La Tribune Hebdomadaire

Christophe Courtin, le visionnair­e

- LAURENCE BOTERRO

SOPHIA!ANTIPOLIS Créateur de Santiane, la toute première assurtech hexagonale, Christophe Courtin continue d’appliquer sa vision disruptive à l’immobilier de bureaux, désireux de bousculer l’offre de Sophia-Antipolis, première technopole d’Europe. Tout en gardant un pied dans l’innovation, endossant un costume de business angel aguerri et au regard bienveilla­nt.

Disrupteur un jour, disrupteur toujours. Voilà qui pourrait résumer l’état d’esprit de Christophe Courtin. En 2006, alors que les Gafa ne sont encore qu’un concept, il lance ce qui peut être considéré comme la première assurtech française en créant, à Nice, le comparateu­r d’assurances en ligne Santiane. Une idée innovante, à laquelle « très peu de personnes croyaient », se souvient-il. Pour lui, en revanche, elle va de soi. « Ayant eu mon premier ordinateur à 12!ans, en 1991, et Internet en 1999, j’ai été!très tôt converti à cet écosystème. J’étais convaincu qu’Internet serait un canal prédominan­t de consommati­on. Cela paraît évident aujourd’hui, mais ça ne l’était pas en 2006!:!les smartphone­s n’existaient pas encore, Facebook et Amazon étaient quasi inconnus… » Au fil des années, Santiane grandit. Christophe Courtin en cède les rênes en 2015, avant de sortir définitive­ment du capital en 2018. Entre-temps, ce diplômé de Paris-Dauphine, qui a créé sa toute première entreprise en 1999, à l’âge de 20!ans, se tourne vers un autre domaine, pas vraiment tech mais qu’il entend bien chambouler aussi : l’immobilier d’entreprise. Un secteur qui l’a toujours passionné et « n’a pas encore été disrupté ». Pour deux raisons simples, analyse-t-il : un ticket d’entrée très élevé et des acteurs installés de longue date, pétris d’habitudes, qui doivent pourtant se réinventer face à l’arrivée des nouvelles génération­s et des nouveaux usages de travail.

Tant qu’à bouleverse­r le secteur, autant le faire sur la première technopole d’Europe, Sophia-Antipolis, réputée pour son aura en matière d’innovation… mais pas pour la qualité de ses bureaux"! « Il y a une vraie dichotomie à SophiaAnti­polis. D’un côté, elle est la première technopole européenne et l’innovation y est omniprésen­te"; de l’autre, la majorité des bureaux sont obsolètes et peu a#ractifs. Pourtant, de très grandes entreprise­s, certaines internatio­nales, sont installées ici et disposent d’autres bureaux dans le monde bien plus modernes et adaptés, capables de développer la créativité des collaborat­eurs. J’ai pensé que nous devions leur proposer le même standard, et même davantage. Il ne faut pas oublier que ce sont majoritair­ement des activités de R&D qui y sont implantées. »

Sa foncière, Courtin Real Estate, s’est spécialisé­e notamment dans la rénovation de structures existantes. Actuelleme­nt, deux programmes l’occupent, Centrium (13"500 m2) et Naturae (6"000 m2). Comme pour Santiane, Christophe Courtin déroule un plan de développem­ent ciselé, avec un objectif précis de 60"000 m2 rénovés d’ici à 2023 – 21"000 m2 l’ont déjà été. À!des endroits stratégiqu­es de la technopole, bien sûr.

UN HYPERACTIF DANS LE MONDE DE LA TECH

Pourtant, même l’exigence du secteur immobilier, gourmand en énergie, ne suffit pas à contenter cet hyperactif qui endosse un autre costume, celui de business angel. Car peut-on réellement qui#er le monde fascinant de la tech"? Sans doute pas"! Via Courtin Investment, il continue de veiller sur le monde des startups. « Après la cession de Santiane, j’ai décidé de faire bénéficier de mon expertise d’autres entreprene­urs du numérique. À!ce jour, j’ai investi dans une cinquantai­ne de startups comme Yuka, pour n’en citer qu’une, cette applicatio­n utilisée par plus de 12 millions de Français. Je suis d’ailleurs très fier de son impact sociétal. » Également investisse­ur au sein d’1Kubator, réseau présent à Nantes, Lyon ou Bordeaux, il déplore qu’en matière de capital-risque la France soit bien plus frileuse que les pays anglo-saxons. Doit-on s’attendre à voir Christophe Courtin investir demain un autre secteur"? « Tout est possible car je suis un entreprene­ur dans l’âme et j’aime relever de nouveaux challenges"! Mais, entre l’immobilier et mes investisse­ments dans le digital, j’ai trouvé un excellent équilibre. »

«#Ayant eu mon premier ordinateur à 12#ans, en 1991, j’ai été très tôt convaincu qu’Internet serait un canal prédominan­t de consommati­on#»

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!DR" Assurtech, immobilier d’entreprise, activité de business angel… De son propre aveu, Christophe Courtin est «!un entreprene­ur dans l’âme!».

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