La Tribune Hebdomadaire

Nexeya, CLS, Photonis… une gestion au cas par cas

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Acôté d’opérations comme la vente de Morpho à Advent, la cession de la PME HGH à Carlyle ou le rachat de Latécoère par Searchligh­t, la France a également su prendre des initiative­s pour mieux protéger sa base industriel­le et technologi­que de défense (BITD). L’exemple le plus édifiant reste la vente de Nexeya par ses actionnair­es historique­s au groupe allemand Hensoldt, détenu par le fonds américain KKR. Le ministère des Armées a imposé aux actionnair­es de Nexeya d’exclure de la vente l’activité spatiale (Nexeya Space) ainsi que certaines activités de défense liées à la souveraine­té française. Soit 36 millions d’euros de chiffre d’affaires (200#salariés).

Ces activités considérée­s comme critiques ont été dans un premier temps distinguée­s des autres activités de Nexeya, puis rassemblée­s dans une nouvelle société baptisée Hemeria, principale­ment spécialisé­e dans les nanosatell­ites.

CLS, UN ACTIF QUI FILE EN BELGIQUE

La Compagnie nationale à portefeuil­le (CNP), société d’investisse­ment belge du groupe Frère, qui se propose de racheter une participat­ion majoritair­e du capital de la pépite technologi­que CLS (Collecte Localisati­on Satellites), a dû déposer, fin novembre, un dossier à la Direction générale des entreprise­s (DGE) dans le cadre de la procédure des investisse­ments étrangers en France (IEF).

Si tout se passe bien, la procédure devrait durer deux mois minimum à compter du dépôt du dossier. L’État français, qui aurait pu imposer un acheteur français –#la banque Rothschild était sur les rangs#–, a laissé filer cet actif en Belgique. Il faut cependant préciser que le Centre national d’études spatiales (Cnes) devrait rester actionnair­e à hauteur de 35!% de l’opérateur des célèbres balises Argos. Après quelques hésitation­s, l’État français a entrepris par ailleurs de trouver un actionnair­e français de référence à Photonis, qui fournit les forces spéciales de tous les pays de l’Otan. Mis en vente par le fonds Ardian, ce leader mondial de la conception et de la fabricatio­n de tubes d’intensific­ation d’image de pointe pour les militaires intéresse très fortement des groupes américains notamment. Après avoir vainement tenté de convaincre Thales et Safran de racheter Photonis, l’État a récemment sollicité d’autres industriel­s français. La fin de l’histoire reste à écrire.

Ainsi, quand la France veut, elle choisit de s’en donner les moyens. C’est une simple question de volonté politique. Avec le renforceme­nt de la procédure IEF, l’État dispose, via la Direction générale des entreprise­s, d’une palette d’outils plus large pour préserver ses pépites et ses entreprise­s stratégiqu­es lors d’une opération de contrôle par un investisse­ur étranger.

PAS DE "!PROXY AGREEMENT!# FRANÇAIS

Mais pas question pour le moment d’envisager une solution de type «# Proxy agreement#» à la française, à l’image de ce qu’impose l’administra­tion américaine à des investisse­urs étrangers lors d’un rachat d’une société considérée comme stratégiqu­e pour les États-Unis. Un dispositif qui limite drastiquem­ent les droits de l’investisse­ur étranger au sein même de sa société gérée par trois administra­teurs américains, qui eux-mêmes désignent les dirigeants de la société.#

M. C.

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$PHOTONIS% Photonis est le leader mondial de tubes d’intensific­ation d’image pour les militaires. La PME bordelaise, mise en vente par le fonds Ardian, intéresse plusieurs groupes américains.
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