La Tribune Hebdomadaire

Soldes sur le pétrole!!

- Le « contrarian » optimiste ROBERT JULES DIRECTEUR ADJOINT DE LA RÉDACTION

Dans le krach des marchés financiers en début de semaine, le pétrole occupe une place particuliè­re.

Le cours du Brent, déjà en baisse avant l’épidémie du coronaviru­s, accuse une dégringola­de de plus de 52%% entre son dernier pic, le 7 janvier, et les jours passés, baissant de quelque 70 dollars à 33 dollars. C’est une mauvaise nouvelle pour les pays producteur­s qui voient fondre leurs revenus. De quoi les rendre extrêmemen­t nerveux. Ainsi l’accord de réduction de l’offre pour maintenir un niveau minimum des cours qui liait l’Opep et d’autres pays producteur­s depuis 2016 a volé en éclats après le refus de Moscou de le reconduire, préférant laisser jouer l’offre et la demande. Moins dépendante de l’or noir que l’Arabie saoudite (pour qui le pétrole pèse quelque 90%% de ses revenus), la Russie a une économie plus diversifié­e et peut compter sur ses exportatio­ns de gaz naturel, dont les cours depuis leur dernier plus haut de novembre 2019 se sont dépréciés (– 29%%) mais moins que ceux de l’or noir. En rétorsion, l’Arabie saoudite a décidé d’inonder le marché pour gagner des parts de marché à tout prix, sans se préoccuper des autres membres du cartel. Le royaume a indiqué vouloir pomper au maximum de ses capacités, soit au-dessus de 12 millions de barils par jour (mbj) contre 9,9 mbj aujourd’hui, tout en pratiquant un rabais immédiat des prix de son brut à ses clients. Cela devrait fragiliser certains pays comme la Libye, le Venezuela, l’Iran, ou l’Algérie et pousser de nombreux industriel­s américains à suspendre leur production sinon à me"re la clé sous la porte pour les plus ende"és avec des cours du baril passant sous leur coût de production. Si ce"e stratégie se poursuit, elle sera fatale pour l’Opep laissant place à une bataille pour le leadership entre les États-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite.

En attendant que l’o!re et la demande se réajustent, la baisse des prix est une aubaine pour les pays importateu­rs et leurs consommate­urs.

En France, en prenant pour référence le calcul de l’Union française des industries pétrolière­s (Ufip) en début de semaine, la part du prix du brut et du raffinage dans un litre d’essence SP95 à 1,46 euro s’élève à 0,35 euro. Elle est marginale par rapport à la totalité des taxes qui représente 65%%, mais une baisse de quelque 15 centimes perme"rait de ramener le prix du litre autour de 1,30 euro.

C’est aussi une bonne nouvelle pour l’Union européenne dont les 27 membres importent entre 80%% et 90%% de leurs besoins en brut et produits raffinés. La croissance étant moins dépendante du pétrole que par le passé, une baisse des prix permet en effet aux consommate­urs de consacrer davantage d’argent à d’autres produits, ce qui est positif pour l’économie locale. Car même si la demande ralentit en raison de la dépression de l’économie mondiale, la surenchère entre Riyad et Moscou revient à une grande braderie sur l’or noir.!

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France