La Tribune Hebdomadaire

Comment la coopérativ­e Biocer creuse son sillon dans le grand Ouest

- NATHALIE JOURDAN

NORMANDIE Pionnière de la collecte de céréales bio dans le grenier français du blé, la coopérativ­e Biocer investit 10!millions d’euros pour répondre à l’explosion de la demande.

Il fallait être doué d’un certain flair et doté d’une bonne dose de culot pour lancer, il y a trente ans, une coopérativ­e céréalière 100#% bio dans le berceau français des grandes cultures agro-industriel­les. L’aventure débute en 1988 dans la riante commune du Plessis-Grohan, dans l’Eure, à l’initiative d’une poignée d’agriculteu­rs militants. Les débuts sont modestes. «!À l’origine, une grande partie du stockage était réalisé dans la ferme du fondateur, le premier silo n’a vu le jour qu’en 2003!», se souvient Olivier Reboul, président de Biocer.

Trois décennies plus tard, la coop récolte ce qu’elle a semé. Portée par la vague récente des conversion­s, son nombre d’adhérents a bondi de 50#% et la collecte d’un tiers en cinq ans. Son terrain de jeu s’ est élargi du bassin parisien aux fr anges des Hauts-de-France et jusqu’au Val de Loire. Son grain provient désormais de 24!départemen­ts du grand Ouest et de plus de 230!fermes. Très liée avec le réseau des Biocoop avec qui elle possède un fournil en Île-de-France, elle a aussi développé des activités connexes de transforma­tion (farines, lentilles, pain…) et de production de semences. Le regain d’intérêt des consommate­urs, mais aussi l’arrivée sur son marché des grandes coopérativ­es appâtées par l’essor du label AB, la poussent aujourd’hui à changer d’échelle, autant pour conserver son leadership que pour anticiper les mutations qui s’annoncent dans le monde paysan.

MONTAGE FINANCIER INÉDIT

«!Depuis 2016, la demande de céréales bio est supérieure à l’offre!», rappelle son président. Au prix d’un montage financier inédit qui associe la BPI, l’Agence de l’eau, l’Agence Bio, un investisse­ur privé de l’économie sociale et solidaire et une coopérativ­e normande convention­nelle, Biocer a investi 6!millions d’euros pour construire, près d’Évreux, un équipement de stockage et d’ensachage de grande capacité qui sera bientôt rejoint par une meunerie d’un coût de près de 4!millions. De quoi répondre à la demande croissante des boulangeri­es et enseignes spécialisé­es. « Nous démontrons que l’agricultur­e biologique n’est pas rétrograde et qu’elle est capable de rentabilis­er des outils spécialisé­s performant­s!», conclut Olivier Reboul. Un retour vers le futur de la bio en somme.!

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