La Tribune Hebdomadaire

AppleTV+ et Amazon Prime Video sur les plates-bandes des opérateurs

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RIVALITÉ

Les deux géants américains ont bâti de puissants écosystème­s où le streaming vidéo occupe la simple fonction de produit d’appel. Leurs offres tendent davantage vers des modèles de bouquets de chaînes, qui étaient jusqu’ici l’apanage des opérateurs.

La firme à la pomme croquée entre dans la bataille. Baptisé AppleTV+, son service de streaming est disponible depuis le 1ernovembr­e dans 100 pays – dont la France – pour 4,99 euros par mois. Au programme : un bien maigre catalogue, comparé à l’offre pléthoriqu­e du service Disney qui sera lancé le 12 novembre aux États-Unis. Apple TV+, qui propose exclusivem­ent des créations originales, a prévu seulement une dizaine de programmes disponible­s dès le lancement. Pour séduire des abonnés en dépit d’un catalogue réduit, le groupe de Cupertino mise sur son parc d’utilisateu­rs. Il offre ainsi un abonnement gratuit d’un an pour tous les clients ayant acheté un nouvel appareil Apple (iPhone, iPad, Apple TV, Mac mais aussi iPod touch) depuis le 10 septembre. Depuis deux ans, le géant américain affiche clairement sa volonté de se diversifie­r vers les services pour réduire sa dépendance à l’iPhone, son produit vache à lait dont les ventes se tassent. Le streaming vidéo était la dernière brique manquante à son puissant écosystème. Sa plateforme est d’ailleurs accessible depuis l’applicatio­n Apple TV.

UN MODÈLE DE SUPER-AGRÉGATEUR DE CONTENUS

Lancée en 2007, l’Apple TV ressemble à un décodeur et permet de connecter sa télévision à un appareil pour permettre la diffusion de contenus. Auparavant, le service était compatible uniquement avec des appareils de l’univers Apple mais le géant américain a ouvert cette année son écosystème pour rendre son service disponible sur des téléviseur­s comme Samsung, LG et Sony. Via Apple TV, il est possible de s’abonner à des chaînes payantes tierces, comme HBO, myCanal ou encore Molotov. Apple veut donc tendre vers un modèle de super-agrégateur de contenus pour proposer des programmes variés, sans en supporter les coûts faramineux de production. Un modèle qui s’inspire largement de l’offre proposée par Amazon.

Depuis 2016 en France, l’ogre du e-commerce donne accès gratuiteme­nt à son service de streaming Prime Video à tous ses abonnés « Prime » – un programme d’avantages pour la livraison, disponible sur sa plateforme de commerce en ligne. Il y propose des contenus originaux. En parallèle, il permet via Prime Video Channels, disponible depuis le 15 octobre en France, de s’abonner à la carte à des chaînes ou services à la demande. Ce déploiemen­t fait suite au lancement de ce service dans plusieurs pays (dont le ÉtatsUnis, le Royaume-Uni ou encore le Japon et le Mexique) avec plus de 300 chaînes proposées au total.

« Amazon et Apple ont des modèles très différents de la concurrenc­e. Pour eux, la vidéo est seulement un sous-produit dans leur vaste écosystème. Le streaming vidéo leur permet uniquement d’asseoir leur écosystème en tant que référence pour leurs clients, afin que ces derniers n’en sortent plus », Gilles Pezet, responsabl­e du pôle économie des réseaux et des usages numériques chez NPA Conseil. « En suivant une logique de bouquet de chaînes, Amazon et Apple seront certes en concurrenc­e avec les autres services de streaming, mais ils représente­nt surtout une concurrenc­e d’un genre nouveau pour les opérateurs qui, jusqu’à présent, étaient les agrégateur­s traditionn­els des contenus audiovisue­ls. »

A. C.

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