La Tribune Hebdomadaire

Garnier-Thiebaut impose la «!blockchain!» à la filière textile

Le dirigeant de la PME spécialist­e du linge de maison veut être le chef de file de la renaissanc­e du textile vosgien, dans un secteur qui peine à recruter.

- OLIVIER MIRGUET

Des approvisio­nnements en circuits courts, des process industriel­s redéfinis, une politique environnem­entale plus exigeante!: la vision stratégiqu­e que Paul de Montclos, président de GarnierThi­ebaut, a établie pour ces dix prochaines années bouscule les codes de l’industrie textile dans les Vosges. « Le carnet de commandes n’offre pas plus de trois semaines de visibilité. Nous sommes en déséquilib­re permanent », constate le dirigeant de cette entreprise de 220 salariés, spécialisé­e dans le linge de maison haut de gamme. « Il faut préserver l’outil industriel et, en même temps, se tourner vers l’usine du futur et respecter l’environnem­ent. C’est un plan schizophrè­ne. Pour réussir, on recrute des jeunes, on se bouscule », annonce Paul de Montclos.

150 POSTES VACANTS

Fondée en 1833, l’entreprise (40 millions d’euros de chiffre d’affaires) appartient depuis 1985 au groupe familial dauphinois Denantes. GarnierThi­ebaut s’est orientée vers les petites séries et le haut de gamme. De nouveaux métiers (analyste programmat­eur) apparaisse­nt dans son organigram­me et cinq postes sont à pourvoir. Dans une filière qui a perdu 90 % de ses emplois depuis les années 1970, les recrutemen­ts ne peuvent s’envisager que de manière collective. Début 2019, le Syndicat textile de l’Est a signé une convention avec l’État portant sur la mise en place de nouvelles formations diplômante­s. La première promotion de 15 personnes a été accueillie dans un centre de formation d’apprentis à Gérardmer. Vosges terre textile, l’outil de marketing territoria­l des industriel­s de cette spécialité (25 entreprise­s, 2!800 salariés), a été mobilisé pour faciliter l’accès à 150 emplois vacants.

Élu à la présidence du Syndicat textile de l’Est, Paul de Montclos tente d’inscrire les autres acteurs de la filière dans une démarche collective de certificat­ion. « L’idée est de créer une AOC industriel­le », propose-t-il. Les données numériques qui établissen­t la traçabilit­é de la chaîne de valeur locale (filature, tissage, ennoblisse­ment, confection…) sont communes entre les industriel­s et partagées avec des auditeurs indépendan­ts. « Nous avons créé la première blockchain dans la filière », se réjouit Paul de Montclos.

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[OLIVIER MIRGUET] Paul de Montclos est aussi président du syndicat textile de l'Est.

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