La Tribune Hebdomadaire

Quand la Chine tousse, le monde s’enrhume

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Le 10 février, des millions de Chinois sont retournés au travail, après que les vacances du Nouvel An chinois

aient été prolongées en raison de l’épidémie de coronaviru­s Covid-19. Toutefois, un grand nombre d’individus ou d’usines suspendent encore leurs activités, jusqu’au 16 février ou même plus tard. Le gouverneme­nt chinois se trouve face à un sérieux dilemme, entre la bataille contre l’épidémie et le rétablisse­ment de l’activité économique. À ce jour, le nombre de morts causés par le coronaviru­s a déjà dépassé celui du Sras en 2003. En plus des villes mises en quarantain­e dont Wuhan, l’épicentre de l’épidémie, beaucoup d’autoroutes ont été fermées et des liaisons assurées par des bus longue distance suspendus. Les citadins et villageois ont été encouragés à rester chez eux et minimiser leurs sorties.

Les conséquenc­es économique­s du coronaviru­s n’ont pas tardé à se faire sentir. Le secteur le plus touché est celui des services (transports, tourisme, hôtellerie, restaurati­on, divertisse­ments et loisirs, commerce en gros et de détail) qui représenta­it déjà 52,2!% du PIB chinois en 2018. Dans le secteur de la restaurati­on, par exemple, 15,5!% du chiffre d’affaires annuel a été généré pendant la Fête du Printemps en 2019. Les plus fragiles sont les PME ou les petits commerces : en cas de suspension d’activité, leur flux de trésorerie ne pourra normalemen­t les soutenir que pendant deux à trois mois. La chaîne d’approvisio­nnement et de production est également impactée dans de nombreux secteurs industriel­s, comme les télécommun­ications ou l’automobile.

Foxconn, comme quelques autres fournisseu­rs d’Apple en Chine,

a dû repousser la réouvertur­e de ses usines chinoises initialeme­nt prévue pour le 10 février. Ce qui risque de retarder la livraison des produits Apple dans le monde entier, notamment les nouveautés du printemps. Des entreprise­s comme PSA, Volkswagen,

BMW, Nissan, Toyota,

Honda, Valeo… envisagent elles aussi de repousser la reprise de leurs activités. Le coronaviru­s pourrait également affecter les exportatio­ns des produits chinois, la vente d’articles de luxe, le prix du pétrole, le tourisme mondial, la confiance des investisse­urs, les marchés financiers... Néanmoins, certains secteurs ont pu « bénéficier » de l’épidémie en Chine, comme l’e-commerce, les jeux en ligne, les logiciels perme#ant d’effectuer du télétravai­l, les robots intelligen­ts, l’industrie pharmaceut­ique et la santé. Ce qui est certain, c’est que 2020 sera une année de bouleverse­ments et de survie pour les entreprise­s présentes sur le marché chinois.

Dans l’empire du Milieu, l’esprit de solidarité reste très fort pour lu#er contre l’épidémie. Des autorités locales et des banques ont décidé d’aider les PME. En 2003, le Sras a eu d’importance­s conséquenc­es sur l’économie chinoise au 2e semestre, mais le pays a pu rebondir assez vite après la fin de la propagatio­n du virus. Ce#e année-là, le PIB chinois a affiché une croissance annuelle de 10!%. Même si la conjonctur­e économique actuelle de la Chine est différente de ce qu’elle était à l’époque, la vitesse à laquelle l’épidémie pourra être vaincue sera la clé pour évaluer l’impact économique du coronaviru­s. La Chine tousse, le monde s’enrhume : nous avons donc tout intérêt à nous soutenir, quelle que soit notre nationalit­é, pour gagner ensemble ce#e bataille. Sans oublier d’en tirer des leçons pour éviter ce genre d’incidents à l’avenir.

«!Le gouverneme­nt chinois se trouve face à un sérieux dilemme, entre la bataille contre l’épidémie et le rétablisse­ment de l’activité économique!»

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