La Tribune Hebdomadaire

Bruno Bonnell, faiseur de roi à la métropole de Lyon

- PAR MARC ENDEWELD

SCRUTIN

À 61!ans, le député LREM Bruno Bonnell n’est pas du genre à regarder dans le rétroviseu­r. Cet entreprene­ur lyonnais qui a rejoint Emmanuel Macron en 2017 avec enthousias­me continue de tracer sa route. Depuis le début du quinquenna­t, sa bonhommie et ses formules chocs ont fait la joie des chaînes d’info qui l’invitent régulièrem­ent à commenter l’actualité politique. Homme «! aux multiples vies! », comme il se définit, il n’hésite pas à importer son expérience entreprene­uriale dans sa pratique politique. Lui qui a confondé à Lyon les célèbres sociétés Infogrames, Infonie et Robopolis aime les défis. C’est ainsi qu’il a décidé de se présenter aux prochaines élections métropolit­aines de Lyon, dans sa circonscri­ption de Villeurban­ne, regroupant 150"000!habitants. Cas unique à Lyon": celle-ci a la caractéris­tique d’épouser à la fois les frontières de la municipali­té et celles de la nouvelle circonscri­ption métropolit­aine. Dans cette nouvelle aventure, le député Bonnell ne part pas seul": il est accompagné d’une transfuge LR, Emmanuelle Haziza. Cette dernière devient tête de liste pour la mairie, sous la bannière «!Villeurban­ne au coeur!», avec en seconde position l’entreprene­ur trublion, qui, lui, mène la liste métropolit­aine, dénommée de la même manière. Une initiative que le député Bonnell, devenu à l’automne vice-président du Mouvement radical (MR, fusion du Parti radical valoisien et d’une partie du PRG), se refuse à présenter comme une dissidence. Ce#e candidatur­e je#e pourtant le trouble dans le parti présidenti­el à Lyon, déjà fracturé entre les candidatur­es de Gérard Collomb et de David Kimelfeld à la métropole. Et c’est justement parce qu’il refuse de se positionne­r entre les deux hommes que Bonnell a décidé de se présenter «!sans étique#e!». Ce pari osé pourrait faire de l’entreprene­ur lyonnais le futur faiseur de roi de l’élection métropolit­aine à Lyon. Celle-ci pourrait se révéler plus ouverte que les sondages n’ont pu le laisser penser dans un premier temps. Pour remporter le graal de la métropole, il est nécessaire de remporter une majorité des 14!circonscri­ptions. Avec une difficulté supplément­aire": le vainqueur au sein d’une circonscri­ption récolte une prime en termes de délégués à la métropole. Ce scrutin, pourtant taillé à l’origine pour Gérard Collomb, pourrait vite se transforme­r en guerre de tranchées. Dans ce contexte, Bonnell évoque l’élection américaine de 2016 qui avait vu Trump s’imposer en récupérant un maximum de délégués face à Clinton qui avait rassemblé le maximum de voix. Le «!marcheur!» soutient que Villeurban­ne pourrait devenir le swing state de l’élection métropolit­aine.

En a#endant, Bruno Bonnell multiplie les initiative­s. «!Comme je l’avais fait lors des législativ­es face à Najat Vallaud-Belkacem, je compte nationalis­er notre campagne!», nous décrypte-il. Cet as de la communicat­ion et du marketing compte également innover dans les supports utilisés. Premier exemple"? Il prévoit de diffuser un roman-photo auprès de la population de la circonscri­ption pour expliquer les propositio­ns de son programme. Plus classique, avec son binôme Emmanuelle Haziza, ils vont axer une bonne partie de leur campagne sur la thématique de la sécurité. À l’échelle de la métropole, cela serat-il suffisant alors que le candidat écologiste d’EELV, Bruno Bernard, devient un concurrent sérieux pour Gérard Collomb"? «!Je pense que le vrai danger à Lyon comme au national vient plus des écologiste­s que du Rassemblem­ent national. Notamment parce que la jeunesse n’a jamais aimé les discours de repli!», nous assure Bonnell. Du «!macronisme!», le député lyonnais, qui aurait bien voulu devenir patron de La République en marche en 2017, retient surtout que du jour au lendemain n’importe quel nobody a pu devenir député. «! De jour en jour, nous assistons à une petite révolution au coeur de l’État et de l’Assemblée!», affirme cet adepte du «!nouveau monde!». «!On le voit avec ces prochaines élections municipale­s, les étique"es ne veulent plus rien dire. À l’inverse les électeurs font confiance à des aventures individuel­les.!» Les municipale­s pourraient être autant d’occasions dans les rangs de LREM de prendre du poids politique face aux «!technos!». «!Lors d’une rencontre avec Emmanuel Macron, je lui avais demandé s’il se reconnaiss­ait plutôt dans 1830 ou 1848!», raconte Bonnell, passionné par le %&% e siècle. À l’époque, le futur chef de l’État ne lui avait pas répondu. Justement , Macron s e r a - t - i l un Louis-Philippe qui donne le pouvoir à Guizot et aux technocrat­es, ou sera-t-il un Louis-Napoléon Bonaparte qui transforme la France avec les entreprene­urs"?!

«!Les étiquettes ne veulent plus rien dire. À l’inverse, les électeurs font confiance à des aventures individuel­les!»

BRUNO BONNELL, DÉPUTÉ LREM, CANDIDAT SANS ÉTIQUETTE À VILLEURBAN­NE

 ??  ?? As de la communicat­ion, Bruno Bonnell veut distribuer son programme sous forme de roman-photo. [Nicolas Messyasz/Sipa]
As de la communicat­ion, Bruno Bonnell veut distribuer son programme sous forme de roman-photo. [Nicolas Messyasz/Sipa]
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