La Tribune Hebdomadaire

« Il faut me!re de l’humanité dans l’architectu­re »

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TENDANCES.

JEAN-MICHEL WILMOTTE – Notre défi est de s’adapter aux nouvelles façons de vivre et de travailler, tout en étant économe de moyens et en respectant l’impact carbone. Il faut créer des lieux où les gens se sentent bien et n’ont pas besoin d’exprimer leur agressivit­é pour compenser leurmal-êtredansle­urlogement. Je pense qu’il faut me!re de l’humanitéda­nsl’architectu­re,il faut donner de l’espace aux gens, ne pas conditionn­er les logements à de microsurfa­ces.

Comment relever ce défi quand le foncier devient rare et cher"?

Il faut être créatif, faire sauter les barrières et les interdits. Le futur est tourné vers le respect et l’engagement moral. Il manque peut-être aujourd’hui cette dimension de moralité dans l’architectu­re. Ce n’est pas le tout de faire une architectu­re pour les signes extérieurs, il faut également réaliser une architectu­re pour les hommes et les femmes qui y habitent. On ne peut pas faire vivre bien dans des espaces trop confinés.

Comment déclinez-vous cette ambition"?

Je crois à plusieurs choses. D’abord à la réversibil­ité : demain,unimmeuble­debureaux peut en partie ou totalement devenir un hôtel, ou une résidence. Je crois aussi à"la souplesse, la flexibilit­é. Aujourd’hui, les bureaux sont largement partagés, demain ils"doivent pouvoir devenir plus séquencés, plus fermés. Il faut de plus se préparer à l’évolution des usages et à la digitalisa­tion, et à accompagne­r tous ces changement­s.

À Lyon, vous êtes engagé sur des projets forts et très di#érents. Quel est leur point commun à tous"?

Notre objectif reste pour chacun la recherche d’une a!ention très qualitativ­e pour parvenir à quelque chose de différent. Travailler sur le futur campus du numérique à Charbonniè­res, près de Lyon, c’est redonner vie à des espaces administra­tifs en leur consacrant un nouvel usage, car des jeunes pousses de demain vont s’y développer à l’ombre des majors. Aux Douanes, il y avait aussi la mémoire et la volumétrie de ce bâtiment auquel j’ai proposé une robe grillagée. C’était presque un peu courageux au départ, puisque c’était le premier, mais il a donné la note pour"le futur.

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOISE SIGOT

Cette démarche est aussi celle qui vous guide dans le projet que vous débutez dans la station d’Aime-La!Plagne, en Savoie"?

À Aime-La Plagne, nous sommes sur un lieu presque mythique. On nous a demandé de réaliser un nouveau quartier autour de ce bateau de l’architecte Michel Bezançon. Nous avons donc dessiné ce lieu suivant le principe de la greffe urbaine. Un projet contempora­in, inspiré du décor montagneux, construit en bois massif, un matériau bas carbone, biosourcé et entièremen­t recyclable, qui dialoguera avec des bâtiments érigés il y a quarante-cinq ans, dont le « paquebot ». C’est donc à l’avenir un véritable quartier qui accompagne­ra ce bâtiment qui jusque-là était tout seul.

 ?? !JEAN GRISONI" ?? L'architecte aux signatures internatio­nales a aussi marqué de son empreinte la région Auvergne-Rhône-Alpes, et en particulie­r la capitale des Gaules.
LA TRIBUNE –!Quels sont les défis à relever aujourd’hui et plus encore demain en matière d’architectu­re"?
Jean-Michel Wilmotte croit en la réversibil­ité des bâtiments.
!JEAN GRISONI" L'architecte aux signatures internatio­nales a aussi marqué de son empreinte la région Auvergne-Rhône-Alpes, et en particulie­r la capitale des Gaules. LA TRIBUNE –!Quels sont les défis à relever aujourd’hui et plus encore demain en matière d’architectu­re"? Jean-Michel Wilmotte croit en la réversibil­ité des bâtiments.

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