L’autre urgence, aider l’économie à surmonter le choc
Pour atténuer l’impact de la crise du coronavirus, États et banques centrales se mettent au chevet des entreprises à coups de milliards, mais la planète peine à se coordonner face au danger.
Sanitaire, économique et social, le choc du coronavirus est encore devant nous
et va imposer pour une période de temps impossible à prédire des mesures inédites à l’échelle du monde, qui ne sont pas sans rappeler celles prises lors de la chute de Lehman Brothers en 2008. À ce!e différence près que l’origine de ce!e crise n’est pas, ce!e fois, la finance sans visage, mais un virus inconnu qui asphyxie directement l’économie réelle. Du coup, le remède et la posologie des réponses publiques ne sont évidemment pas les mêmes.
Face à la crise financière, les États et les banques centrales ont inondé les établissements bancaires de liquidités pour éviter un effondrement par effet domino qui se serait transmis ensuite à la sphère réelle. Et globalement, cela a marché, au prix de la création de nouvelles bulles financières. Dans le cas actuel,mêmesil’expériencenousmanquepoursavoir où et comment agir, c’est l’activité et le chiffre d’affaires de milliers d’entreprises de toutes tailles qui se sont brutalement évaporés. Et nul ne sait si et quand ils reviendront. Prenons le cas du tourisme : même si la situation se rétablit rapidement, les gens ne vont pas voyager deux fois plus pour compenser. Il faut donc un plan massif pour aider les entreprises les plus touchées à résister au choc et à tenir le plus longtemps possible, tout en agissant fortement pour freiner puis inverser la courbe de l’épidémie afin que les capacités hospitalières ne soient pas submergées, comme on le voit en Italie où l’on choisit quels malades sauver. L’enjeu, dans ce!e guerre sanitaire, c’est de gagner du temps. Chacun est et doit se sentir responsable de soi-même bien sûr, mais aussi des autres en appliquant les consignes : se laver les mains plusieurs fois par jour et éviter les contacts sociaux notamment pour protéger les populations les plus exposées.
Si les banques centrales ont eu raison d’agir vite et fort pour baisser les taux d’intérêt
et perme!re aux banques de tenir la digue des besoins de trésorerie de leurs clients, ce ne sera qu’un cautère sur une jambe de bois si la crise dure longtemps. Christine Lagarde, très énervée par le manque de coordination des États européens qui pratiquent le chacun pour soi, a été « cristal clear » dans ses propos : « L’Europe pourrait connaître un scénario qui rappellerait celui de la grande crise de 2008 » si elle n’agit pas#; « certaines parties de vos économies pourraient s’effondrer », prévient-elle. Transport aérien, tourisme, hôtellerie, restauration, événementiel, luxe, la contamination économique a déjà commencé et pourrait menacer plus de 10#% du PIB européen, sans même tenir compte de la désorganisation des chaînes de production dans l’industrie et l’énergie. De même que ce sera aux systèmes hospitaliers de tenir le choc pour freiner la contagion épidémique, c’est donc aux budgets des États de venir en force de rappel pour limiter l’impact économique et social. Et ce quel qu’en soit le prix pour empêcher la panne économique. Bruno Le Maire à Bercy a commencé à agir sur les reports de paiements de charges fiscales et sociales. Mais c’est aussi l’Europe qui devra apporter bien plus que les 25 milliards d’euros mis sur la table mardi. Aux États-Unis, Trump, qui sent sa réélection menacée faute d’avoir pris la mesure du choc à temps, a mis 700 milliards de dollars… Une chose est sûre, mieux vaut en faire trop en espérant que la crise soit temporaire que pas assez et que l’effondrement du système économique ne devienne irréparable. La barre des 3#% du PIB de déficit risque bien d’être le dernier de nos soucis dans les semaines et peut être les mois à venir. La seule bonne nouvelle dans ce sombre tableau, c’est que la victoire est possible : la Chine semble en passe d’enrayer l’épidémie, au prix de mesures difficiles à imaginer dans nos démocraties et que pourtant, l’Italie expérimente.$