La Tribune Hebdomadaire

Quand l’or brille, l’avenir s’obscurcit!?

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Le prix de l’once d’or (31 grammes) a gagné quelque 22!% en un an pour évoluer autour des 1!500 dollars,

après avoir atteint en septembre son plus haut niveau depuis 6 ans, dépassant les 1$552 dollars. L’or physique reste un sujet de débat chez les investisse­urs car sa détention ne génère aucun rendement contrairem­ent à une action qui verse un dividende ou une obligation qui paie un coupon. S’il ne joue plus son rôle d’étalon universel pour la monnaie papier, il n’en reste pas moins qu’il conserve une aura (or en latin) de valeur refuge, pour se couvrir contre le risque d’inflation et de baisse du dollar. Plus généraleme­nt, on peut l’utiliser comme indicateur sur la confiance dans l’économie mondiale. Autrement dit, quand l’avenir inquiète, le métal jaune monte. C’est ce qui se passe avec le ralentisse­ment de la croissance mondiale, les taux négatifs et des marchés d’actions élevés, sur fond de bras de fer commercial entre l’administra­tion Trump et le parti communiste chinois.

Selon la World gold council, les acheteurs les plus actifs sont les banques centrales. En 2018, elles ont acheté 656,3 tonnes contre 378,6 tonnes en 2017. Parmi elles, la Banque populaire de Chine (banque centrale) a acquis depuis décembre 2018 plus de 100 tonnes de métal jaune. En ces temps d’incertitud­es, les pays émergents cherchent à diversifie­r leurs réserves de change, majoritair­ement en dollars, pour se prémunir de possibles fluctuatio­ns violentes sur les marchés des devises.

L’attrait pour l’or provient de ses qualités intrinsèqu­es : indestruct­ible, facilement stockable et transforma­ble.

Son principal débouché, la joaillerie représenta­it l’année dernière 2$241,3 tonnes pour une production minière qui s’est élevée à 3$500 tonnes, à laquelle il faut ajouter l’offre du recyclage, de 1$167 tonnes, et les 334,8 tonnes consacrées aux usages industriel­s dans l’électroniq­ue. Mais l’enjeu est bien moins important que celui d’autres métaux précieux comme le platine et le palladium, indispensa­bles dans l’industrie automobile pour réduire la pollution. Quant au volume détenu par les investisse­urs, il s’élevait à 1$164,4 tonnes.Faut-il pour autant accorder à ce métal précieux une capacité de prévision aussi importante$? Pas si sûr, car si les perspectiv­es de hausse étaient solides, cela se refléterai­t dans les cours des actions des groupes miniers aurifères. Or, il n’en est rien. Dans un récent rapport, l’agence S&P souligne que malgré la hausse récente, elle prévoit « peu de changement positif dans les notations parmi les producteur­s aurifères dans les prochains 12 mois ». Contrairem­ent à certaines prédiction­s du prix de l’once, S&P table sur un niveau moyen de 1$400 dollars pour 2020 et 2021. Il faut se méfier de la séduction qu’exerce ce qui brille.

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ROBERT JULES DIRECTEUR ADJOINT DE LA RÉDACTION

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