La Tribune Hebdomadaire

Patrick Mouratoglo­u, service gagnant

- LAURENCE BOTTERO

«!Jusqu’à présent, j’ai!toujours refusé les!propositio­ns de dupliquer le modèle ailleurs. Mais désormais, nous sommes prêts!»

SOPHIA!ANTIPOLIS – Le coach qui a redonné confiance à Serena Williams, c’est lui. C’est lui aussi qui a installé sa Mouratoglo­u Academy sur 12! hectares, en plein coeur de la première technopole d’Europe, là où il est davantage question d’innovation que de petite balle jaune. Pourtant, business et disruption vont aussi bien ensemble. Quitte à faire bouger les lignes.

Son nom est forcément associé à celui de Serena Williams. Car un beau jour de 2012, c’est vers ce coach que se tourne celle qui est alors n° 5 mondiale et en pleine crise de foi. Une rencontre qui signe le début d’un « Dynamic Duo » perme!ant à la joueuse américaine de renouer avec la victoire et d’entrer dans l’histoire. Si être le coach de l’une des plus grandes tenniswome­n du monde a forcément un peu plus mis la lumière sur lui, Patrick Mouratoglo­u est surtout perçu comme celui qui décèle les graines de champions comme Coco Gauff, Stéfanos Tsitsipás, Alexei Popyrin… D’ailleurs, c’est précisémen­t pour donner aux jeunes talents une chance d’accéder au haut niveau que Patrick Mouratoglo­u a créé sa propre académie, née aux alentours de Paris avant de « descendre » dans le Sud, en 2016, et de s’implanter au coeur de Sophia Antipolis.

PILE DANS L’AIR DU TEMPS

« J’avais connu la frustratio­n de ne pas pouvoir arriver pro, j’ai eu envie de donner une chance aux jeunes talents d’y parvenir. » Si le montant de l’investisse­ment consenti pour aménager l’endroit – un ancien golf – demeure secret, l’académie fonctionne depuis comme une véritable ruche. Et ça, c’est grâce au business model développé par Patrick Mourataglo­u, l’homme d’affaires. Car derrière le coach, il y a le businessma­n. Qui sent les tendances, sait surfer dessus, s’en inspirer. Aussi, plutôt que de donner vie simplement à un centre sport-études, c’est un resort entier qui est pensé. « Je me suis rendu compte qu’il existait des activités connexes et annexes, que les infrastruc­tures sportives, non utilisées lors de certains créneaux horaires, pouvaient aussi faire partie d’un country club », détaille Patrick Mouratoglo­u. Aux 34 courts disponible­s en dur ou en terre battue, s’ajoutent entre autres un centremédi­co-sportifetu­ncomplexe hôtelier 4 étoiles, proposé sous l’enseigne Beachcombe­r. Ou comment développer un concept pile dans l’air du temps, même si Patrick Mouratoglo­u préfère rester discret sur le chiffre d’affaires généré. Un concept qui a pris le temps de faire ses preuves et qui va être dupliqué, notamment dans un resort de luxe, en Grèce, « construit pour nous », dès l’an prochain, ainsi qu’en Malaisie, à Kuala Lumpur, pour un programme sport-études dans une pensiondeh­autniveau. « Jusqu’à présent, j’ai toujours refusé les propositio­ns de dupliquer le modèle ailleurs. Mais désormais nous sommes prêts. » À Sophia Antipolis, l’enseigne Beachcombe­r a par ailleurs laissé la place à… Mouratoglo­u. Question de cohérence, est-il avancé. L’opération constitue aussi les premiers pas dans l’hôtellerie.

Comment ne pas parler technologi­e quand on est installé au sein de la première technopole européenne#? Sur le sujet, Patrick Mouratoglo­u a des idées claires – « Il faut savoir exactement ce que le marché a!end », « utiliser le bon sens. La techno doit permettre au joueur de gagner plus encore demain » – et des projets. Comme ce!e plateforme digitale, média à part entière lancée début 2020, proposant du contenu, dévoilant les coulisses et les entraîneme­nts de joueurs, parlant matériel… Un projet mené avec Reworld Media et dans la peau de l’investisse­use… Serena Williams. Lorsque l’on évoque son coeur de métier, qui demeure tout de même le tennis, Patrick Mouratoglo­u ne se fait pas prier pour monter au filet. « La discipline a du mal à attirer les jeunes. Il faut dire que la moyenne d’âge des fans est de 62"ans. Ce que je demande aux instances internatio­nales, c’est de reme!re au goût du jour les recettes des années" 80 », ces années où les McEnroe, Borg et Leconte ne craignaien­t pas d’exprimer leur colère et leurs émotions sur les courts. « Nous n’apprenons rien à nos enfants en voulant montrer des gens en apparence parfaits. Les jeunes qui arrivent sur le circuit doivent pouvoir exprimer leur personnali­té. On doit également autoriser le coaching pendant le match, cela créerait des interactio­ns et perme!rait aux spectateur­s de comprendre le tennis. Si on blâme des joueurs parce qu’ils sont passionnés, alors on n’a rien compris. La passion, c’est la vie. »"

«#La technologi­e doit permettre au joueur de gagner plus encore demain#»

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# MOURATOGLO­U ACADEMY$ L’entraîneur et homme d’a"aires Patrick Mouratoglo­u a eu la bonne idée de créer un complexe hôtelier plutôt qu’un simple centre!sport-études.

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