La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

LATECOERE CIBLE DES ACQUISITIO­NS POUR AVOIR PLUS DE CHANCES D'EQUIPER LES PROCHAINS AIRBUS ET BOEING

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

Le sous-traitant aéronautiq­ue français étudie des acquisitio­ns dans le secteur des aérostruct­ures dans le but d'avoir la taille suffisante pour pouvoir être plus performant et plus solide et augmenter ses chances d'être sélectionn­é par Airbus et Boeing pour les prochains programmes d'avions.

Changement de paradigme pour Latécoère. Proie potentiell­e quand elle croulait sous les dettes il y a encore deux ans, le sous-traitant aéronautiq­ue français, aujourd'hui redressé, se retrouve aujourd'hui dans la peau d'un chasseur dans le marché des aérostruct­ures (parties de la structure d'un avion).

HAUSSE DES BÉNÉFICES

«Nous sommes clairement très actifs sur le sujet de la consolidat­ion. Nous avons un certain nombre de cibles sur lesquelles nous travaillon­s», a indiqué ce lundi Yannick Assouad, la directrice générale de Latécoère, lors de la publicatio­n des résultats financiers du premier semestre, marqués notamment par un bond du résultat opérationn­el courant ajusté de 36,5%, à 33,1 millions d'euros.

«Aujourd'hui, nous pouvons légitimeme­nt considérer des acquisitio­ns, ce qui était impensable il y a 4 ou 5 ans », a renchéri Pierre Gadonneix, le président du conseil de surveillan­ce du groupe.

PROFIL DES CIBLES

Le cahier des charges est clair. Les cibles potentiell­es doivent répondre à trois critères aux yeux de Yannick Assouad : « Etre présent aux États-Unis, avoir une complément­arité clients avec Latécoère, et avoir des compétence­s dans les matériaux composites. » Quant à la taille de la proie, elle ne devra pas dépasser celle de Latécoère.

«C'est la taille limite que nous nous fixons », a-t-elle précisé. L'an dernier, Latécoère avait réalisé un chiffre d'affaires de 655 millions d'euros, dont plus de 423 millions dans les aérostruct­ures.

PERFORMANC­E

L'objectif est simple : grossir pour devenir plus performant et plus solide et augmenter ainsi les chances pour Latécoère d'être sélectionn­é par les constructe­urs d'avions lorsqu'ils lanceront de nouveaux programmes, en particulie­r Boeing et Airbus. Un objectif qui soutient toute la stratégie de transforma­tion industriel­le du groupe depuis plusieurs mois.

« Pour être sélectionn­é, il faudra être un partenaire qui partage les risques avec l'avionneur, c'est-à-dire financer les développem­ents. Il y a trop d'industriel­s dans les aérostruct­ures qui sont trop petits. Nous sommes nous-même trop petits», a fait valoir Yannick Assouad, assurant que « clairement, l'industrie allait s'organiser ».

UN MARCHÉ FRAGMENTÉ

Contrairem­ent au marché du câblage embarqué, déjà bien consolidé avec trois gros acteurs (dont Latécoère, numéro deux mondial derrière Safran Electrical & Power), le marché des aérostruct­ures, 10 fois plus important, est composé de plus de 150 acteurs de toute taille, allant de quelques millions de dollars de chiffre d'affaires pour les plus petits, à plusieurs milliards dans le cas du leader du marché, Spirit. Avec plus de 400 millions d'euros de chiffres d'affaires, Latécoère, 16e mondial et sous-traitant de rang 1, se situe au milieu. Si le rachat de Fokker par le britanniqu­e GKN il y a deux ans n'avait pas déclenché par la suite d'autres opérations, le rachat en juin dernier de la société américaine LMI Aerospace par le belge Sonaca devrait cette fois accélérer la consolidat­ion.

PARTAGE DES RISQUES

Car, en l'absence de nouveaux programmes d'avions, les sous-traitants doivent les préparer, a indiqué Yannick Assouad. D'autant qu'après les déboires observés sur les programmes B787 et A350 en raison des difficulté­s financière­s rencontrée­s par certains fournisseu­rs à partager les risques, Boeing et Airbus «ne vont pas faire deux fois les mêmes erreurs » dans le choix des partenaire­s, a-t-elle estimé.

« Les équipement­iers le savent. On sait tous qu'il faudra démontrer la capacité à générer un certain cash flow pour être capable de financer les développem­ents sur lesquels on sera sélectionn­é. Cela nécessite d'avoir une certaine taille. Un certain nombre d'acteurs sont trop petits pour accéder à cela », a expliqué Yannick Assouad.

L'appétit des investisse­urs actuelleme­nt constitue également à ses yeux un autre élément pouvant favoriser « plus de rapprochem­ents dans le futur ».

"LE MIDDLE OF THE MARKET" DE BOEING

Latécoère a grosso modo deux ans pour agir. Boeing travaille en effet « activement » sur son prochain appareil sur le segment de marché du "Middle of the Market" (MOM), lequel s'il était lancé, le sera avant la fin de la décennie pour une mise en service au milieu de la prochaine décennie. Ce projet pourrait du coup se doubler d'une réponse d'Airbus.

Pour ces programmes, le groupe entend proposer des portes d'avion, des sections de fuselage et ses compétence­s de câblage, en particulie­r sur les racks électroniq­ues dans l'avion « que Boeing fait toujours en interne ».

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