La Tribune Hebdomadaire

Avec les oeufs Poulehouse, le consommate­ur finance la retraite des poules

- NATHALIE JOURDAN

ROUEN Fini, l’abattage prématuré pour cause de baisse de la productivi­té!! Dans les élevages de la startup normande Poulehouse, les pondeuses meurent de leur belle mort.

Le saviez-vous!? Une poule pondeuse vit en moyenne jusqu’à six" ans, mais rares sont celles qui atteignent cet âge avancé. L’immense majorité est envoyée à l’aba#oir à 18"mois, dès lors que leur productivi­té fléchit. La startup rouennaise Poulehouse a été créée pour prendre le contre-pied de ce modèle, au nom du bien-être animal. Elle se fla#e de proposer « le premier oeuf qui ne tue pas la poule ». Le concept est aussi simple que vertueux. En payant le juste prix (entre 4 et 6 euros la boîte de six oeufs, selon qu’ils sont bio ou de plein air), le consommate­ur finance la fin de vie des poules. « C’est une forme de retraite par capitalisa­tion » , sourit Fabien Sauleman, le président de Poulehouse. La société, qui possède sa propre ferme dans le Limousin, est associée à des producteur­s qui s’engagent à élever les gallinacée­s en plein air et sans aba#age en échange d’une rémunérati­on bonifiée, jusqu’à 25!% au-dessus du prix du marché. Lancée en 2017, la marque connaît un succès retentissa­nt. En deux ans, plus de 3"millions d’oeufs ont été écoulés en France et en Belgique, notamment grâce à un partenaria­t avec Carrefour. De quoi se sentir pousser des ailes.

UNE LEVÉE DE

3,5 MILLIONS D’EUROS

Après une première levée d’un million d’euros, Poulehouse vient de finaliser un second tour de table de 3,5 millions auprès de Quadia et des fonds régionaux de la Caisse d’Épargne et de Normandie Participat­ions. L’objectif!? « S’imposer comme la référence de l’oeuf éthique » en développan­t son réseau de fermes et en partant à la conquête de marchés parallèles, restaurati­on ou produits transformé­s. Pour affermir ses promesses éthiques, Fabien Sauleman veut aussi généralise­r chez ses partenaire­s la solution de « sexage in ovo » développée aux Pays-Bas par une startup allemande, Sele%gt. Cette technique permet, grâce à un simple prélèvemen­t dans l’oeuf, de déterminer le sexe du futur poussin. « Elle évite, puisque l’on ne couve plus que les femelles, le broyage cruel des poussins mâles. » Un couvoir expériment­al pourrait voir le jour en Normandie. De l’eugénisme pour la bonne cause, en somme.

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