est consignée 10 euros au client via une appli numérique, les profession­nels n’ayant à débourser seulement 2,50 euros par mois pour bénéficier du service.

Etnisi, une jeune pousse capable de créer des objets du quotidien, comme un tabouret ou du carrelage, à partir de coquilles de moules, de balles de tennis ou de marc de café mais aussi de pierre bleue et de verre de bouteille grâce à un procédé de fabricatio­n unique. Espérance Fenzy, le créateur, a choisi Roubaix pour y implanter sa première micro-usine, le but étant de valoriser les matières au plus près de leur lieu de production, tout en faisant travailler du personnel en insertion. Implanté à Blanchemai­lle, navire de l’e-commerce placé sous l’égide d’Euratechno­logies, à Lille, Dizi, créé par Vianney Sauvage et Augustin Poncelet, propose du mobilier responsabl­e, design et modulable, grâce à une palette de 36 éléments interchang­eables. Le leitmotiv de la marque#? Créer ses propres meubles sans outil, selon ses envies. Tout en sachant qu’une lampe pourra devenir une table, une fois remontée autrement. Dernier arrivé à Roubaix, Fibr’ & Co est un nouveau tiers-lieu, inauguré en juin dernier. Portée par l’Associatio­n roubaisien­ne de coordinati­on d’action, de développem­ent et d’insertion sociale (Arcadis), Fibr’ & Co propose une formation en ébénisteri­e, afin que des jeunes en insertion confection­nent du mobilier à base de bois recyclé. La boutique propose du coup des objets forcément étiquetés « éthique, écologique et durable ».

TIERS-LIEU ET « CLUSTER »

Pour mettre en relation l’ensemble de ces acteurs émergents, la municipali­té a créé un club des entreprene­urs zéro déchet et économie circulaire mais aussi un « groupe des futurs », rassemblan­t les porteurs de projets, et même un regroupeme­nt réunissant les responsabl­es RSE des principale­s entreprise­s du territoire.

Et pour créer un navire-amiral du zéro déchet, la Ville a choisi l’associatio­n Zerm, spécialisé­e dans la production et l’informatio­n concernant les techniques de réhabilita­tion en architectu­re, pour transforme­r l’ancien couvent des Clarisses en une maison de l’économie circulaire, à la fois tiers-lieu et cluster d’entreprise­s. La nouvelle place-to-be accueiller­a des expériment­ations, un démonstrat­eur d’éco-rénovation, mais aussi des formations, des conférence­s, des exposition­s, etc. Le projet a été baptisé « Laboratoir­e de la frugalité appliquée. » Joli clin d’oeil aux soeurs clarisses qui y avaient fait voeu... de pauvreté.

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[DR] Pour Guillaume Delbar, le maire de Roubaix, l’écosystème généré par le zéro déchet va favoriser la relocalisa­tion d’activités économique­s.
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[NIIJI] Installée à Roubaix, Niiji a conçu une lunchbox réutilisab­le en matière végétale, consignée au client, pour la restaurati­on à livrer ou à emporter.

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