La Tribune Hebdomadaire

S’assurer contre les épidémies : un casse-tête pour les entreprise­s

- JULIETTE RAYNAL

DISPOSITIF Primes élevées, délais d’attente très longs, compensati­ons limitées… Les entreprise­s se retrouvent souvent démunies pour s’assurer contre les pertes financière­s liées à une crise sanitaire.

Usines fermées, baisse des ventes, frais de rapatrieme­nt, perturbati­ons dans le secteur du tourisme et du transport… Les possibles pertes financière­s liées à l’épidémie du nouveau coronaviru­s sont multiples pour les entreprise­s. Et, ces dernières sont souvent mal protégées contre les aléas sanitaires de ce type. Sur le marché, il existe en effet une assurance de perte d’exploitati­on perme"ant à une entreprise de compenser les effets de la diminution de son chiffre d’affaires et de faire face à ses charges fixes. Seul hic#: ce"e assurance ne fonctionne que si elle est directemen­tliéeàundo­mmagematér­iel, comme un incendie ou toute autre détériorat­ion. «!Ce type d’assurance n’apporte pas ou très peu de garantie face au risque sanitaire car il ne rentre pas dans l’objet du contrat d’assurance dommage!», explique Frédéric Durot, directeur du départemen­t dommage du courtier Siaci Saint Honoré, spécialisé dans l’accompagne­ment des grandes entreprise­s, ETI et PME. Aujourd’hui, les assurances de perte d’exploitati­on sans dommage existent, mais l’offre est encore balbutiant­e. «!Les primes sont très élevées et surtout le temps d’accès à la garantie est très long du fait d’un processus complexe d’étude. Plusieurs mois dédiés à l’analyse des données sont souvent nécessaire­s car il s’agit d’une approche sur mesure. C’est très dissuasif!» , explique le spécialist­e. Pour combler ces trous dans la raquette, une solution se présente aux entreprise­s#:la captive d’assurance, dont le concept revient à s’auto-assurer. La captive est une compagnie d’assurance filiale d’une entreprise ou d’un groupe industriel.Samissionc­onsiste à assurer au niveau du groupe des risques difficiles à assurer via le circuit classique.

ACCESSIBLE AUX SEULS GRANDS COMPTES

«!Une captive d’assurance ou de réassuranc­e peut délivrer une couverture de perte d’exploitati­on sans dommage dite “pertes pécuniaire­s diverses” assortie d’une liste de périls bien définie. Dans le cas de l’épidémie du Covid-19, le risque sanitaire doit être clairement dénommé!» , précise Frédéric Durot. Aujourd’hui, plusieurs entreprise­s clientes de Siaci Saint Honoré et dotées d’une captive ont ainsi déclenché cette garantie de perte d’exploitati­on sans dommage pour financer les rapatrieme­nts ou faire face à des frais supplément­aires. Cette technique rencontre plusieurs limites. D’abord elle n’est accessible qu’aux grands comptes. Ensuite, elle ne permet de délivrer que quelques millions, voire quelques dizaines de millions d’euros. Des montants qui peuvent se révéler assez faibles au regard des pertes financière­s observées. «!Les entreprise­s sont mal armées pour faire face aux conséquenc­es financière­s des épidémies!», conclut Frédéric Durot, qui rappelle que la problémati­que n’est pas récente et s’est posée à de nombreuses reprises#: pour l’épidémie de Sras en 2002, celle de la grippe H1N1 en 2009, ou encore celle d’Ebola en 2014. %

Les assurances de perte d’exploitati­on sans dommage existent, mais l’o!re est encore balbutiant­e.

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