Le pacte productif vert, la plus épineuse des réformes à venir
CHANTIER Emmanuel Macron entend baisser la fiscalité sur la production tout en prônant une croissance bas carbone, compte tenu de l’urgence climatique. Un pari risqué dans un environnement budgétaire contraint.
Pacte productif, fiscalité de production, baisse des émissions de CO2…, l’exécutif doit s’attaquer à de vastes chantiers dans les prochains mois. Si la plupart des grandes réformes économiques et sociales du quinquennat sont déjà sur les rails, le gouvernement est déterminé à poursuivre son action d’ici à 2022. Le 21 janvier, lors d’un discours à l’Élysée devant 500 patrons d’entreprises de taille intermédiaire (ETI), Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de ne pas favoriser uniquement les entreprises du CAC 40. «!Je souhaite que les ETI, et avec elles les PME de croissance, puissent véritablement à nouveau prendre toute leur place au coeur de notre stratégie et des décisions qui sont aujourd’hui à prendre [...] Elles doivent l’être pour les années à venir, en particulier autour du pacte productif que nous préparons pour le printemps prochain.!» Entre l’accélération de la modernisation de l’appareil productif et la prise en compte de l’urgence climatique, le gouvernement doit faire face à un véritable casse-tête.
Les orientations du pacte productif devraient être annoncées dans les prochaines semaines par le président de la République. Lors de ses voeux à la presse, début janvier, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire a expliqué qu’il s’agit de «!définir les secteurs d’activité sur lesquels nous estimons nécessaire d’investir massivement dans les prochaines années pour préserver les atouts productifs de la France et en développer de nouveaux!».
Lancé depuis juin 2019, ce dispositif se concentre autour de six thématiques «! prioritaires!». Il s’agit de l’agroalimentaire, la transition énergétique, l’industrie, les innovations technologiques, le numérique et les compétences. Bruno Le Maire a l’ambition d’en faire un « pacte vert!» (lire aussi page!4). Le comité de pilotage a procédé à plusieurs consultations et discussions auprès des filières industrielles et des organismes de recherche pour définir les marchés stratégiques en 2025 et en 2030. L’objectif est d’atteindre le plein-emploi en 2025.
UNE TRANSITION COÛTEUSE EN EMPLOIS
Le gouvernement pourrait avoir des difficultés pour concilier l’objectif du plein-emploi et la baisse des émissions de CO2 dans son pacte productif. Face à ces immenses défis, la présidente du Haut conseil pour le climat (HCC), Corinne Le Quéré, a adressé plusieurs recommandations au ministère de l’Économie début décembre. Dans une missive, elle rappelle la nécessité « !d’assurer la compatibilité du pacte productif 2025 avec la stratégie nationale bas carbone!». Ce"e orientation doit devenir «!la pierre angulaire de l’économie française!». La climatologue considère que ce"e transformation ne pourra se faire que si tous les axes du pacte productif sont concernés. Corinne Le#Quéré défend notamment «!la relocalisation de la production perme"ant de diminuer la part importée de l’empreinte carbone!». En outre, ce"e transition pourrait faire des dégâts en termes d’emplois. Le Haut conseil pour le climat recommande de me"re l’accent sur le volet des compétences et des formations pour 2025 afin de limiter la casse dans des régions déjà frappées par la désindustrialisation et la récession de 2008.
Pour a"eindre ce"e stratégie bas carbone, la présidente du HCC rappelle également que «!donner une valeur au carbone encourage l’ensemble des acteurs du pacte productif à faire des choix alignés avec la neutralité carbone!» en s’inspirant du rapport Quinet. Dans ce document, l’économiste Alain Quinet propose de fixer un prix du carbone à 250 euros la tonne en 2030. Après la révolte des «#gilets jaunes#», le#gouvernement avait décidé de geler le prix de la tonne de#carbone à 44 euros. Il n’est pas sûr que l’exécutif retienne les propositions du Haut conseil pour le climat après ce"e colère sans précédent. #
EN FINIR AVEC LES IMPÔTS DE PRODUCTION
C’est un serpent de mer dans les milieux patronaux. «!Face au risque de déclassement de notre production!» et la désindustrialisation de l’économie française, Bruno Le Maire a indiqué qu’il voulait réduire les taxes sur l’appareil productif lors d’un grand raout organisé à Bercy cet automne. «!Notre fiscalité de production est trop élevée par rapport à nos voisins européens. Elle est sept fois plus élevée qu’en Allemagne et deux fois plus élevée que la moyenne de la zone euro!», a-t-il martelé. Pour trouver des pistes de