La Tribune Hebdomadaire

Wimoov relève le défi de l’accessibil­ité pour tous

- GIULIETTA GAMBERINI

S e r v i c e s d ’ a ut o - partage requérant une carte bancaire et une caution, vélos en free floating déblocable­s via des smartphone­s de dernière génération, tro!ine!es dont la conduite demande forme physique et prestance mentale… La multiplica­tion des nouveaux moyens de mobilité ne rime pas toujours, même lorsqu’ils sont plus propres, avec accessibil­ité. Les personnes à mobilité réduite, âgées, en situation de précarité financière ou pas à l’aise avec les outils numériques en restent exclues, alors même qu’elles le sont déjà des moyens de transport traditionn­els. Ces «"parias"» sont 7 millions aujourd’hui en France, pointe l’associatio­n Wimoov, fondée à Nanterre afin de faciliter le covoiturag­e en 1995, lorque les grèves paralysaie­nt les transports publics.

Pourtant, lorsqu’on leur vient en aide, notamment face à une «"urgence de mobilité"» pour des raisons profession­nelles, les bénéfices sociaux se font sentir. «! 42"% des 13"000! personnes que nous accompagno­ns chaque année retournent à l’emploi ou en formation "» , souligne la présid e nt e d e l ’ a s s o c i a t i o n, Florence Gilbert. Wimoov, qui aujourd’hui compte 150" salariés répartis sur 25"plateforme­s autour de la France, insiste notamment sur l’importance de l’humain. «!Nos “conseiller­s mobilité” identifien­t avec chaque personne en difficulté ses problèmes particulie­rs d’accès aux transports : physiques, cognitifs, matériels, etc. Puis, ils l’aident non seulement à chercher les solutions localement disponible­s les plus adaptées à son cas, mais également à effectuer les formalités nécessaire­s pour y accéder. Ils l’accompagne­nt ensuite jusqu’à ce qu’elle devienne autonome. "»

ARRÊTER LE TRAVAIL EN SILO

Problème : l’offre d’un accompagne­ment de ce type reste encore trop fragmentée en France. La plupart des organismes qui travaillen­t pour une mobilité plus inclusive n’ont qu’une dimension locale. Et même Wimoov, qui peut s’appuyer sur une structure nationale, reste aujourd’hui limitée par un fonctionne­ment fondé sur les «! prescripti­ons"» de ses partenaire­s : Régions, Conseils d é p a r t e mentaux, p ô l e s emploi, hôpitaux, Ehpad, etc. Chacun agissant pour un public spécifique, explique Florence Gilbert. C’est pourquoi l’associatio­n d’une part insiste sur la nécessité de mieux former le personnel de ses partenaire­s et d’informer davantage le public de ses droits. D’autre part, elle mise beaucoup sur la loi d’orientatio­n des mobilités, qui instaure un droit à la mobilité pour tous, délègue aux Régions la compétence en matière de mobilité inclusive et confie à des conférence­s des partenaire­s la création de plans d’action territoria­ux. Si mise en oeuvre, «!elle permettra d’arrêter de travailler en silo et d’ainsi réduire l’écart!» entre besoins et offre, parie Wimoov, qui espère devenir «!délégatair­e de service public de mobilité inclusive!».

Dès 2020, l’associatio­n créera avec la Fondation Nicolas Hulot un baromètre afin de suivre les avancées. Ce changement d’approche aurait également un effet positif sur l’environnem­ent : «! Nous avons mesuré notre impact : 74! % de nos bénéficiai­res recourent à une mobilité plus propre après nous avoir rencontrés!», se réjouit Florence Gilbert. Elle en est convaincue : si les mobilités propres ne sont pas toujours plus inclusives, l’inverse est en revanche vrai.

 ?? !WIMOOV" ?? Chaque année, les «!conseiller­s mobilité!» de l’associatio­n Wimoov accompagne­nt 13"000 personnes en di#culté jusqu’à ce qu’elles deviennent autonomes.
!WIMOOV" Chaque année, les «!conseiller­s mobilité!» de l’associatio­n Wimoov accompagne­nt 13"000 personnes en di#culté jusqu’à ce qu’elles deviennent autonomes.

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