La Tribune Hebdomadaire

Les français Salto et Canal+ répliquent

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POSITIONNE­MENT

Sur un marché dominé par les Américains, les sites de streaming tricolores tentent de se démarquer. L’un en misant sur un ancrage national, l’autre en accentuant son rôle d’agrégateur de contenus pour devenir « une porte d’entrée » sur le marché de la vidéo à la demande par abonnement.

La télévision aussi se met à l’heure de la vidéo à la demande par abonnement. Face aux f i r mes a méricaines qui façonnent actuelleme­nt le marché du streaming, les acteurs français misent sur l’union de leurs forces avec Salto. Cette alliance unique en son genre regroupe dans une nouvelle société commune TF1, M6 et France Télévision­s – trois groupes, qui traditionn­ellement, s’affrontent au quotidien pour capter les téléspecta­teurs. Dans les tuyaux depuis juin 2018, Salto doit voir le jour courant 2020. Pour son catalogue, la plateforme s’appuiera sur la grille de programmat­ion de ses maisons mères, qui dépensent en cumulé plus de 3 milliards d’euros dans les contenus chaque année. Salto dit également vouloir produire des programmes inédits avec un fort ancrage national pour se distinguer des blockbuste­rs américains.

Alors que les actionnair­es avaient initialeme­nt doté le projet d’un budget de 45 millions d’euros sur trois ans, ils ont récemment revu à la hausse leur ambition avec un investisse­ment de 135 millions d’euros, rapportait le quotidien numérique La Lettre A, à la mi-octobre. Un budget très en-deçà des sommes faramineus­es déboursées par Netflix, leader du marché (voir page 6). L’idée est donc moins de devenir « un Netflix à la française » que de proposer « une offre complément­aire », affirme Gilles

Pezet, responsabl­e du pôle économie des réseaux et des usages numériques chez NPA Conseil. « L’enjeu est d’essayer d’exister dans cet univers du streaming pour rester attractif auprès des téléspecta­teurs, notamment les plus jeunes. La difficulté pour Salto sera de ne pas cannibalis­er les services de replay propres à chaque groupe » et d’être en mesure de proposer suffisamme­nt de contenus exclusifs pour déclencher les abonnement­s.

CANAL+ MUSCLE SON OFFRE

Face à la multiplica­tion de nouvelles plateforme­s sur le marché, Canal+, qui a pris le virage digital dès 2013 avec myCanal, a musclé sa propositio­n de valeur. Fidèle à son ADN historique d’agrégateur de contenus tiers, le groupe français a signé, pourlaprem­ièrefoisen­octobre, un accord de distributi­on avec Netflix. Le géant américain est accessible en s’abonnant au pack Ciné séries (34,90 euros par mois) qui donne aussi accès à OCS et Fox Play. « Canal+ se voit comme une porte d’entrée pour le consommate­ur dans cet univers pléthoriqu­e d’offres de streaming », explique JeanMarc Juramie, le directeur général adjoint antennes et programmes de Canal+. En parallèle, le groupe a scindé son offre pour proposer, depuis mars, un nouveau service, Canal+Séries (à partir de 6,99 euros par mois). « La série est devenue un genre majeur, et a toujours été un pilier éditorial chez Canal+, notamment avec nos créations comme Le Bureau des Légendes ou Versailles, affirme Jean-Marc Juramie. Avec le foisonneme­nt de services, les téléspecta­teurs souhaitent aussi des offres plus ciblées à des prix accessible­s. »

« Canal+ se voit comme une porte d’entrée pour le consommate­ur dans cet univers pléthoriqu­e d’offres de streaming » JEAN-MARC JURAMIE,

DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT ANTENNES ET PROGRAMMES DE CANAL+

A. C.

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[DR] TF1, M6 et France Télévision se sont unis pour proposer une plateforme commune. Baptisée Salto, elle se veut une offre à la française, complément­aire aux autres sites.

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