La Tribune Hebdomadaire

Tousse en quarantain­e!?

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Annulation probable du Salon mondial du mobile de Barcelone, report du Grand Prix de Formule 1 en Chine,

inquiétude­s pour les JO de Tokyo… la crise provoquée depuis l’apparition du coronaviru­s en Chine est en train de virer à la psychose. Et si le confinemen­t imposé aux millions d’habitants des grandes villes chinoises venait à s’étendre au monde entier!? Même si on n’imagine pas Paris, Londres et New York soumises au même régime que Wuhan et Pékin, les images de ces villes fantômes alimentent les peurs. Pour l’heure, les mesures drastiques prises par les autorités de Pékin et la fermeture des liaisons aériennes avec la Chine semblent efficaces et en passe d’inverser la courbe des contaminat­ions, mais la situation reste « très grave » selon l’OMS, qui craint la contagion dans la trentaine de pays (dont la France) où le virus s’est manifesté. Interrogé sur un éventuel impact de l’épidémie sur le groupe de luxe LVMH, un secteur particuliè­rement exposé vu l’importance de la Chine dans ses ventes, Bernard Arnault a fait une réponse prudente : « Si cela dure deux mois, deux mois et demi, cela ne sera pas terrible. Si cela devait durer deux ans, ce serait une autre histoire… » Et de fait, toute la question est bien de savoir si le pic de la crise du Covid-19, nom officiel donné par l’OMS au virus pour éviter de stigmatise­r la Chine, sera bien a#eint début mars comme le pensent les plus optimistes. Auquel cas la crise n’aura que des effets limités sur l’économie mondiale. D’après Standard & Poor’s, « à ce stade, la perte de croissance en zone euro et au RoyaumeUni en 2020 serait de 0,1 à 0,2!%, via la baisse des "exportatio­ns et des investisse­ments des entreprise­s due au ralentisse­ment probable de la Chine. Avec une croissance abaissée à 5!% contre 5,7!% avant l’épidémie. »

Mais si la crise devait durer au-delà de mars, alors

ce Covid-19 sera un véritable « cygne noir » pour l’économie mondiale avec des effets catastroph­iques qu’aucun économiste sérieux, de même qu’aucun médecin, ne peut se risquer à prédire. La seule référence historique en termes de mortalité est la grippe espagnole de 1919 et ses 50 millions de morts, à une époque où la mondialisa­tion était bien moins développée. Concernant l’économie, la référence est la crise du Sras en 2003 qui avait amputé la croissance du PIB européen sur un seul trimestre et celle des exportatio­ns sur deux trimestres. Mais en 2020, l’économie européenne dépend trois fois plus de l’économie chinoise, via la demande et les chaînes de valeur. Les répercussi­ons sont donc potentiell­ement bien plus destructri­ces.

Pour l’instant, les conséquenc­es négatives concernent surtout le tourisme et le luxe. Malgré quelques toussoteme­nts, les Bourses mondiales n’ont pas encore été infectées et continuent de culminer à des records. Certains voient même un impact positif sur la consommati­on à venir, grâce à la forte baisse des cours du pétrole qui pourrait soutenir le pouvoir d’achat des ménages. Surtout, on s’interroge sur les leçons politiques d’une crise dans une Chine coupable d’avoir imposé le silence aux médecins qui ont tenté d’alerter sur la gravité du virus, à l’image du malheureux docteur Li Wenliang. Certains font le parallèle avec la crise de Tchernobyl dans l’ex-URSS dont Gorbatchev lui-même a dit que l’accident nucléaire, dont la gravité a été minorée par l’administra­tion locale, a provoqué la Glasnost [transparen­ce, ndlr] et donc la chute de l’empire soviétique. La Chine de Xi%Jinping n’en est pas là, mais qui sait, ce coronaviru­s sera peut-être mortel aussi pour le Parti communiste chinois.

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