La Tribune Hebdomadaire

Sitôt commencée, l’année du Rat de métal se grippe

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L’année du Rat de métal s’est ouverte le 25 janvier, au moment même où l’on tirait le signal d’alarme pour le coronaviru­s en Chine.

Tout comme le Sras en 2003, les conséquenc­es de la nouvelle épidémie sur l’économie chinoise et le tourisme mondial seront inévitable­s en 2020, même s’il est encore difficile de les quantifier pour l’instant. Ce nouveau défi imprévu, qui devra être dépassé par la persévéran­ce humaine, s’ajoute à la guerre commercial­e sino-américaine qui dure depuis plus de dix-huit mois déjà. Les deux puissances ont enfin signé un premier accord, dit « phase 1 » : les taxes douanières seront abaissées ou supprimées sur 280 milliards de dollars de produits chinois, et l’empire du Milieu s’engage à acheter 200 milliards de dollars de biens américains supplément­aires sur deux ans. En revanche, 25"% de droits de douane sont encore maintenus par Washington sur 250 milliards de produits chinois.

Cet accord s’inscrit dans un contexte de pressions économique­s pour les deux parties : en 2019, le PIB chinois a progressé de 6,1"%, le plus bas depuis près de trente ans"; les exportatio­ns chinoises ont progressé de seulement 0,5"%, à comparer à + 9,9"% en 2018 (en dollars). Aux États-Unis, la croissance économique ralentit également, et l’impact des hausses de droits de douane sur le PIB américain a été estimé à 0,6"%. À court terme, cet accord permet de réduire les tensions commercial­es entre les deux pays, de créer un meilleur environnem­ent d’exportatio­ns en Chine et d’aider Trump à rassurer les agriculteu­rs et électeurs américains. En revanche, il ne résout pas encore tous les problèmes de taxes douanières et dépendra aussi des éléments politiques ou économique­s à moyen et à long terme. Son implémenta­tion nécessiter­a beaucoup de temps et de discussion­s, ainsi qu’une meilleure compréhens­ion et des adaptation­s mutuelles. Surtout, l’accord couvre également d’autres sujets compliqués : la propriété intellectu­elle, le transfert de technologi­es, les services financiers, les questions de taux de change et de transparen­ce, l’expansion du commerce…

Au fond, cette « guerre » est non seulement économique, mais aussi technologi­que, géopolitiq­ue, voire idéologiqu­e";

avec la montée en puissance de la Chine, les divergence­s d’intérêts entre les deux pays deviennent inévitable­s. Comme l’a dit Donald Trump lui-même, en mai 2019, lors d’une interview publique : « La Chine ne deviendra pas numéro 1 mondial sous ma présidence. » Ce#e phrase nous rappelle les sanctions et les interventi­ons américaine­s contre l’économie japonaise dans les années 1980, dont les accords du Plaza. La Chine et les ÉtatsUnis sont déjà entrés dans une nouvelle phase de relations, où chacun va essayer de se construire un avantage stratégiqu­e sur l’autre. Désormais, la Chine est obligée d’approfondi­r ses réformes économique­s et de renforcer ses capacités d’innovation. On peut toutefois espérer que les deux parties trouvent également quelques terrains d’entente à l’occasion de ce#e année du Rat, le premier signe du zodiaque chinois, qui symbolise l’intelligen­ce et la vitalité.

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