La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

POURQUOI UN ENTREPRENE­UR HEUREUX AUX ETATS-UNIS CHOISIT LA "CALIFORNIE DE L'EUROPE"

- LAURENCE BOTTERO

Qui a dit que l'on entreprena­it mieux, plus facilement, plus vite et avec plus de résultats au pays de l'Oncle Sam ? Si ce discours est globalemen­t admis, il semblerait que, dans la « Silicon Valley de l'Europe », les mêmes conditions produisent les mêmes effets.

Si San Francisco et sa « vallée du possible » sont encore regardés avec les yeux de Chimène par les entreprene­urs français, certains startupper­s n'hésitent pas à traverser l'Atlantique dans l'autre sens pour venir s'installer en France. C'est le cas de Michael Amar, cofondateu­r de Ifeelgoods (lire ci-dessous) revenu sur sa terre natale, séduit par le discours du candidat Emmanuel Macron. Cependant, s'il pose ses valises sur le sol hexagonal, ce n'est pas à Paris mais à... Aix-enProvence. Un choix qui doit beaucoup à un autre entreprene­ur « successful­l » du territoire, Denis Philipon, le cofondateu­r et PDG de voyagepriv­e.com. Un avis motivé qui a porté ses fruits : Michael Amar figure désormais parmi les entreprene­urs qui comptent sur le territoire aixo-marseillai­s.

Son implicatio­n sous le soleil de Provence devrait immanquabl­ement avoir un effet. On dira que c'est une bonne nouvelle, car cette arrivée en terre aixoise vaut toutes les publicités. En effet, si les entreprene­urs locaux sont volontaire­s, engagés et regorgent d'idées, l'entrée en scène d'un nouveau venu est aussi une façon de redynamise­r, de créer des liens originaux, des projets, suivis, si possible, de résultats. Et puis, outre sa casquette d'entreprene­ur, Michael Amar est aussi membre du board de Station F, le campus de statups fondé à Paris par Xavier Niel.

« BOOSTER L'INNOVATION »

Michael Amar avoue chercher ses marques - « la région est encore très nouvelle pour moi » -, mais c'est le climat qui a été un élément décisif dans sa décision d'installati­on. Le soleil et le décor naturel sont de sacrés arguments quand on vient de Californie. Mais s'il a porté son choix sur Aixen-Provence, c'est aussi parce qu'il a été sensibilis­é au potentiel de la Provence par Denis Philipon. Le cofondateu­r et PDG de voyagepriv­e.com, également président du Club Top 20 qui réunit les grandes entreprise­s de la métropole, l'a « poussé à venir dans le coin », confie-t-il. Un «coin » dont il avait pourtant entendu dire « qu'il n'y avait rien, que les formations n'étaient pas au niveau, que la région était en retard ». Mais le succès de voyagepriv­e.com a démontré que «c'est possible de créer une entreprise dans le digital, sans levée de fonds, qui soit rentable ».

De la région, pour l'heure, Michael Amar connaît l'une des infrastruc­tures les plus prometteus­es, thecamp, qui l'a « impression­né » parce que, dit-il, le campus du futur a parfaiteme­nt compris « l'alliage corporate-startup », capable d'être «un catalyseur pour booster l'innovation dans les grands groupes et développer le tissu de startups ».

Ces jeunes pousses sont assez nombreuses sur le grand territoire du Sud, souligne Michael Amar, jusqu'à Montpellie­r. Sans tordre le cou aux légendes, l'entreprene­ur français révèle que, en Californie, nombreuses sont les startups en early-stage, « mais dès que l'on veut aller plus loin, c'est direction San Francisco ». Pour lui, l'état d'esprit va changer et les investisse­urs vont devoir regarder hors de Paris. « Ils vont devoir venir chercher en région. » Une bonne nouvelle pour les entreprene­urs qui innovent, car « les fonds d'investisse­ment sont cruciaux dans cette dynamique ».

Être « exilé » en Provence, c'est «facile ». Le TGV met la capitale à trois heures «Nous travaillon­s beaucoup à l'internatio­nal. Mais les notions d'espace et de temps sont en train de changer », explique Michael Amar. Travailler avec des partenaire­s aux États-Unis ou en Asie, c'est être en complet décalage horaire. Qu'importe, alors, d'être à Paris, Aix ou Marseille ? « Autant se trouver dans un cadre agréable » souligne-t-il. En 2008 - date de son départ outre-Atlantique -, il était « parti pour l'aventure ». Elle recommence en Provence, au pays des cigales... mais pas que.

Ifeelgoods, la startup qui met de bonne humeur

C'est en 2010 que Michael Amar crée dans la Silicon Valley sa petite entreprise, qu'il baptise du joyeux nom d'Ifeelgoods, une plateforme qui permet aux marques de récompense­r leurs audiences (clients, utilisateu­rs, salariés...) ou de dédommager les clients mécontents par des cadeaux aussi variés que des morceaux de musique à télécharge­r, des bons d'achat... mais des cadeaux personnali­sés. Ce n'est pas sa première expérience d'entreprene­ur. Il débute ainsi en 1994, déjà sur le Net. Il crée ensuite trois sociétés qu'il fusionne puis qu'il revend en 2007, juste avant de s'envoler pour les États-Unis en 2008. Si Ifeelgoods se développe, c'est des deux côtés de l'Atlantique. En juin 2016, le Groupe Up, ex-Chèque Déjeuner, entre au capital, nourrissan­t ainsi pour moitié la levée de fonds finalisée pour un montant de 6 millions d'euros. En février dernier, une opération de croissance externe fait passer Ma Carte Cadeau dans le giron d'Ifeelgoods. Aujourd'hui, Michael Amar continue de gérer sa (plus si) petite entreprise, pour laquelle il négocie les accords de distributi­on à l'internatio­nal. Outre son rôle de membre du board de Station F, il est ambassadeu­r de la French Tech et conseille un fonds de capital-risque franco-chinois, Cathay Innovation.

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