La Tribune Hebdomadaire

Un monde de plus en plus plastique

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Les plastiques, issus en large partie de la production pétrolière, prolifèren­t entre autres sous la forme d’emballages.

Ils sont accusés d’être responsabl­es d’une partie de la pollution, notamment dans les océans, où plus de 700$espèces aquatiques sont impactées par les sacs en plastique. C’est la raison pour laquelle en Europe, il a été décidé de bannir les sacs jetables ou uniques (d’une épaisseur inférieure à 50$microns) pour leur substituer des sacs réutilisab­les (d’une épaisseur supérieure à 50$microns et donc contenant plus de plastique).

Or, selon un rapport publié au Royaume-Uni par l’Environmen­tal Investigat­ion Agency et Greenpeace, donc peu suspect d’être complaisan­t avec les groupes pétroliers et de chimie, l’alternativ­e apparaît pire que le coupable. Selon l’enquête menée auprès de dix grandes enseignes au Royaume-Uni, 1,5 milliard de sacs plastiques réutilisab­les ont été vendus depuis le début de l’année, soit 54$sacs par ménage. Ce qui su%gère que les consommate­urs en rachètent régulièrem­ent au lieu de les réutiliser. Comme l’objectif était de réduire la consommati­on de plastique, c’est un échec. En outre, le rapport précise que si l’on ajoute les emballages des produits, le volume total de plastiques dans ces grandes surfaces a augmenté de quelque 17#000$ tonnes entre 2017 et 2018. Bref, en voulant diminuer l’usage du plastique, on l’augmente. Le rapport par ailleurs éreinte les plastiques biodégrada­bles produits à partir de matières premières agricoles, une « fausse solution », puisqu’en 2013 600#000$hectares de terres agricoles ont été nécessaire­s pour produire 1,6 million de tonnes de plastiques, soit 0,05#% de la demande mondiale de plastiques en 2015.

Il en est de même pour le coton. Une étude de l’Environmen­t Agency au Royaume-Uni datant de 2011

indique que pour réduire le volume de gaz à effet de serre au niveau nécessaire à la production d’un sac en polyéthylè­ne haute densité, il faut réutiliser un sac en papier 3 fois, un sac de polyéthylè­ne basse densité 4 fois, un sac polypropyl­ène non tissé 11 fois et un sac en coton… 131 fois#! Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le plastique ait un avenir. L’année dernière, l’Agence internatio­nale de l’énergie (AIE) estimait qu’entre 2017 et 2030 la demande pétrolière augmentera de 9,6 millions de barils par jour (mbj), alors que la consommati­on mondiale est aujourd’hui supérieur à 100$mbj. Or la plus large part (3,2$mbj) sera captée par les produits pétrochimi­ques (voir graphique). Selon l’AIE, ce dernier secteur va augmenter de 60#% entre 2018 et 2050, date à laquelle les plastiques représente­ront 60#% de la pétrochimi­e. Quand à la pollution, plutôt que de se focaliser sur la disparitio­n du plastique, il faut développer son recyclage.$

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ROBERT JULES DIRECTEUR ADJOINT DE LA RÉDACTION

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