LOI HUAWEI": LE GRAND FLOU
SFR et Bouygues Telecom sont toujours dans le brouillard. Les deux opérateurs, qui utilisent des équipements Huawei sur la moitié de leurs réseaux mobiles, ne savent toujours pas, à ce jour, s’ils pourront recourir au groupe chinois pour déployer la 5G dans l’Hexagone. La nouvelle loi sur la sécurisation des réseaux mobiles, votée l’été dernier, demeure floue à ce sujet. Les opérateurs redoutent que ce texte serve in fine au gouvernement à limiter très fortement l’équipementier chinois, voire à!l’interdire. Orange et Iliad (Free) sont moins concernés, puisqu’ils ont choisi de déployer la 5G avec les européens Nokia et Ericsson, avec lesquels ils travaillaient déjà pour la 4G.
Que change la nouvelle loi!? Ce texte met en place un nouveau régime d’autorisation préalable pour tous les équipements et logiciels de réseaux mobiles. Les opérateurs doivent demander l’aval de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), qui dépend de Matignon, avant d’installer et d’allumer leurs infrastructures. L’Anssi dispose alors d’un délai de deux mois pour donner sa réponse. Chose importante!: une absence de réponse dans ce délai équivaut à un refus. Cela permettrait, sur le papier, à l’exécutif de bannir un équipementier comme Huawei, sans le dire explicitement pour ne pas froisser Pékin.
Pour forcer le gouvernement à préciser sa doctrine à l’égard du groupe chinois, les opérateurs ont déposé dès que possible, courant décembre, de premières demandes d’équipements de réseaux mobiles. Le délai des deux mois est, semble-t-il, passé. Mais l’Anssi a demandé moult précisions complémentaires aux opérateurs concernant leurs demandes, ce qui aurait eu pour e"et de repousser, en quelque sorte, la date o#cielle de dépôt. Et donc la date limite pour apporter une réponse. Cette situation d’incertitude préoccupe Bouygues Telecom et SFR. Si Huawei était interdit, ils seraient contraints de démonter un grand nombre de leurs équipements actuels du groupe chinois, et de les remplacer par ceux d’un autre fournisseur. Ce qui, arguent-ils, leur coûterait beaucoup d’argent et freinerait leur déploiement de la 5G.!